Les exemples vivants du caractère foncièrement pluraliste de la société libanaise se suivent, mais ne se ressemblent pas... Une démarche entreprise par le cheikh Akl druze, Naïm Hassan, est venue rappeler cette indéniable réalité qui a pour toile de fond le fait que les cheikhas druzes refusent d’enlever le voile blanc avec lequel elles cachent leur bouche pour prendre les photos nécessaires à leur carte d’identité. Ces cheikhas, qui obéissent ainsi à des traditions ancestrales et qui pratiquent les rites de leur religion, considèrent la bouche comme une « aoura », un attribut sexuel.
Hier, le cheikh Akl druze a ainsi appelé le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk à consentir des mesures exceptionnelles pour ces cheikhas de manière à leur permettre à nouveau de paraître sur les cartes d’identité cachant non seulement leurs cheveux mais aussi leur bouche.
« La communauté druze n’a jamais été une communauté fermée sur elle-même. Nous soutenons l’État de droit, la démocratie et la Constitution. Nous sommes une communauté fondatrice du Liban et nous étions là bien avant 1920, a souligné le cheikh Akl. Nous sommes cependant attachés à nos traditions et à nos valeurs. »
Il a rappelé que jusqu’il y a deux ans, les femmes druzes qui pratiquent leur religion et qui portent ainsi le voile bénéficiaient d’un traitement spécial au niveau du ministère de l’Intérieur quand elles se présentaient pour demander une carte d’identité. Elles pouvaient se faire photographier portant le voile qui cache leurs cheveux et leur bouche. Ce n’est plus le cas actuellement car elles sont obligées de le défaire à moitié pour montrer leurs lèvres.
Le cheikh Akl a appelé M. Machnouk à prendre en considération les traditions ancestrales de la communauté et à instaurer à nouveau cette exception pour les femmes pratiquantes druzes.
Depuis deux ans, les cheikhas voilées ne se présentent pas devant les autorités concernées pour effectuer des demandes de carte d’identité.
La communauté appelle à ce que cette mesure soit appliquée à la carte d’identité et non au passeport car, en tous cas, ces femmes ne prennent pas l’avion.
Le ministre des Déplacés, Talal Arslane, a joint sa voix à celle du cheikh Akl.
commentaires (8)
On apprend tous les jours
Sarkis Serge Tateossian
16 h 40, le 20 février 2018