Papillon ou œil de chat, les lunettes de soleil du printemps été 2018 revisitent l’esprit vintage des années 50 avec des formes étroites et allongées. Depuis l’introduction des matières plastiques, après la Seconde Guerre mondiale, dans la fabrication des objets quotidiens, les lunettes, ces prothèses jugées laides et qui faisaient le désespoir des jeunes filles myopes, sont devenues les complices d’un style, ajoutant du mystère au regard et rectifiant la forme du visage.
Les premières inspirations, dictées tant par la versatilité du matériau que par le futurisme mâtiné de surréalisme d’une époque qui lèche encore ses plaies, aussi terrifiée par l’avenir que fascinée par le progrès, portent la signature d’Elsa Schiaparelli. Élongées, les lunettes étirent l’œil, se déclinent en plusieurs couleurs, s’ornent de strass et autres coquetteries, apportent une espièglerie toute féline à une allure hyperféminisée par un timide retour au corset et en tout cas à la taille de guêpe. Grace Kelly dans La main au collet contribue à populariser ces lunettes de soleil déjà audacieuses pour l’époque, mais qui commencent à incarner un art de vivre privilégié entre neige et plage.
Les lunettes de soleil sont l’apanage de ceux qui vivent une éternelle saison douce. Plutôt qu’à voir, elles servent désormais à être vues. Il n’en fallait pas davantage pour inciter les grandes maisons de mode à jouer le retour aux sources et ressusciter ces montures qui gardent en elles un puissant ADN de séduction. Pour celles qui n’en auront pas trouvé dans les tiroirs et malles de leur arrière-grand-mère, Céline les décline en plastique massif, Gucci les encadre de strass dans une double géométrie digne de l’imagerie martienne, Margiela joue les couleurs contrastées, Louis Vuitton les pointes exagérées, Moschino l’effet clouté, Miu-Miu le minimalisme efficace. On s’en donne à cœur joie, le choix est illimité.
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