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Moyen Orient et Monde - Société

Iran : à bout de voile

Le 27 décembre dernier, Vida Movahed, 31 ans, montait sur une armoire électrique de l’avenue d’Enghelab à Téhéran, retirait son voile et le suspendait à un bâton. Depuis, d’autres filles ont suivi le mouvement.

Des Iraniennes dans une rue de Téhéran, le 7 février 2018. Photo d’archives AFP/Atta Kenare

« Il faisait froid, j’étais stressée, j’avais l’impression que d’un moment à l’autre mes jambes allaient me lâcher. Je me concentrais juste pour être sûre de tenir immobile ! » Nargues Hosseini est la seconde femme à être montée sur une de ces armoires électriques pour affirmer son rejet du voile obligatoire. La jeune femme de 31 ans ne regrette pas son geste. Elle l’a même assuré à plusieurs reprises pendant son interpellation. « Je n’ai pas outrepassé mon droit », déclare-t-elle.
Originaire de Kashan, Nargues Hosseini ne fait partie d’aucun mouvement féministe : « Ma plus grande lutte jusqu’à présent, c’était de refuser de porter le tchador chez moi. » Les charges qui pèsent contre elle sont lourdes : « Corruption morale et prostitution », selon son avocate, Nasrin Sotoudeh. Mais la jeune femme ne regrette pas son geste : « Ce qui m’a donné l’énergie de faire ça, c’est de savoir que les gens me soutiendront. Quand je suis sortie de prison, cette solidarité était telle que j’en étais sous le choc. Donc, oui, ça en valait la peine parce que les gens veulent un changement. » Elle a finalement été condamnée à 2 ans de prison dont 3 mois ferme.

« Ça prendra du temps pour que ça change »
On compte en tout vingt-neuf interpellations selon les autorités iraniennes. Cependant, selon Nasrin Sotoudeh, il faut différencier les femmes qui enlèvent leur voile juste le temps de prendre la photo et celles qui restent immobiles assez longtemps pour se faire arrêter. « Vida Movahed est restée immobile une vingtaine de minutes avant d’être interpellée », explique deux mois plus tard l’avocate iranienne. « C’était la première, les forces de l’ordre ne savaient pas vraiment quoi faire d’elle », ajoute-t-elle.
En Iran, dès la puberté, les femmes doivent se couvrir d’un long manteau et porter le hijab (le voile). Une loi mise en place après la révolution de 1979 et considérée pour beaucoup comme un pilier de la République islamique. Mais Nasrin Sotoudeh est formelle, la loi changera, il faut du temps : « On nous dit dans les sphères du pouvoir, “Si ça ne marche pas, on changera la loi, et là vous pourrez sortir sans le voile”, mais pour que la loi change, c’est bien à nous de faire pression. »
Dans la rue, une Téhéranaise explique : « Ce ne sont que des étincelles. C’est important, puisqu’il faut que ça commence quelque part, mais ça prendra du temps pour que ça change. (…) Je ne suis pas sûre que les gens y soient prêts. Déjà avec le voile, nous sommes harcelées dans la rue, alors imaginez sans ! »

Mouvement social, débat politique
Zahra, elle, a choisi de porter le voile et, selon elle, « le porter sans y croire, c’est de l’hypocrisie ». Si elle est contre le voile obligatoire, elle regrette également que le mouvement des filles de l’avenue d’Enghelab ait été initié depuis l’étranger à l’initiative de Masih Alinejad. Cette journaliste iranienne exilée aux États-Unis a en effet lancé le mouvement My Stealthy Freedom en 2014, créant ainsi une plateforme où les Iraniennes partagent des photos d’elles-mêmes sans le voile, et en 2017, le mouvement White Wednesdays proposant aux Iraniennes de porter un voile blanc les mercredis en signe de contestation. « J’aurais préféré que le mouvement ne vienne pas de quelqu’un qui n’a pas eu le courage de rester alors que d’autres en Iran sont allés en prison et vivent avec des difficultés mais n’ont pas fui. Je crois que ceux qui sont partis ne pourront jamais défendre ceux qui sont restés », affirme la jeune femme.
En attendant, les Iraniennes continuent de poster des vidéos et des photos d’elles sans le voile sur la page Facebook de My Stealthy Freedom. Si aucun changement n’a eu lieu suite à ces événements, le mouvement a toutefois eu le mérite de faire débat dans la sphère politique. Ainsi, début février, le Centre stratégique de la présidence iranienne a publié un sondage selon lequel près de 50 % des Téhéranais seraient contre le voile obligatoire. Un rapport qui sonnait comme un soutien du gouvernement aux contestataires, selon Nasrin Sotoudeh.
Sur l’avenue d’Enghelab, en passant devant l’armoire électrique deux mois après les faits, deux hommes âgés discutent : « C’est là que la jeune fille est montée ! » lance l’un d’entre eux. « Le simple fait que les gens en parlent est une avancée », se réjouit Nargues Hosseini.

« Il faisait froid, j’étais stressée, j’avais l’impression que d’un moment à l’autre mes jambes allaient me lâcher. Je me concentrais juste pour être sûre de tenir immobile ! » Nargues Hosseini est la seconde femme à être montée sur une de ces armoires électriques pour affirmer son rejet du voile obligatoire. La jeune femme de 31 ans ne regrette pas son geste. Elle...

commentaires (3)

Moyen âge quand tu nous prend par les cheveux...

Wlek Sanferlou

14 h 07, le 24 avril 2018

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Commentaires (3)

  • Moyen âge quand tu nous prend par les cheveux...

    Wlek Sanferlou

    14 h 07, le 24 avril 2018

  • L,OBSCURANTISME AYATOLLAHIEN EST LE PIRE QUE CONNAIT LA PLANETE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 13, le 24 avril 2018

  • Par contre on est bien d'accord que ce bout de tissu sur le haut de la tête est inutile , et ne veut absolument rien signifier , ni d'un point de vue religieux , ni même d'un point de vue moral. Je peux certifier qu'on peut rencontrer aussi bien des p..es "voilées" que de vertueuses non voilées. Tout est dans la tête et non sur le haut de la tête.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 30, le 24 avril 2018

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