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La logique de Munich

Réagir en prenant bien soin d’éviter l’escalade ou le dérapage incontrôlé… Telle est en peu de mots la nature de la riposte tripartite américano-franco-britannique à la énième utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad, le 7 avril dernier dans la Ghouta orientale. Alain Juppé a parfaitement exposé la position occidentale à cet égard en soulignant sur son blog que « ne rien faire en Syrie, c’était signer l’arrêt de notre impuissance et de notre indignité face aux agissements monstrueux d’un régime criminel ».

La riposte « one-shot », comme l’a qualifiée le chef du Pentagone James Mattis, étant passée sans encombre, deux questions fondamentales se posent aujourd’hui. D’abord, déterminer la véritable portée et la réelle efficacité de la frappe, ce qui nécessite de connaître avec précision les sites visés et leurs fonctions militaires. Ce n’est qu’avec le temps que ce paramètre sera sans doute dévoilé au grand public. Mais plus important encore est de cerner la suite possible des événements. S’arrêter là, à l’attaque menée à l’aube de samedi, reviendrait pratiquement à consacrer l’impunité du régime Assad et, surtout, à permettre à ses protecteurs russe et iranien d’aller de l’avant dans leur stratégie expansionniste.

Lors de sa récente visite à Paris, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane a souligné la nécessité de ne pas sombrer dans l’état d’esprit défaitiste qui avait conduit à l’accord de Munich de 1938. La comparaison n’est pas outrancière. Le déchaînement de violence aveugle qui a visé les villes et la population syriennes depuis l’entrée en jeu du rouleau compresseur russe en 2015 a illustré à quel point le pouvoir à Damas et ses alliés ne reculent devant absolument rien, n’épargnent aucun moyen destructeur pour écraser la rébellion, sans s’embarrasser d’une quelconque considération humaine. Utilisation répétée de gaz toxiques, bombardements aux barils explosifs, politique de la terre brûlée, raids aériens massifs contre les hôpitaux, les centres médicaux et les équipes de secours, déplacements de populations, nettoyage confessionnel : tous les procédés sauvages ont été mis en œuvre sans relâche. Dans le sillage de cette guerre aveugle, un média libanais très proche du Hezbollah publiait la semaine dernière un éditorial injurieux et outrageant à l’adresse de la France, allant même jusqu’à rappeler aux dirigeants français, sur fond d’intimidations et de menaces à peine voilées, les circonstances morbides des attentats terroristes de 1983 contre l’unité française de la force multinationale en poste à l’époque au Liban.
 
Faire face à un tel comportement stalinien avec une logique de Munich 1938 – comme n’hésitent pas à l’afficher l’extrême droite et la gauche radicale françaises, ou d’autres personnalités occidentales bien-pensantes – aurait pour conséquence inéluctable d’aggraver encore davantage la menace. Alain Juppé souligne fort à propos sur ce plan « qu’un homme et un clan qui ont provoqué la mort de 350 000 de leurs concitoyens et la fuite de plusieurs millions à l’extérieur des frontières du pays ne pourront jamais rassembler durablement leur peuple », relevant que « la Syrie ne manquerait pas de rester ou de redevenir alors un foyer actif du terrorisme international qui nous menace directement ».

C’est précisément au niveau de ce dernier point que se pose la question de la portée véritable de l’attaque tripartite de samedi dernier. Celle-ci est-elle exclusivement une riposte limitée et symbolique à l’utilisation d’armes chimiques ou représente-t-elle le catalyseur d’un processus visant à mettre un terme à un état de fait géopolitique régional qui est source d’instabilité chronique et d’actions terroristes dépassant largement le cadre du Moyen-Orient ? Les protecteurs du régime Assad ne cachent pas sur ce plan leurs intentions belliqueuses à long terme à l’égard de l’Occident. Une réaction ponctuelle et timorée à l’obscurantisme rampant et au chantage terroriste ne ferait qu’accélérer l’extension de la gangrène. Et dans ce cadre, une riposte adéquate pourrait ne pas se limiter uniquement à des opérations militaires chirurgicales. À l’ère de la mondialisation et de la révolution technologique tous azimuts, l’éventail des moyens disponibles – dont les sanctions économiques bien ciblées ne sont pas les moindres – est on ne peut plus large.

Le passage obligé pour atteindre une efficacité optimum dans une telle confrontation est la ferme détermination politique. À défaut, le fascisme nouveau ne s’encombrera d’aucun scrupule ou d’aucune considération humanitaire pour continuer à se propager sans frein, telle une intense couvée de lave qui brûle tout sur son passage.

Réagir en prenant bien soin d’éviter l’escalade ou le dérapage incontrôlé… Telle est en peu de mots la nature de la riposte tripartite américano-franco-britannique à la énième utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad, le 7 avril dernier dans la Ghouta orientale. Alain Juppé a parfaitement exposé la position occidentale à cet égard en soulignant sur son...

commentaires (5)

Mr Touma, les grands ne vont jamais être en guerre l'un contre l'autre pour d'autres ... d'ailleurs il y a meme connivence entre eux sauf si leurs integriter territoriales est en danger ou encore leur intérêts de securite nationale .. mais de la a croire que Poutine vas rentrer en guerre contre les autres nations puissantes pour la syrie ou l'iran c'est un wishfull thinking

Bery tus

18 h 02, le 17 avril 2018

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Commentaires (5)

  • Mr Touma, les grands ne vont jamais être en guerre l'un contre l'autre pour d'autres ... d'ailleurs il y a meme connivence entre eux sauf si leurs integriter territoriales est en danger ou encore leur intérêts de securite nationale .. mais de la a croire que Poutine vas rentrer en guerre contre les autres nations puissantes pour la syrie ou l'iran c'est un wishfull thinking

    Bery tus

    18 h 02, le 17 avril 2018

  • LES MEMES SALOPERIES ENCORE ET ENCORE. LES MEMES PRIORITES AUSSI- JAMAIS CELLES DES PAUVRES CITOYENS DU MONDE

    Gaby SIOUFI

    16 h 17, le 17 avril 2018

  • Les Accords de Munich en 1938 au cours desquels Daladier et Chamberlain livrèrent la Tchécoslovaquie à Hitler. Au retour, l'avion de Daladier se posa au Bourget, une foule l'acclama. Il a soufflé à son conseiller "Ah si les cons ils savaient...". Seul le diplomate Alexis léger l'avait entendu.

    Un Libanais

    12 h 56, le 17 avril 2018

  • Merci pour cet article qui nous eclaire comme toujours que Dieu nous preserve...

    Soeur Yvette

    12 h 12, le 17 avril 2018

  • Grands mots pour dire des banalités et lieux communs : « logique de Munich 1938- comportement stalinien», et « réaction ponctuelle et timorée à l’obscurantisme rampant »… Aucune analyse et réflexion, éditorial sans intérêt.

    Emile Antonios

    07 h 48, le 17 avril 2018

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