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Économie - Croissance

La Grèce mise sur l’innovation pour consolider la reprise

Des étudiants s’apprêtent à tester leur prototype de voiture électrique, Pyrforos, à l’École polytechnique d’Athènes, le 6 mars 2018. AFP/Louisa Gouliamaki

Devant l’École polytechnique d’Athènes, Maria Kalogeropoulou, étudiante en ingénierie, est au volant d’une Pyrforos, un prototype de voiture électrique sorti d’un laboratoire de l’école, et « icône » en Grèce depuis que l’américain Tesla, ayant eu vent de la qualité des jeunes ingénieurs, a annoncé prendre pied dans le pays.
Une histoire dont la Grèce espère qu’elle est symbole d’avenir après presque une décennie de crise économique terrible. Pyrforos a déjà été plusieurs fois primée ces dernières années au concours européen Eco-Marathon de Shell, dont le but est de parcourir la plus longue distance avec le moins d’énergie possible. Sa réputation « a déjà permis à de nombreux ingénieurs grecs d’être embauchés à Palo Alto en Californie, au siège de Tesla, le constructeur de voitures électriques (NDLR : du milliardaire Elon Musk), et chez d’autres constructeurs étrangers », se félicite Antonios Kladas, professeur d’ingénierie électrique et chef du laboratoire Prométhée de moteurs électriques de l’École polytechnique.
La création d’un centre de recherche et de développement de ses moteurs, au Centre de recherche national Demokritos, près d’Athènes, annoncée fin février par Tesla, est vue comme un investissement « important » pour le pays, qui émerge du tunnel de la récession. « Le soutien à la recherche et à l’innovation joue un rôle déterminant dans la restructuration de la production », a souligné alors le Premier ministre Alexis Tsipras. Le capital initial de l’investissement sera d’environ 750 000 euros (923 000 dollars).

Fuite des cerveaux
« Tesla va embaucher une quarantaine d’ingénieurs grecs travaillant actuellement à l’étranger, un pas très positif pour renverser la fuite des cerveaux dont le pays a souffert pendant la crise (...) », indique à l’AFP George Nounesis, directeur de Demokritos. Il espère d’autres investissements dans l’innovation en Grèce, soulignant que les grandes compagnies du secteur vont « profiter de la plus-value du capital intellectuel dont dispose le pays ».
Environ 500 000 personnes, surtout de jeunes diplômés âgés de 20 à 40 ans, ont quitté le pays depuis l’éclosion de la crise de la dette en 2010, qui a entraîné la perte d’un quart du produit intérieur brut (PIB) du pays. Mais après une croissance de 1,4 % enregistrée en 2017, non loin des 2,3 % de la zone euro tout entière, et « avec les réformes effectuées, la Grèce bénéficiera d’une croissance de 2 % en moyenne les trois prochaines années grâce au retour du modèle économique traditionnel basé sur la hausse de la consommation, des exportations et des investissements », prédit Panayiotis Petrakis, professeur d’économie à l’université d’Athènes.
Entre 3 et 4 milliards d’investissements dans divers secteurs ont été enregistrés en Grèce ces deux dernières années, « un record » depuis une quinzaine d’années, se réjouit le gouvernement.
Philip Morris International, qui avait racheté en 2003 Papastratos, l’un des plus vieux cigaretiers grecs, a ainsi investi 300 millions d’euros (369 millions de dollars) dans la production de bâtonnets de tabac pour sa nouvelle cigarette électronique à tabac chauffé Iqos, avec 400 nouveaux emplois à la clé.

Retards
« Cet investissement est un vote de confiance dans l’économie grecque », estime Christos Harpanidis, directeur général de Papastratos. Deux usines similaires existent déjà en Italie et en Roumanie. Toutefois, les experts restent prudents à cinq mois de la sortie de la Grèce de la tutelle de ses créanciers, UE et FMI, et du retour aux marchés d’emprunt après un tunnel d’austérité, marqué par la baisse des salaires et des retraites. « Des retards demeurent dans les secteurs agricole et manufacturier, qui doivent devenir plus compétitifs et poursuivre les réformes », souligne Panayiotis Petrakis.
Des problèmes endémiques dans un pays qui a toujours privilégié l’enseignement supérieur à l’enseignement technique. Le marché de l’immobilier, grand potentiel pour la Grèce favorisée par des conditions géographiques et climatiques, peine pour sa part à reprendre vigoureusement, en raison de problèmes bureaucratiques.
Hélène COLLIOPOULOU/AFP

Devant l’École polytechnique d’Athènes, Maria Kalogeropoulou, étudiante en ingénierie, est au volant d’une Pyrforos, un prototype de voiture électrique sorti d’un laboratoire de l’école, et « icône » en Grèce depuis que l’américain Tesla, ayant eu vent de la qualité des jeunes ingénieurs, a annoncé prendre pied dans le pays.Une histoire dont la Grèce espère...

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