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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges TYAN

Mon Liban à moi

Sur son mur, elle a posté un arbre bourgeonnant sur fond de ciel bleu avec cette légende : « Mon Liban à moi ! » L’image était très belle, j’ai répondu : « Il est très beau, ton Liban à toi, c’est la vie qui renaît. » Elle rétorque : « Tout à fait… c’est mon pays Phoenix ». Pris au jeu, je relance « Pas du tout, il n’est jamais mort ou brûlé, il est pérenne, même si des fois il nous fait mal, qu’il est laid, mais ça dépend avec quels yeux tu le regardes. »
Oui, des fois il est beau, souvent il est laid, notre Liban ; les décharges à ciel ouvert, les immondices qui polluent les rivières et les plages, et qui nagent dans la mer au point de vous donner la nausée.
Souvent, nous l’aimons au point de le détester, il n’est pas ce que nous rêvons qu’il soit. Nous pestons en prenant les chemins labourés pompeusement appelés autoroutes, encombrés par d’inextricables embouteillages, où, pour tuer le temps, nous ressassons notre rancœur qui, la rage aidant, ira crescendo.
Tous les maux de la terre s’engouffrent dans cet ouragan émotionnel, l’électricité qui ne vient pas, les soins, l’écolage, la justice, tout y passe pour arriver à une classe politique qui nous nargue. Elle a réussi le tour de force d’être honnie par tout le peuple. Toutefois, machiavéliquement, elle a fait le vide autour d’elle pour devenir indispensable.
Ses bisbilles, son antagonisme, ses querelles souvent enfantines, ses vociférations médiatiques, ses désaccords étalés dans les quotidiens ne sont que poudre lancée aux yeux des gens pour cacher une entente totale, assujettir chacun ses ouailles, les maintenir tenir sous le joug des privations et de la pauvreté, pour aisément les tenir en main.
La croissance de leur richesse personnelle est proportionnelle à celle décroissante du pays, ayant accaparé à leur propre profit ses richesses passées, présentes et à venir.
Dans ce tourbillon, l’aiguille de votre encéphalogramme frôle la zone rouge, vous qui avez tenu d’une main tremblante le robinet à sec comme pour en tirer encore quelques gouttes, alors que dans la rue, l’eau coule à flots et déborde les trottoirs.
Ces trottoirs défoncés où les chiens font leurs besoins au grand dam des vieilles dames qui tanguent sur leurs cannes afin de les éviter, glisser, se casser une épaule, une cote, voire le bassin, aller à l’hôpital, mouroir nosocomial où les soins sont hors de prix.
Et les prix qui prennent l’ascenseur quand vous peinez à monter marche par marche un escalier qui se dérobe sous vos pas. Vous n’avancez pas, vos salaires quand il y en a encore sont au régime minceur, vous ne reculez même pas, sans pourtant régresser, vous disparaissez petit à petit, petit que vous êtes.
Petit, parce que vous avez espéré trop grand, vous avez écrit, rouspété, allant parfois jusqu’aux limites de la convenance, contre une loi électorale inique qui muselle la démocratie, aliène vos convictions, fait fi de votre choix personnel. Elle vous oblige à glisser telle quelle dans l’urne une liste qui comporterait des noms dont pour une raison ou une autre vous ne voulez pas.
Il m’est pénible d’aborder ce sujet. La Chambre qui sera élue en mai prochain sera en tout point pareille à l’actuelle avec ses clivages, son mercantilisme exacerbé, sa servitude à l’égard de l’étranger. La loi électorale a été ainsi pensée : se partager le gâteau, pérenniser la main basse sur les ressources du pays. Dommage !
En contemplant nos cimes couvertes de blanc, le soleil qui brille, la mer bleue qui scintille dans son reflet, j’ai bon espoir que, du Liban que nos politiciens nous font chaque jour détester un peu plus, comme les bourgeons porteurs de vie nouvelle, naîtra un Liban auquel nous aspirons, fait de grandeur et de beauté.
Il l’a été avant, il sera toujours beau dans nos cœurs.

Sur son mur, elle a posté un arbre bourgeonnant sur fond de ciel bleu avec cette légende : « Mon Liban à moi ! » L’image était très belle, j’ai répondu : « Il est très beau, ton Liban à toi, c’est la vie qui renaît. » Elle rétorque : « Tout à fait… c’est mon pays Phoenix ». Pris au jeu, je relance « Pas du tout, il...

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