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Moyen Orient et Monde - Conflit

Syrie : À Vienne, les pourparlers de paix du « dernier espoir »

Les pourparlers de paix sur la Syrie sous l’égide de l’ONU ont repris pour deux jours, hier à Vienne. Ils sont toutefois hypothéqués par le regain de violence sur le terrain, entre l’offensive turque à Afrine et les bombardements du régime sur la Ghouta orientale. Alex Halada/Pool/AFP

Les pourparlers de paix sur la Syrie sous l’égide de l’ONU ont repris pour deux jours, hier à Vienne, dans un contexte de regain de violence sur le terrain qui rend hypothétique l’espoir d’avancées significatives après deux années d’impasse. Comme pendant les précédents cycles de négociations, représentants gouvernementaux et délégués de l’opposition se sont entretenus séparément avec l’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui chapeaute le processus. Aucune indiscrétion n’a filtré sur ces entretiens qui doivent se poursuivre aujourd’hui, avant un congrès de paix pour la Syrie organisé par la Russie mardi prochain à Sotchi.

Les discussions parrainées par les Nations unies ont lieu d’ordinaire à Genève, mais ont été exceptionnellement délocalisées à Vienne pour des raisons de logistique. Hier, à Vienne, Yahya el-Aridi, porte-parole du Comité des négociations syriennes (CNS, opposition), a déclaré avant d’entamer les discussions : « Nous sommes engagés pour une Syrie libre, démocratique, pour un pays sûr où les gens puissent revenir chez eux. » M. de Mistura avait de son côté reconnu que ces pourparlers intervenaient dans une phase « très, très critique » du conflit. Évoquant une « situation de dégradation humanitaire considérable en Syrie », où le conflit a déjà fait plus de 340 000 morts depuis 2011, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait pour sa part jugé que les pourparlers de Vienne constituaient le « dernier espoir de paix ».
 « Assad recherche une victoire (militaire) totale et n’a pas intérêt à trouver un compromis », souligne toutefois l’expert Firas Modad, de l’institut américain IHS Markit. Dans ce contexte, la perspective du congrès de Sotchi peut paradoxalement apparaître comme le seul espoir de voir Damas faire des concessions dans le cadre des discussions de l’ONU, selon des proches du dossier.


(Lire aussi : Vienne et Sotchi, deux rendez-vous pour une seule paix )


Appuyée dans son initiative par l’Iran, qui comme le Kremlin soutient le régime syrien, et par la Turquie, alliée des rebelles, la Russie a convié quelque 1 600 délégués sur les bords de la mer Noire, y compris des Kurdes, selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Toutefois, hier, un responsable kurde a indiqué que les principaux mouvements kurdes syriens n’ont pas été invités. Et quand bien même une invitation viendrait, elle ne serait pas acceptée « tant que se poursuit l’occupation barbare de Afrine » par les forces turques, a-t-il ajouté. Et le négociateur en chef du CNS, Nasr Hariri, a souligné que la participation de son mouvement à la rencontre de Sotchi dépendrait de l’issue des négociations viennoises. Ces pourparlers représentent « un test de la volonté de la Russie de faire usage de son influence sur le régime pour l’obliger à négocier sérieusement » dans le cadre fixé par la résolution 2254 de l’ONU, a-t-il relevé.
Cette résolution, adoptée en 2015, prévoit notamment une reconnaissance de l’opposition, l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections libres dans un environnement neutralisé. « C’est le moment pour les Russes de taper du poing sur la table s’ils veulent sauver Sotchi » d’un boycott de l’opposition, résume une source diplomatique occidentale, ajoutant : « L’opposition n’a pas de raisons d’aller à Sotchi si les Russes n’obtiennent pas des engagements de Damas. »


(Lire aussi : Paul Ryan ne voit aucune alliance stratégique avec Moscou en Syrie)



Volet constitutionnel
Pour tenter d’arracher une avancée, Staffan de Mistura a mis à l’ordre du jour le « volet constitutionnel », moins sensible que la question des élections qui déterminerait in fine le sort du président syrien, chiffon rouge pour Damas. Une démarche similaire est affichée par la Russie, qui veut mettre à Sotchi l’accent sur un projet de nouvelle Constitution syrienne, reléguant au second plan la question électorale.
Répondant aux inquiétudes occidentales, le Kremlin a assuré que son initiative n’était pas concurrente du processus de Genève et visait à alimenter « efficacement » celui-ci avec des « résultats » concrets. Un point de vue partagé par Yahya el-Aridi : « Selon les Russes, tout point positif sortant de Sotchi doit aller dans le sens de Genève pour trouver une solution, sinon ça n’aura pas de sens », a-t-il estimé. L’objectif, à terme, de son camp n’en reste pas moins de « trouver un environnement sûr, objectif et convenable pour organiser des élections », a-t-il souligné.


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