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Culture - Musique

Tarek Yamani : un pont entre deux continents musicaux

Installé à New York depuis 2011, ce pianiste autodidacte sort un album mixant rythmes « khaliji » et sonorités jazz avec la musique africaine en ciment. « Peninsular » est une petite pépite qui décrit bien son auteur, plein de curiosités, de talent et d’ambitions.

Tarek Yamani, amoureux du jazz, imprégné de musique arabe.Photo Darine Hotait

Né à Beyrouth en 1980, Tarek Yamani vit une enfance normale, baignée de musique à la maison. Certes, son arrière-grand-père, le fameux Ahmad effendi Elmir, apporte une caution musicale familiale à son futur parcours, mais c’est bien le seul héritage que l’on puisse trouver. Entre ces années 40 et la naissance du futur artiste, pas de traces autres que les sillons des vinyles écoutés à la maison, avec une ouverture d’esprit et une variété de styles notables, ouvrant les oreilles du petit garçon au reggae, à la pop, au jazz, au rock, à la musique arabe. C’est en s’entraînant sur un clavier-jouet et en reprenant à l’oreille les mélodies entendues à la télé qu’il apprend le piano. Autodidacte convaincu et opiniâtre, il finit tout de même par prendre quelques leçons et tombe sur un Jazz Piano Book, qui deviendra son livre de chevet et sa révélation. L’obtention de son Bachelor of Science en informatique ne le fera pas dévier de son chemin, et ce diplôme sera son dernier non musical. L’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en 2005 est la tempête qui fera déborder un vase déjà plein. Il doit quitter le Liban pour s’émanciper, il doit aller à l’étranger pour se perfectionner et se lancer.

Ascension au plat pays
C’est en obtenant une bourse de la Fondation Givanas qu’il peut financer son voyage aux Pays-Bas, à Groeningen. Preuve de sa motivation, c’est au plat pays qu’il va prendre son envol et commencer à collectionner les prix. En 2009, il reçoit le prix Andrea Elkenbracht de la municipalité, la meilleure note à l’obtention de son BA au Prins Claus Conservatorium, et voit sa première composition, Theme & Variation, gagner un concours et être jouée à Amsterdam par un des groupes de jazz hollandais les plus importants. En 2010, il est invité à participer à la résidence « Betty Carter’s Jazz Ahead » à Washington ainsi qu’à une compétition à Montreux. Montreux étant au jazz ce que le Brésil est au football, Noël avant l’heure, le paradis. C’est aussi en 2010 qu’il gagne le prestigieux prix « Thelonious Monk Jazz Composers Competition », avec sa composition Sama’I Yamani. Il n’avait pas besoin de plus de signes pour s’installer à New York en 2011, avec deux sacs et aucun contact. Mais New York étant ce qu’elle est, il faut du talent et du travail pour y réussir, et La Mecque mondiale du jazz saura rendre ce qu’elle prend. Tarek Yamani va alors y commencer une longue et superbe ascension musicale, ponctuée de rencontres, de concerts, d’évènements et d’affirmation de son style. Amoureux du jazz, imprégné de musique arabe, il est aussi de plus en plus intéressé par les rythmiques de la musique tribale africaine, mais aussi yéménite. Son nom de famille en est la preuve, il veut être le pont entre ses deux rives, la péninsule manhattanienne et la péninsule Arabe. Troisième album de l’artiste, Peninsular est une œuvre qui sort des sentiers battus, qui enrichit la structure habituelle du jazz ou de ses ensembles en trios. On y décèle même du flamenco, de la rumba, musiques sud-américaines jouées par les esclaves et donc pétries d’africanisme.
Autodidacte comme Monk, on souhaite à Yamani de laisser la même trace dans le jazz que cet artiste new-yorkais qui avait fondé le mouvement bebop dans les années 40, fruit d’une volonté de vouloir sortir des sentiers battus et de redonner de la liberté à un genre qui se formalisait trop. Peninsular part de ce principe, nourrir le jazz pour le faire évoluer.



Né à Beyrouth en 1980, Tarek Yamani vit une enfance normale, baignée de musique à la maison. Certes, son arrière-grand-père, le fameux Ahmad effendi Elmir, apporte une caution musicale familiale à son futur parcours, mais c’est bien le seul héritage que l’on puisse trouver. Entre ces années 40 et la naissance du futur artiste, pas de traces autres que les sillons des vinyles...

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