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À La Une - Afghanistan

Attentat à Kaboul pour Norouz: des dizaines de morts dont beaucoup de jeunes

Cette attaque, la cinquième dans la capitale en l'espace de quelques semaines, a été revendiquée par le groupe Etat islamique.

Une Afghane se renseigne auprès d'un policier sur le sort de ses proches sur le lieu d'un attentat suicide à Kaboul, en Afghanistan, le 21 mars 2018. REUTERS / Omar Sobhani

Des dizaines de personnes, pour la plupart des adolescents, ont été tuées mercredi dans un attentat-suicide revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), alors qu'elles célébraient Norouz, le Nouvel an perse, devant l'université de Kaboul. Cette attaque, commise par un kamikaze à pied, est la cinquième dans la capitale en l'espace de quelques semaine.

Le bilan humain reste encore difficile à déterminer. Alors que Nasrat Rahimi, l'adjoint du porte-parole du ministère de l'Intérieur, faisait état dans l'après-midi de 26 morts et 18 blessés, le ministère de la Santé mentionnait plus tard 33 tués et 65 blessés. Une source sécuritaire afghane haut placée a indiqué à l'AFP que l'attentat avait fait 107 victimes, dont 37 n'ont pas survécu. Les attaques donnent souvent lieu à des bilans contradictoires en Afghanistan, les autorités sous-estimant régulièrement les pertes.

"L'assaillant a actionné sa veste explosive dans une foule. La plupart (des victimes) célébraient Norouz", a déclaré à l'AFP Nasrat Rahimi, ajoutant que "toutes" étaient "des civils", la plupart "des adolescents".
Des témoins ont rapporté que la charge explosive était dissimulée dans un tambour porté par l'assaillant, a indiqué à l'AFP Basir Mujahid, un porte-parole de la police.

L'attentat s'est produit devant un hôpital situé en face de l'université de Kaboul, à moins de 200 mètres de Karte Sakhi, un mausolée où de nombreux Afghans se rassemblent chaque année pour fêter Norouz.
La sécurité avait été renforcée en prévision des célébrations, et le kamikaze n'a pas réussi à atteindre le mausolée.
"Il s'est alors fait exploser parmi des adolescents qui en revenaient", a raconté à la chaîne Tolo news le chef de la police de Kaboul, Mohammad Daud Amin.

La déflagration s'est produite alors que des gens jouaient de la musique et dansaient, a témoigné un jeune garçon blessé, parlant à Tolo depuis son lit d'hôpital.
Des taches de sang étaient visibles sur le lieu de l'attaque, tout comme des objets épars appartenant aux victimes.
Un photographe de l'AFP a compté 18 corps à l'hôpital. Au désespoir, des proches et parents hurlaient et agrippaient les corps ensanglantés des victimes en ce qui est censé être un jour de fête pour les Afghans.
Près de la morgue, un homme agenouillé près de plusieurs corps injuriait le gouvernement afghan, avant d'être emmené par un proche et un agent de santé. Un brancard recouvert d'un drap laissait apparaître une chaussure de sport blanche et bleue.

En octobre 2016, le groupe Etat islamique avait déjà attaqué le mausolée, tuant 18 personnes rassemblées pour l'Achoura, une célébration religieuse particulièrement importante pour la communauté chiite.




"Crime contre l'humanité"
L'attentat est "un crime contre l'humanité", s'est indigné le président afghan Ashraf Ghani. Il intervient quatre jours après un précédent attentat-suicide dans la capitale, revendiqué par les talibans, qui avait fait deux morts et plusieurs blessés.

Le responsable de l'ONU en Afghanistan Tadamichi Yamamoto a dénoncé une "attaque odieuse" portée "contre l'esprit de Norouz", qui "promeut les valeurs de paix et de solidarité".
Plus de 10.000 civils ont été blessés ou tués en Afghanistan en 2017 des suites du conflit, selon l'ONU. Près de 2.300 d'entre eux ont été tués ou blessés dans des attentats, le plus lourd bilan de ce type jamais enregistré.

Les attentats se multiplient à Kaboul, devenu l'un des endroits les plus meurtriers d'Afghanistan. La semaine dernière, le général John Nicholson, commandant des forces américaines et de l'OTAN en Afghanistan, avait déclaré que la protection de la capitale afghane était une priorité.

Cette dernière attaque survient par ailleurs alors que le chef d'état-major américain Joseph Dunford se trouve en Afghanistan pour passer les troupes en revue avant le début attendu de la saison des combats contre les insurgés à la fin de l'hiver.

Fin janvier, Ashraf Ghani a proposé aux talibans d'engager des pourparlers de paix, idée que ces derniers ont fraîchement accueillie. Les insurgés refusent officiellement toute discussion avec le gouvernement afghan, qu'ils qualifient de marionnette des Etats-Unis. La semaine dernière, ils ont répété sur leur site internet qu'ils étaient prêts à négocier, mais uniquement avec Washington, pas avec Kaboul qu'ils dépeignent comme un "régime d'esclaves" inféodé aux "envahisseurs américains".

Les talibans ont regagné beaucoup de terrain depuis la fin de la mission de combat de l'OTAN fin 2014 et ils ont porté des coups très durs aux forces de sécurité afghanes.
En octobre, les insurgés contrôlaient ou exerçaient leur influence sur près de la moitié des districts d'Afghanistan, soit deux fois plus qu'en 2015, selon un rapport publié en janvier par l'agence gouvernementale américaine SIGAR.
"C'est le moment de commencer un vrai pour dialogue pour la paix", a estimé l'Union européenne dans un communiqué. "Les Afghans méritent et ont besoin d'un meilleur présent et futur."



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