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Culture - Danse

« Certaines parties de notre corps échappent au contrôle de notre esprit »

Au Liban pour présenter la performance interprétée par Claudia Marsicano, dans le cadre du Festival Bipod, la chorégraphe italienne Silvia Gribaudi explique à « L’Orient-Le Jour » sa vision du corps dansant.

Claudia Marsicano, interprète du solo « R.OSA ». Photo Federico de Marco

Pour Silvia Gribaudi, danser a toujours été une manière de respirer. Enfant, elle se plaçait devant le miroir et effectuait des pas de danse au son de la musique. Plus tard, elle choisit sa voie au cœur même du monde de la danse, se sentant en connexion parfaite avec les éléments de la nature et de la terre qui l’entoure. « Cela m’emmenait vers une autre dimension. Aujourd’hui, la danse me connecte avec la vie réelle, car tout ce qu’on fait, comme marcher ou bouger, fait remuer le corps et reflète une attitude de l’esprit. Une certaine allure. »


Briser les standards 

Silvia Gribaudi prend des cours en tant que professionnelle et intègre un corps de ballet jusqu’en 2008, date à laquelle un changement dans son corps va opérer un tournant dans sa vie. « Mon corps s’épaississait et je commençais à avoir des capitons ainsi que des bourrelets », dit-elle en riant. « À l’époque, j’avais 30 ans et j’ai perçu cette métamorphose comme une malédiction ». Mais elle fera un travail sur elle-même et essaiera de tirer le meilleur de son corps, tout en adhérant parallèlement à la religion bouddhiste, qui transforme, selon elle, « tout poison en médicament et mène au bonheur ». Pour elle, il n’était pas question de baisser les bras. Il fallait ne plus se consacrer qu’à ce « corps qui danse, respire et s’exprime », et découvrir tous les autres potentiels qu’il peut offrir. Ceci ne pouvait se faire qu’en cassant les standards et les codes de la discipline de la danse (silhouette fuselée, jambes fines mais musclées). « Je me suis rendu compte alors que certaines parties de notre corps échappaient au contrôle de notre esprit. Une chair statique et immobile qui pouvait être gênante pour le regard. Mais en essayant de gérer et de diriger sa mobilité, on pouvait faire danser ce surplus de chair généralement sans muscles, tout comme les jambes et les bras, et le rendre vivant ». 

Pour traduire cette nouvelle vision de la danse, la chorégraphe va concevoir un spectacle inspiré de Botero, qui instaure un dialogue entre le volume et l’espace. J’ai donc pensé à Claudia Marsicano, une actrice assez « grande en volume » qui pourrait jouer ce rôle. « D’ailleurs, j’aime que les arts comme le théâtre, la musique et la danse s’entremêlent. Je peux même mêler la musique de Bach à celle d’Iggy Pop. Peu importe. » 

 « Le spectacle interprété dans le cadre de Bipod (avec la participation de l’Institut culturel italien) s’intitule R.OSA, ou dix exercices de virtuosité. Car l’essentiel dans la danse est d’abord le corps, mais aussi comment découvrir le potentiel de son corps. Auparavant, le mouvement était dicté par la technique de la danse. L’essentiel aujourd’hui, c’est de le libérer de ces techniques et de le laisser exprimer tout son potentiel comme dans un de mes spectacles intitulé Corpo libero ».

Silvia Gribaudi a encore beaucoup à explorer. Elle dit avoir de la chance d’avoir su tirer profit de ce tournant dans sa vie. Elle rêve encore d’aller à la rencontre des hommes et des femmes, et d’aspirer à des rapports humains intenses et durables. La chorégraphe se dit curieuse d’autres cultures qui pourraient enrichir son aventure dans la danse. Elle sera là en mai avec le jeune chorégraphe libanais Bassam Abou Diab, afin de partager leurs expériences personnelles pour une meilleure ouverture vers le monde.


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