Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - par Louis INGEA

La barbarie de notre indifférence

L’état d’instabilité mondiale que l’humanité entière a fini par atteindre de nos jours nous place en ce moment devant deux questionnements cruciaux. Est-ce que la civilisation enclenchée, il y a des siècles, par le tandem gréco-romain, est appelée à disparaître ? Ou bien le délabrement – il n’y a plus d’autre mot – de toutes les valeurs éthiques, héréditaires et linguistiques qui a envahi notre monde des deux après-guerres suscitera-t-il un choc en retour et provoquera-t-il la réaction salutaire et salvatrice que les humanistes de partout peuvent espérer ?
Je lisais, l’autre jour, un édito proprement alarmant esquissant un tableau apocalyptique de ce « bord de l’abîme » qui caractérise le Liban actuel et, bien au-delà du Liban, la décadence effarante de toutes les valeurs humaines laborieusement édifiées au cours de l’histoire. Et je me demande, en toute sincérité, si le processus qui se déroule sous nos yeux est un phénomène inéluctable ou s’il n’est qu’un signal précurseur d’un renouveau, tel que seul l’esprit universel soit capable d’engendrer.
Je sais que j’aborde ici un sujet tellement énorme, tellement grave, tellement ardu pour le cerveau humain qu’il apparaît naïf, sinon ridicule, de vouloir s’y référer…
Nous nous retrouvons ainsi au pied de la lettre devant l’une des expressions les plus célèbres du monde pensant : « To be or not to be ». Posons-nous donc la question de savoir s’il nous est possible d’exister et de continuer de vivre entre une jungle de passions déchaînées et le trinôme « corruption-sexe-pouvoir » régissant nos sociétés postmodernes.
Tout le problème est là alors que la réponse à y donner nous semble totalement nébuleuse. « Dans le doute, abstiens-toi », nous suggère l’adage. Et nous nous abstenons en effet, nous gens de bonne volonté, encore suspendus aux nobles principes de l’esprit… À ce propos, je reconnais qu’au Liban comme partout ailleurs il existe toujours une minorité d’humains qui répondent à ces critères-là. Sauf qu’ils n’exercent plus aucun impact sur la marche du monde. Les doctrines religieuses des diverses confessions qui étaient censées refléter la pulsion instinctive de la religion avec un grand R et qui représentaient le recours le plus naturel pour un être doté d’esprit, s’y sont cassé les dents, englouties, d’une part, par un environnement démographique galopant et, d’autre part, une administration défaillante dans la diffusion de leurs enseignements. Elles-mêmes submergées de surcroît par la tentation trop violente de consommer ici et maintenant les appâts du développement matériel. L’avènement de Jésus-Christ lui-même n’y aura pas suffi, alors que les administrateurs de Son Église se sont, par la suite, gauchement engagés dans des panoplies d’interdits, de dogmes rigides et de coercition au nom même de la religion, qu’ils ont rendu obsolète cette civilisation fondée sur leurs propres principes. Si l’Europe s’en est lassée et s’est déchristianisée, entraînant le monde entier après elle, à qui la faute, dites-le-moi ?
J’en arriverais à souhaiter, comme dans un film de science-fiction, que l’on pressât sur un imaginaire « bouton reset » afin d’effacer d’un coup ce que l’évolution sur Terre a produit et reprendre à zéro la remontée vers l’Esprit !
Utopie ! bien sûr, me diriez-vous. Mais désespérance aussi !
Quel cri ne faudrait-il pas pousser pour que la folie cesse ? Quels moyens employer pour juguler la chute dans l’abîme ? Quel recours ultime peut-il rester à notre humanité déchirée ?
Je vous laisse le soin, lecteurs anonymes, d’y répondre par vous-mêmes. Parce qu’il existe, en réalité, et je vous le signale, un seul élément imputrescible au fin fond de chacun de nous. C’est, autrement dit, de notre conscience qu’il s’agit. C’est-à-dire ce reflet minuscule de l’esprit universel, extrait du néant et qui n’y retournera plus !
Relisons, pour conclure ce que le pape François a dit dans ses homélies de carême. Je cite :
« Un des défis les plus urgents sur lesquels je veux m’arrêter est celui de la mondialisation de l’indifférence. Cette attitude égoïste a pris aujourd’hui une dimension généralisée qui est une tentation réelle, même pour nous, chrétiens. C’est pour cela que nous avons besoin d’entendre crier la voix du prophète avant que les pierres ne le fassent… » fin de citation.
Si la foi peut soulever les montagnes, qu’elle s’attelle désormais à bouleverser le cosmos.

L’état d’instabilité mondiale que l’humanité entière a fini par atteindre de nos jours nous place en ce moment devant deux questionnements cruciaux. Est-ce que la civilisation enclenchée, il y a des siècles, par le tandem gréco-romain, est appelée à disparaître ? Ou bien le délabrement – il n’y a plus d’autre mot – de toutes les valeurs éthiques, héréditaires et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut