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À La Une - société

En Iran, une parachutiste "aussi capable" que tout homme

Pour Bahareh Sassani, la présence des femmes dans des sports extrêmes jusque-là réservés aux hommes ne peut que favoriser l'évolution de la société.



Bahareh Sassani se prépare avant un saut en parachute sur la base de Hemat à Téhéran, en septembre 2017. La jeune femme ne pratique le parachutisme que depuis mars 2016 mais affirme compter déjà 220 sauts à son actif. AFP / ATTA KENARE

Sauter en parachute, c'est "une manière de prouver que les femmes sont aussi capables que les hommes", lance Bahareh Sassani. Pour cette Iranienne, c'est un petit pas en vue d'une évolution de la société mais aussi une façon de prendre de la hauteur par rapport au quotidien.

A 35 ans, cette comptable petite et frêle ne pratique le parachutisme que depuis mars 2016 mais affirme compter déjà 220 sauts à son actif.

"J'encourage toutes les femmes à faire cette expérience. Cela renforce le sentiment que nous sommes capables d'obtenir ce que nous voulons. Les femmes ne devraient être exclues d'aucune discipline", dit-elle.
Bahareh Sassani refuse d'être qualifiée de "féministe" mais son credo est "qu'il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes et que si une femme a la volonté de faire quelque chose, elle peut réussir".

Selon la loi en vigueur en Iran depuis la révolution islamique de 1979, une femme ne bénéficie pas des mêmes droits qu'un homme. Mais la République islamique a dans le même temps contribué à rendre les femmes plus visibles dans la société.

Le sport d'élection de Bahareh Sassani est loin d'être à la portée de toutes les bourses mais "c'est un choix de vie", fait valoir cette célibataire.


(Lire aussi : Inquiétudes pour une femme ayant défié le port du voile en Iran )


Robes & bijoux
Elle explique que contrairement à ses amies qui ont choisi d'acheter une voiture, des robes ou des bijoux avec leurs premiers salaires ou leur épargne, elle a préféré investir dans le parachutisme, un sport largement réservé aux hommes dans son pays.

En Iran, il n'existe aucun site civil pour faire du parachutisme: il faut obligatoirement passer par l'armée. "Lorsqu'ils organisent des sauts, les militaires invitent tout le monde, y compris des civils, et on est tous ensemble sans distinction", raconte-t-elle.

Pour cette Iranienne, la présence des femmes dans des sports extrêmes jusque-là réservés aux hommes ne peut que favoriser l'évolution de la société.

Selon des documents d'archives publiés en 2015 par l'agence de presse iranienne Isna, les quatre premières femmes parachutistes des forces armées iraniennes ont été brevetées en 1965, soit bien avant la révolution islamique de 1979. Interrogée par Isna, l'une d'elles, Behjat Emam Alizadeh, confiait avoir cessé le parachutisme après son mariage. "J'ai eu des enfants ; mon mari n'était pas hostile à ce que je continue mais je n'avais plus le temps."

Aujourd'hui, les femmes ne sont pas admises dans les unités combattantes de l'armée. Mais dans la police, celles qui sont membres d'unités d'élite ont la possibilité de suivre un entraînement parachutiste et plusieurs d'entre elles ont déjà fait des sauts. Parmi les civils, Bahareh Sassani dit ne connaître que cinq autres femmes titulaires d'un brevet parachutiste en Iran.


(Pour mémoire : Les tensions entre Rohani et les conservateurs prennent le pas sur la contestation)    



"Folle" ?
La trentenaire pratique aussi sa passion à l'étranger et a pu sauter en Russie, au Kenya, en Thaïlande ou aux Emirats arabes unis.

En septembre, lors de son dernier saut en Iran, raconte-t-elle, les hommes qui débutaient dans l'équipe mixte étaient à la fois "surpris et encouragés" de voir des femmes sauter d'un avion. "Je les voyais guetter du coin de l’œil. Heureusement, grâce à Dieu, le vent était favorable et j'ai fait un très bon atterrissage", sourit-elle.

Même à l'étranger, les gens sont surpris lorsqu'elle fait des sauts. "Ils pensent qu'il y a beaucoup de restrictions en Iran, mais je leur explique que chez nous, il y a des femmes qui font de la moto, qui sont pilotes d'avion, qui font du parachutisme ou du parapente." "A l'étranger, je rencontre des gens de toutes les cultures et croyances, ce qui est bien. Mais j'aime faire des sauts en Iran. C'est un tout autre sentiment", ajoute Bahareh Sassani, dont la photo avec un drapeau iranien en plein ciel lors d'un saut a été reprise récemment par plusieurs journaux iraniens.

Au départ, elle s'est lancée dans le parachutisme pour combattre sa "peur de l'altitude". Aujourd'hui, elle évoque son "sentiment d'être libérée de tous les problèmes terre à terre du quotidien."

Elle confesse aussi un sérieux effet non désiré de sa passion : "Tout le monde demande si je ne suis pas folle", dit-elle. "Et surtout, les hommes excluent d'emblée les femmes comme moi. Ils pensent que nous ne sommes pas faites pour la vie en couple parce que nous sommes incontrôlables à leurs yeux", ajoute-t-elle en éclatant de rire.
"Seule une petite minorité pose des questions et s'intéresse."


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Sauter en parachute, c'est "une manière de prouver que les femmes sont aussi capables que les hommes", lance Bahareh Sassani. Pour cette Iranienne, c'est un petit pas en vue d'une évolution de la société mais aussi une façon de prendre de la hauteur par rapport au quotidien.A 35 ans, cette comptable petite et frêle ne pratique le parachutisme que depuis mars 2016 mais affirme compter déjà...

commentaires (1)

Tout juste un bonheur de voir ces femmes s’épanouir et s'affirmer. Tout pays dans la région qui prône l'égalité homme-femme s'honore et se voit grandir. Bravo, en plus elle est très mignonne. Respects Madame ou mademoiselle.

Sarkis Serge Tateossian

14 h 51, le 24 janvier 2018

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Commentaires (1)

  • Tout juste un bonheur de voir ces femmes s’épanouir et s'affirmer. Tout pays dans la région qui prône l'égalité homme-femme s'honore et se voit grandir. Bravo, en plus elle est très mignonne. Respects Madame ou mademoiselle.

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 51, le 24 janvier 2018

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