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Nos Lecteurs ont la Parole - par Elsa YAZBEK CHARABATI

Et si la loi antitabac rapportait des voix ?

Les slogans déferlent de partout ! En cette période électorale, promesses riment avec prouesses rhétoriques. Mais avant de faire miroiter monts et merveilles aux électeurs dégoûtés, si l’on appliquait une loi dont dépend la santé de tous les Libanais : la 174 !
Pourquoi certains candidats ont-ils peur de « se brûler » dans la loi antitabac comme si c’était une boule de feu qu’on se jetterait les uns les autres ? Ils ont peur de s’y tremper ? Qu’ils se détrompent : l’application de la loi 174 qui interdit la consommation de tabac dans les lieux publics pourrait même leur rapporter des voix lors du prochain scrutin.
Pour preuve : selon un sondage effectué par l’Institut de santé publique de l’Université Saint-Joseph, 88,1 % des Libanais veulent l’application de la loi 174. La grande majorité des Libanais tiennent, donc, à cette loi. Fumeurs inclus. « Moi, je fume, raconte une jeune femme, mais que vous le croyez ou pas, entrer dans un restaurant qui empeste le tabac me dérange au plus haut point. J’aime fumer dans un endroit ouvert, au moins mes cheveux et mes habits ne sentiront pas la nicotine durant des heures ! » Que dire des serveurs ou des employés de plusieurs lieux publics où l’application de la loi 174 est restée lettre morte ? « Nous étouffons ! C’est l’asphyxie pour nous ! » se plaignent des fonctionnaires du Casino du Liban où les salles de jeux sont couvertes par un épais brouillard de fumée.
Qu’attend donc l’État pour appliquer cette loi correctement ? Comment être crédible aux yeux des électeurs, si certains députés potentiels n’appliquent pas la loi? À la veille d’élections parlementaires cruciales et tant attendues, les programmes électoraux ne doivent pas seulement être basés sur la surenchère politique ou les services ponctuels rendus aux électeurs.

Pas tous les goudrons sont bons !
Ironie du sort, à l’heure où le « goudron électoral » comble les crevasses et tapisse les routes, les goudrons présents dans le tabac sont les principaux responsables des cancers liés au tabagisme. Le plus grand service que les futurs législateurs peuvent offrir aux Libanais à long terme, c’est une meilleure santé.
« Nous regrettons que l’État vote des lois aussi vitales et ne les applique pas ! » se lamente Dr Charles Jazra, président de TFI, Tobacco Free Initiative, la seule ONG libanaise spécialisée dans la lutte contre le tabagisme. Le cardiologue ajoute : « La majorité des Libanais demande l’application de la loi 174, votée en 2011 mais en vain ! Tant que la loi n’est pas imposée, rares sont les restaurants et les lieux publics qui l’appliqueront. Nous attendons les élections législatives et la formation du nouveau gouvernement, si l’application de la 174 ne se fait pas, nous recourrons à l’escalade ! »
Pour sa part, le député Ghassan Moukheiber indique : « Lors des derniers débats parlementaires en séance plénière, j’ai appelé le président du Parlement Nabih Berry à déposer une plainte pénale pour homicide à l’encontre d’un criminel qui tue 9 Libanais par jour! Un criminel que personne n’est encore parvenu à arrêter. Un assassin qui tue chaque année beaucoup plus que l’invasion israélienne de 2006 et les accidents de la route! À savoir : le tabac ! » Le candidat grec-orthodoxe pour le Metn souligne : « La loi 174 est essentielle car elle évite aux Libanais de mourir. On pourrait y apporter des modifications pour faciliter son application, mais il faut absolument la défendre. Ne pas l’appliquer, c’est aller à l’encontre du bon sens, de la santé publique. C’est une loi qui me tient à cœur, car c’est une loi de protection de la vie. »

Des hors-la-loi !
Le prétexte de la paralysie des restaurants suite à l’interdiction du tabac dans les lieux publics n’étant pas valable selon une étude, c’est l’absence de volonté politique qui semble être le principal obstacle à la lutte contre le tabagisme au Liban. À l’heure où certains pays comme la France rendent les médicaments contre le tabagisme remboursables par la Sécurité sociale et où d’autres s’insurgent, non plus contre le tabagisme secondaire seulement, mais aussi contre le « tabagisme tertiaire » (à savoir les effets à long terme des résidus de la fumée de cigarette sur les murs ou les meubles d’une pièce exposée au tabac par exemple…), il est grand temps que nos politiciens se rendent compte que cette bataille n’est pas politicienne, mais vitale pour TOUS les Libanais quelle que soit leur tendance politique. Votons pour la santé ! Votons pour la vie ! Votons pour le droit de chacun de respirer l’air qu’il veut ! Accordez-nous, au moins, ce droit !

Les slogans déferlent de partout ! En cette période électorale, promesses riment avec prouesses rhétoriques. Mais avant de faire miroiter monts et merveilles aux électeurs dégoûtés, si l’on appliquait une loi dont dépend la santé de tous les Libanais : la 174 !Pourquoi certains candidats ont-ils peur de « se brûler » dans la loi antitabac comme si c’était une...

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