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Économie - Fiscalité

Une taxe sur les artistes étrangers inquiète le monde du spectacle

Les organisateurs de spectacles et de festivals dénoncent une mesure de la Sûreté générale contribuant à « tuer la culture » au Liban.

Lors de son édition de 2016, le Festival de Baalbeck accueillait la star internationale, Mika, sur les marches du temple de Bacchus. Photo DR

La Sûreté générale a publié hier une note d’information détaillant le mécanisme d’application de la taxe de 10 % sur les contrats conclus avec les artistes étrangers se produisant au Liban, ce qui a suscité de vives inquiétudes de la part des principaux organisateurs de festivals et de spectacles. La Sûreté générale exige désormais qu’un reçu, attestant du règlement de cette taxe auprès de la mutuelle des artistes, soit joint au dossier de demande de visa d’entrée. Une copie du contrat, approuvé par le ministère des Finances, doit également être jointe au dossier.

« Avec cette décision, les autorités sont en train de tuer la culture au Liban. Beaucoup de spectacles cesseront d’être organisés, alors qu’il y en a déjà très peu », s’insurge auprès de L’Orient-Le Jour Richard Pharaon, PDG de We Group. « C’est une mesure qui part d’un bon sentiment, mais qui sera contre-productive et aura très certainement des effets pervers », dénonce également le producteur et directeur artistique du festival de Byblos, Naji Baz. « Nous respectons la décision de la Sûreté générale, mais c’est vraiment dommage pour le secteur, surtout pour les festivals, car ce sont souvent des organisations à but non lucratif qui sont à l’origine de ces événements », se désole Nora Joumblatt, présidente du Festival de Beiteddine, qui estime que la mesure pourrait compromettre l’existence de plusieurs festivals.
Et pour cause, « les artistes exigent la plupart du temps de mentionner dans le contrat que leur cachet est payé net de toutes taxes. Ce sont donc les organisateurs qui vont payer cette taxe », précise Nayla de Freige, présidente du Festival de Baalbeck et administratrice déléguée de L’Orient-Le Jour. Selon Oussama Rahbani, qui est à la tête du Comité des auteurs-compositeurs du Liban, « les organisateurs n’auront d’autre choix que de répercuter le coût de cette taxe sur les tickets, ce qui fera fuir les spectateurs ». « Les sources de revenus sont la billetterie, l’État et les sponsors. Mais les sponsors peuvent être irréguliers et l’aide de l’État est en baisse constante », confirme Nayla de Freige.


Rayonnement culturel
La mesure, entrée en vigueur début 2017, avait déjà eu de lourdes répercussions sur certains organisateurs de spectacles. Richard Pharaon assure avoir été « contraint d’annuler le concert de la Reine des neiges à la dernière minute l’an dernier, en raison de cette taxe ». Mais depuis, les professionnels avaient « réussi à obtenir une exemption pour la saison dernière suite à une campagne de lobbying auprès de la Sûreté générale », rapporte Nora Joumblatt. Aujourd’hui, après la publication de la note d’information sur le mécanisme d’application de la taxe, Richard Pharaon dit « espérer que le directeur général de la SG reviendra sur cette décision ». « Après tout, nous œuvrons pour le rayonnement culturel et touristique du Liban », justifie Nora Joumblatt.
Cette dernière plaide également pour une distinction plus claire entre les organisateurs de festivals et les organisateurs de spectacles, dans la conception de ces mesures fiscales. De même pour la productrice Josiane Boulos, qui estime que « les petits producteurs ne devraient pas être soumis aux mêmes taxes ». Elle pointe également du doigt « la quantité de paperasse demandée et les formalités décourageantes pour des artistes qui ne restent parfois que 24 heures » au Liban.
Pour parvenir à une solution plus durable, Oussama Rahbani préconise de varier les sources de financement de la mutuelle des artistes. « La caisse mutuelle concerne aussi des acteurs, des artistes peintres, des mannequins... Ces derniers devraient également contribuer au financement de la caisse mutuelle lorsqu’ils vendent une toile, ou lorsqu’ils reçoivent un cachet pour un tournage. De même, pour les grands producteurs de feuilletons télévisés », propose-t-il.


Pour mémoire

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La Sûreté générale a publié hier une note d’information détaillant le mécanisme d’application de la taxe de 10 % sur les contrats conclus avec les artistes étrangers se produisant au Liban, ce qui a suscité de vives inquiétudes de la part des principaux organisateurs de festivals et de spectacles. La Sûreté générale exige désormais qu’un reçu, attestant du règlement de...

commentaires (3)

QUE N,ENTENDRONS-NOUS ENCORE !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 58, le 26 janvier 2018

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Commentaires (3)

  • QUE N,ENTENDRONS-NOUS ENCORE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 58, le 26 janvier 2018

  • Peut-on m'expliquer en quoi la Sûreté Générale est-elle concernée par les taxes?

    Yves Prevost

    08 h 30, le 26 janvier 2018

  • Au Liban ce genre de "paperasserie" qu'au départ ne vise que de taxer et récolter un peu d'argent, risque d'être considérée comme une contrainte supplémentaire dans l'organisation des spectacles. Le temps est à l'encouragement de toutes formes de spectacles et de manifestations événementielles.

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 36, le 26 janvier 2018

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