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Lifestyle - Pendant ce temps, ailleurs...

« Ah non ! Tu t’appelleras Anna Karina ! »

À 77 ans, l’égérie de Godard fait son retour avec la reprise de son premier film et la sortie d’un nouvel album.

Anna Karina, le 2 mars 2018, à Paris. Thomas Samson/AFP

Muse de Godard, icône des 60s, Anna Karina fait de nouveau parler d’elle à 77 ans avec la reprise de son premier film et la sortie d’un nouvel album de chansons, Je suis aventurière, une épithète qui lui va bien.
Combien de fois s’est-elle mariée ? « Oh là là, je préfère ne pas le dire », sourit-elle, lors d’un entretien accordé à l’AFP. Avant de s’esclaffer : « Moins que Liz Taylor ! » Ses yeux d’un bleu profond, son sourire mi-timide mi-espiègle ont conduit quatre hommes jusqu’au mariage : Jean-Luc Godard bien sûr, les cinéastes Pierre Fabre et Daniel Duval, et, depuis 1982, le réalisateur américain Dennis Berry. « Je suis mariée depuis près de 40 ans avec le même homme », note-t-elle, un rien incrédule, attablée devant un verre de rosé dans une brasserie de Saint-Germain-des-Près.
C’est dans ce quartier parisien, où elle vit aujourd’hui, qu’elle a été repérée il y a 60 ans au café des Deux Magots, alors qu’elle venait de quitter son Danemark natal à l’âge de 17 ans. Un jour qu’elle posait pour une revue, « il y avait cette dame extraordinaire qui m’a demandé : “Comment tu t’appelles, mon petit ?“ “Hanne Karin Bayer.” “Ah non, me dit-elle sur un ton militaire, tu t’appelleras Anna Karina.” Quand elle est partie, j’ai demandé qui c’était. C’était Coco Chanel. »

Un petit côté macho
La reprise du premier film qu’elle a réalisé et financé, Vivre ensemble (1973), et la sortie d’une compilation des chansons les plus connues qu’elle a interprétées éveillent la nostalgie de celle qui a été l’égérie de la nouvelle vague au cinéma. « C’est extraordinaire, je ne m’y attendais plus », assure-t-elle, les yeux chargés de khôl, ajustant son chapeau. Son second et dernier film, Victoria, remonte à 10 ans et son dernier album, à 14 ans.
Vivre ensemble est l’histoire d’amour d’une jeune marginale avec un homme à la vie bien rangée. Alain finit par sombrer dans la drogue et l’alcool, et elle, à l’inverse, rentre dans le rang. « C’est un portrait de l’époque de ma jeunesse. J’ai vu des gens autour de moi sombrer et mourir », se souvient-elle. Le film vient rappeler qu’Anna Karina a été la première comédienne à réaliser à l’époque un long-métrage : « Tout le monde disait : “Comment ose-t-elle ?” Il y avait un petit côté macho. Je me suis dit que je vais utiliser un nom d’homme car j’avais peur de la réaction. »
Alors qu’elle avait joué dans plus de 30 films, le fait de passer de l’autre côté de la caméra l’a grisée. Elle savait toutefois qu’elle n’était pas « Godard, qui peut tout faire en cinq minutes ». Pour celle qui n’a presque pas connu son père et qui a été délaissée par sa mère, la rencontre à 21 ans avec l’un des réalisateurs phares du cinéma mondial a été une chance, mais ne lui a pas apporté la protection qu’elle recherchait. « Nous nous sommes beaucoup aimés. Mais c’était compliqué de vivre avec lui », confie la comédienne.

Faut dire stop
« C’était quelqu’un qui pouvait dire : “Je vais chercher des cigarettes” puis revenait trois semaines plus tard. C’était une époque où il n’y avait ni smartphone ni répondeur. » Elle se souvient des lunettes noires de Godard qui lui « faisaient peur » au début, avant de trouver « magnifiques ses grands yeux en amande ». Leur relation a été marquée par un drame, la perte de l’enfant qu’elle portait. La dernière fois où le couple mythique s’est retrouvé, c’était il y a plus de 20 ans. Depuis, aucun contact. « Il est en Suisse et n’ouvre pas la porte, dit-elle. Non, ça ne me rend pas triste. C’est sa vie après tout. »
Interrogée sur l’affaire Weinstein, Anna Karina dit avoir toujours su dire non. Non à Godard pour un rôle dans À bout de souffle parce qu’il comprenait une scène dénudée. Non à cet attaché de presse du film Une femme est une femme, qui l’a accueillie à la porte de son appartement presque nu. « J’étais tellement choquée que j’ai dévalé l’escalier et failli me casser la gueule. Quand la femme ne veut plus, faut dire stop. Et on a le droit de changer d’avis. »

Rana MOUSSAOUI/AFP
Muse de Godard, icône des 60s, Anna Karina fait de nouveau parler d’elle à 77 ans avec la reprise de son premier film et la sortie d’un nouvel album de chansons, Je suis aventurière, une épithète qui lui va bien.Combien de fois s’est-elle mariée ? « Oh là là, je préfère ne pas le dire », sourit-elle, lors d’un entretien accordé à l’AFP. Avant de...

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