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Culture - Festival Bipod

Festival Bipod : Quand la régularité et le banal se teintent de fabuleux

C’est un travail de passation, de transmission. Entre passé et présent, mais aussi entre deux chorégraphes, Ruth Childs et sa tante Lucinda Childs. Un joli moment de récréation soutenu par les ambassades des États-Unis et de Suisse à Beyrouth.

Photo Gregory Batardon

Plus que de la réactualisation, le spectacle présenté hier soir dans le cadre du Festival Bipod porte surtout sur la reconstruction d’un concept et comment le faire parvenir au public. Tout en ne trahissant pas le travail de Lucinda Childs, sa nièce Ruth Childs s’approprie trois programmes chorégraphiés par la première et les présente parfois d’une manière scientifique, parfois d’une manière qui tient de l’autodérision et de l’humour. C’est en 2015 que la chorégraphe Lucinda Childs transmet trois de ses solos emblématiques des années 60 à sa nièce Ruth Childs. Une première rencontre artistique qui redonne naissance à Pastime (1963), Carnation (1964) et Museum Piece (1965). La collaboration entre tante et nièce se poursuivra avec d’autres programmes plus riches, qui ne cessent de faire le tour du monde.

La chorégraphe Lucinda Childs, qui a étudié la danse auprès de Merce Cunningham et Robert Dunn en 1960 pour fonder plus tard la compagnie Judson Theatre en 1962, va marquer son époque. Elle est une des premières à tenter de brouiller la ligne entre danseurs et spectateurs, et lorsque, par la suite, elle crée la Lucinda Childs Dance Company en 1973, ses compositions se caractérisent par une série très restreinte de gestes. L’uniformité et la rigueur, teintées paradoxalement d’une extrême liberté, c’est ce qui séduira sa nièce Ruth Childs, qui avoue qu’après une période où elle comprenait mal les morceaux, elle y adhérera complètement.


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Ruth Childs, qui a commencé sa formation de danse à l’âge de six ans, va devenir peu à peu fascinée par son travail, « par cette complexe simplicité et par la musicalité de la danse », dira-t-elle. Lorsque quelques années plus tard, Lucinda Childs demande l’aide de sa nièce dans un programme, les deux chorégraphes se sentent prêtes pour un travail en commun. « Comme Lucinda commençait à organiser ses archives et à redonner vie à ses “early works”, j’ai pensé que j’étais assez mûre pour m’intégrer à ses projets », avouera-t-elle.
Le travail s’organisera de la sorte : les tâches et les indications chorégraphiques sont données par Lucinda Childs et c’est à Ruth de retrouver sa part de liberté à l’intérieur d’un projet, tout en respectant les pièces d’origine.

Ce qu’a proposé Ruth Childs dans le cadre de Bipod hier soir est d’une extrême simplicité. La chorégraphe témoigne de l’épure du postmoderne qui n’a pas pris une seule ride à notre époque. Ruth Childs empruntera seulement des éléments au quotidien banal des années 70, notamment les bigoudis employés dans un programme de Lucinda Childs et les transformera en objets jetables, devenus des ordures. Un sujet qui touche, de nos jours, la planète entière. Le mouvement de la marche et les pas effectués sont aussi très chers à Lucinda. Répétitifs et tellement uniformes, ils finissent par devenir des mouvements semblables à ceux des derviches tourneurs et quasi hypnotiques. Chez Ruth Childs, il y a une certaine magie presque enfantine qui vous entraîne dans un monde à la limite du fabuleux. C’est pourquoi le public aurait aimé plus voir de ce réel fantaisiste qui se retrouve dans Carnation et dans Museum Piece. Plus que les vidéos projetées qui ont fini par lasser par leur longueur et faire quitter la salle à certains spectateurs.


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