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Lifestyle - This is America

Steve Lough, un clown qui se prend très au sérieux

Frank Sinatra avait chanté « Send in the Clowns », Patricia Kaas, plus tard, « Faites entrer les clowns ». L’un d’eux tente d’entrer au Congrès américain.

Le clown Steve Lough et son épouse et partenaire. Photo clownforcongress.com

Qui aurait dit que ce héros de cirque, grimé et au nez rouge, au sourire à la fois triste et tendre, allait un jour, et dans le plus grand sérieux, s’inviter sur les bancs des législateurs américains ? C’est ce qu’ambitionne de faire Steve Lough, après avoir offert des rires durant trois décennies à une audience retombée en enfance, sous le chapiteau du célèbre cirque Barnum & Bailey qui s’est produit dans le monde entier avec son Greatest Show On Earth. Ce drôle de monsieur est donc candidat au siège de délégué démocrate du 5e district de la Caroline du Sud et affronte le candidat républicain millionnaire, Ralph Norma, à ce même poste.
S’il entre aujourd’hui de plain-pied en politique, Lough ne se retrouve pas dans un monde qui lui est complètement inconnu. Il avait travaillé en tant que volontaire au sein des deux campagnes électorales du président Barack Obama, en 2008 et en 2012. Dans le site qu’il vient de créer, baptisé ClownForCongress, il explique le choix de sa nouvelle vie : « En 2012, alors que je faisais un show avec un groupe du cirque dans une école élémentaire en faveur de la lutte contre la violence chez les jeunes, une fusillade avait lieu dans une autre école dans le Connecticut. Vingt enfants, âgés de 6 à 7 ans, et six adultes, en ont été les victimes. Ce drame m’a complètement perturbé, car, dans nos spectacles, je fais régulièrement monter sur scène des enfants de six ans pour les faire participer à mon numéro. »

« Un “jerk” comme président »
Il décide ainsi de s’engager entièrement dans le combat américain du moment : l’interdiction de port d’armes libre, si difficile à contrôler, car protégé par la Constitution. Et, lorsque le cirque Barnum a été contraint, l’an dernier, de démonter définitivement sa tente sous la pression des sociétés protectrices des animaux, le clown Steve Lough a décidé de se transformer en candidat aux élections législatives de mi-mandat qui doivent se dérouler en novembre prochain. Son slogan est vite trouvé : Aim high, Vote Lough, ou visez haut et votez Lough, Lough se prononçant en anglais comme low (bas). Son programme est très clair : la lutte à outrance contre le port d’armes non contrôlé, un droit légal auquel toute la république peine à tordre le cou. Il planifie également de mettre le système des soins médicaux (qu’il trouve déficient) à portée de tous, manière Obamacare, que l’actuelle administration veut abolir. En prenant cette direction, le bonhomme au nez rouge fait fi de l’ironie souvent pratiquée par certains en ces mots : « Le cirque politique » ou encore « il y a assez de clowns qui gouvernent ». De plus, il compte sur les donations du public pour financer sa campagne, comme l’a fait le candidat démocrate aux dernières élections présidentielles, Bernie Sanders, dont il fut un fervent admirateur durant cette période. Lough a un adversaire républicain de taille : le républicain Ralph Norman, un millionnaire de l’immobilier qui a hérité du florissant business de son père, un ancien de Goldman Sachs.
Mais quand on est enfant de la balle, on ne se laisse pas intimider aisément. Le clown Lough a foi dans son engagement politique qu’il place sous les auspices « du document fondamental de la nation, la justice pour tous. Un droit sacré à la vie, à la liberté et au bonheur. Pour tous ». Dixit la Constitution US. Armé de ses convictions pour s’installer sous l’impressionnante coupole du Congrès US, il pourrait démentir cette raillerie de l’ancien président Jimmy Carter, visant, en fait, l’actuel hôte de la Maison-Blanche : « Apparemment, l’Amérique veut un jerk comme président ! » L’ancien comique du Greatest Show On Earth pourrait appartenir à la lignée de l’humoriste français Sim, qui avait dit : « Quand j’étais jeune, je voulais être ministre ou clown. J’ai choisi la deuxième option car je suis un garçon sérieux. » Et Steve Lough a toujours été un garçon sérieux.
Né et élevé à Camden (Caroline du Sud), il a fait des études d’anthropologie au Darmouth College, dans le New Hampshire, avant de s’inscrire au Barnum & Bailey Clown College. Sa force ? « Avoir sillonné l’Amérique en train et le monde en avion, travailler avec des artistes et des animaux et rire avec tout le monde sans exception, indépendamment de la couleur de leur peau et de leur culture. » Ces valeurs de respect mutuel, d’amour et d’effort commun pour mettre au point The Greatest Show On Earth, l’ancien clown veut les implanter « sous la coupole du Congrès du plus grand pays du monde ».


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