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Liban - Législatives

Une polémique de plus en Conseil des ministres

Hamadé explose : « Il n’y aura plus aucune nomination avant les élections. »

Saad Hariri et Gebran Bassil lors du Conseil des ministres. Photo Dalati et Nohra

Parrainé par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le projet de loi relatif à la réouverture des inscriptions jusqu’au 10 février des Libanais de l’étranger pour leur permettre de voter en mai 2018 s’est transformé hier en un véritable bras de fer en Conseil des ministres, présidé par Saad Hariri au Grand Sérail.

Pour éviter l’impasse, la question a été renvoyée à la commission ministérielle chargée du suivi du dossier des législatives. Déterminé à aller jusqu’au bout de sa requête que contestent principalement les ministres d’Amal, du Hezbollah et des Marada, rejoints hier par les ministres joumblattistes, M. Bassil a fini par accepter la formule de compromis trouvée par le Premier ministre, Saad Hariri. Le projet sera finalement tranché en commission ministérielle, lundi prochain, et non en Conseil des ministres, M. Hariri ayant demandé aux membres du gouvernement de calmer le jeu et de ne pas adopter « une rhétorique violente ».  « Nous œuvrerons sur base de la décision de la commission », s’est contenté de dire le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, à sa sortie de la réunion.

Alors que les pourfendeurs de ce projet arguent du manque de temps nécessaire pour apporter des modifications à la loi électorale, accusant, en coulisses, le chef du CPL de vouloir exploiter électoralement cette nouvelle mesure, voire de reporter la date des législatives, M. Bassil s’est défendu une fois de plus en faisant valoir sa volonté de respecter la procédure légale en matière d’amendements.

« Comment peut-on m’accuser de chercher à reporter les élections alors que je suis le seul à vouloir respecter la loi ? » s’est interrogé M. Bassil. Poursuivant la campagne menée par le président de l’Assemblée, Nabih Berry, qui avait clairement signifié au chef du CPL que « les portes de l’hémicycle resteront fermées devant toute tentative d’amendement de la loi électorale », le ministre du même bloc, Ali Hassan Khalil, est revenu à la charge hier pour mettre en garde contre les velléités de retarder l’échéance des législatives qui « doivent se dérouler à temps ».

La polémique ne s’est pas arrêtée là. Un échange houleux a eu lieu vers la fin de la réunion entre M. Bassil et le ministre de l’Éducation, Marwan Hamadé, secondé par le ministre d’État pour les Droits de l’homme, Ayman Choucair, venus tous deux en renfort pour soutenir les ministres d’Amal dans leur confrontation avec le CPL. Alors que M. Bassil commençait à défendre un autre projet qu’il soutenait – la désignation de 58 consuls honoraires dans des pays ou localités qui n’ont pas de consulat libanais –, M. Hamadé s’est opposé avec virulence à ces désignations, accusant le chef du CPL d’avoir par ce biais « des ambitions électorales ». Il lui a reproché au passage d’avoir refusé la mise sur pied de gardes forestiers pour favoriser à la place celle des consuls honoraires. « Cette suggestion doit être reportée au lendemain de la tenue du scrutin. Il n’y aura aucune nomination avant les législatives », a lancé M. Hamadé, avant d’ajouter, avec un brin d’ironie : « De toute manière, vous allez rester à la tête du ministère six autres années encore. » Ce à quoi M. Bassil a répondu : « Ce n’est pas vous qui décidez jusqu’à quand je resterai au ministère, encore moins ce que je vais faire à l’avenir ». Ce n’est qu’un échantillon de la tension ascendante qui entoure les élections, et qui promet de se s’exacerber au fil des jours.


(Lire aussi : Au bal des bouffons, le billet de Gaby NASR)


Plus de chrétiens inscrits
Ce que certains considèrent comme une « obsession » chez le chef du CPL à qui l’on reproche de chercher à tout prix à exploiter la carte de la diaspora, des proches du ministre affirment qu’il n’en est rien, tel Antoine Constantine, qui estime que « son objectif va bien au-delà de l’ambition futile de gagner ou de faire gagner à sa formation quelques voix ici et là ».

Selon lui, il est absurde de croire que le vote des Libanais de l’étranger ira systématiquement au CPL. Au palais Bustros, on affirme que les Libanais qui se sont déjà inscrits se répartissent presque également entre musulmans et chrétiens, avec une légère avance pour ces derniers.

La conseillère du ministre pour les Affaires des émigrés, Pascale Dahrouj, affirme à L’OLJ que des centaines de demandes de prorogation des délais d’inscription des émigrés parviennent au ministère. « À ce jour, le nombre des inscriptions reçues est de 92 810. Un chiffre appelé à être légèrement revu à la baisse une fois que le ministère de l’Intérieur aura vérifié la conformité de ces inscriptions », précise-t-elle.

Pour M. Constantine, qui a accompagné M. Bassil lors de sa récente tournée aux États-Unis, « même si la masse des électeurs à l’étranger ne votera pas pour le CPL ou pour M. Bassil en particulier, ce dernier gagnera quand même en politique ». Il explique cet avis par le fait que l’action du ministre en direction de la diaspora ne se limite pas à la prorogation du délai de vote. Elle doit inclure toute la bataille qu’il a menée pour la restitution de la nationalité aux émigrés, la série de conférences relatives à la diaspora libanaise et ses multiples voyages aux quatre coins du globe pour rétablir la communication entre les émigrés et leur patrie. « L’action de M. Bassil doit être interprétée comme un investissement pour l’avenir », dit-il.



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Parrainé par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le projet de loi relatif à la réouverture des inscriptions jusqu’au 10 février des Libanais de l’étranger pour leur permettre de voter en mai 2018 s’est transformé hier en un véritable bras de fer en Conseil des ministres, présidé par Saad Hariri au Grand Sérail.Pour éviter l’impasse, la question a été...

commentaires (3)

LES POLEMIQUES ET LES DIFFERENCES FINISSENT TOUTES EN COMPROMIS ESTROPIES BONS SEULEMENT POUR EVITER LES DIVISIONS AU GRAND JOUR... C,EST CA LE LIBAN !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 35, le 19 janvier 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • LES POLEMIQUES ET LES DIFFERENCES FINISSENT TOUTES EN COMPROMIS ESTROPIES BONS SEULEMENT POUR EVITER LES DIVISIONS AU GRAND JOUR... C,EST CA LE LIBAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 35, le 19 janvier 2018

  • ils passent leur temps comme ils peuvent. la polémique, ça , au moins, ils savent comment faire. Comme gérer un pays , c'est le dernier de leurs soucis

    FAKHOURI

    02 h 36, le 19 janvier 2018

  • Permettre aux Libanais de la diaspora de participer à la vie politique du pays est louable en soi et il faut reconnaître parfois le mérite de l’initiative à Mr Bassil... Mais là où le bat blesse, c’est le timing et la façon que ça avait eu lieu, avec tapage publicitaire et ralliements des nombreux sympathisants CPL dans les capitales étrangères avec nominations et permutations récentes du corps diplomatique qui étaient assez biaisées en leur faveur et à quelques mois des élections... On ne peut blâmer les opposants de protester et refuser tout compromis ou amendements ou nominations suspectes et je pense que Mr Hamadé avait bien raison!

    Saliba Nouhad

    02 h 25, le 19 janvier 2018

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