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Moyen Orient et Monde - Scrutin

Quels enjeux pour les élections législatives italiennes ?

Les groupes politiques ne semblent pas être en mesure de remporter la majorité absolue, ce qui fait craindre une nouvelle situation d’instabilité politique.

Le leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, embrasse le front de Silvio Berlusconi lors d’une conférence de presse, à Rome. AFP/Alberto Pizzoli

Incertitudes, retour de Silvio Berlusconi, montée des partis d’extrême droite et des forces populistes : les élections législatives de ce dimanche 4 mars sont à l’image de la crise politique que traverse l’Italie depuis plusieurs mois. La question européenne a été l’un des principaux sujets de débats, alors que selon un rapport de 2018 de l’institut Delors, un think tank européen, seuls 36 % des Italiens estiment que leur appartenance à l’UE est bénéfique au pays.
La situation économique du pays depuis la crise économique et financière de 2008, le sentiment que l’euro a provoqué une inflation, l’euroscepticisme chronique d’une partie des dirigeants politiques et le sentiment d’abandon dans la gestion de la crise migratoire sont à l’origine de cette défiance.
Autre thème central de la campagne : celui de l’immigration qui a pris une dimension encore plus importante depuis les événements du 3 février dernier, quand six immigrants africains ont été blessés à Macerata, au centre du pays. Le responsable de l’agression, un militant du parti d’extrême-droite la Ligue du Nord, a agi pour venger le meurtre d’une adolescente tuée par des Nigérians. Selon Marc Lazar, directeur du Centre d’histoire de Sciences Po Paris et président de la School of Government de l’université LUISS (Rome), contacté par L’Orient-Le Jour, « suite à cette attaque, l’immigration s’est imposée comme un thème de la campagne électorale ».


(Lire aussi : L’économie italienne est repartie, mais les défis restent nombreux)


Instabilité
Les forces en présence peuvent être divisées en trois grandes coalitions : le centre gauche, le Mouvement 5 étoiles et la droite dure. Cette dernière est composée des régionalistes de la Ligue du Nord dirigée par Matteo Salvini, des néofascistes Fratelli d’Italia et du plus modéré Forza Italia de Silvio Berlusconi.
Selon les derniers sondages publiés il y a quinze jours pour éviter de perturber le vote, entre 35 et 38 % des intentions de vote vont pour la coalition de droite, dirigée par l’ex-président du Conseil Silvio Berlusconi. Derrière elle, le contestataire Mouvement 5 étoiles, lancé en 2009 par le comique Beppe Grillo, arriverait en seconde position avec 28 % des intentions de vote.
Selon la loi électorale instaurée en 2017 par l’actuel président du Conseil des ministres Paolo Gentiloni, ce score ne permettra pas à la formation populiste de diriger le pays. Les partis doivent en effet former des coalitions s’ils veulent gouverner, ce que refuse le Mouvement 5 étoiles présidé par Luigi Di Maio. Pour être majoritaire, un groupe ou un parti doit réunir 40 % des voix et avoir la majorité des sièges, ce que seule la coalition de droite pourrait éventuellement obtenir.

Scénarios
Craignant la victoire des antieuropéens, la Commission européenne espère que se formera une grande coalition, à la manière de l’Allemagne. « Pour le moment, Forza Italia et le Parti démocrate sont contre, mais une impulsion du président de la République est envisageable », détaille Marc Lazar. Fragile et éphémère, une telle alliance aurait pour objectif la conduite de nouvelles élections. L’autre scénario possible si la droite n’a pas la majorité : le président de la République Sergio Mattarella pourrait laisser le gouvernement de Paolo Gentiloni en place pour gérer les affaires courantes.
« Même avec une victoire du centre droit par majorité, la législature sera compliquée, notamment à cause des divergences internes », estime Marc Lazar. Tous trois profitent des crises migratoire et économique et du sentiment de méfiance vis-à-vis de l’Europe. Seulement, le charismatique Matteo Salvini défend des idées sécuritaires et antieuropéennes, ainsi qu’un référendum sur l’euro et le rétablissement des frontières. Face à lui, Silvio Berlusconi s’est montré plus modéré et ouvert à un dialogue avec l’Union européenne.
Cependant, Silvio Berlusconi ne peut gouverner avant 2019, année signant la fin de sa peine suite à sa condamnation pour corruption. En cas de victoire, il devrait être remplacé par Antonio Tajani, fondateur de Forza Italia et président du Parlement européen. Une solution qui « rassurerait les pays européens, le monde financier et les modérés, mais à laquelle s’oppose Matteo Salvini », précise Marc Lazar.

Les gauches
En deuxième position, le Mouvement 5 étoiles est isolé, mais reste fort d’un électorat grandissant depuis sa création. Ambivalent sur la question européenne, il rassemble globalement les catégories les plus défavorisées, les jeunes et le sud du pays. « Le parti ne veut plus être réduit à un mouvement contestataire et se déclare prêt à faire des alliances, et donc des concessions sur son programme, pour gouverner s’il est le premier parti », explique Marc Lazar.
La coalition de centre gauche est menée par le Parti démocrate de l’actuel président du Conseil des ministres, ainsi que par Matteo Renzi, chef du gouvernement déchu il y a un peu plus d’un an après l’échec du référendum sur la réforme constitutionnelle.
Positionnées plus à gauche, les deux forces Libres et égaux, et Pouvoir au peuple demeurent indépendantes, puisqu’elles ont refusé toute entente. Elles accumulent environ 5 % d’intentions de vote, un score trop faible pour peser au Parlement, mais qui défavorise aussi le Parti démocrate.
Quel que soit le bord politique, aucun groupe ne semble en mesure d’obtenir la majorité absolue. Les alliances sont possibles, mais le gouvernement qui en découlera sera fragile. Autant de scénarios que les indécis risquent de perturber. D’après les derniers sondages, 45 % des électeurs n’ont pas encore arrêté leur choix ou envisagent de s’abstenir.


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