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Liban - Patrimoine

Retour de trois œuvres phéniciennes précieuses : le happy end d’une âpre bataille juridique et sécuritaire

Les trois pièces, contenues dans des caisses, à l’Aéroport international de Beyrouth. Photo ANI

Trois pièces antiques, provenant du temple phénicien d'Echmoun (nord de Saïda), volées en 1981 et retrouvées par la suite à New York, ont été restituées hier au Liban.
Une tête de taureau sculptée en marbre, une sculpture en marbre représentant un torse d'homme portant un veau et une autre statue représentant un buste d'homme sont arrivées hier à l'aéroport de Beyrouth, après des mois d'efforts fournis en ce sens par le ministère de la Culture, en coordination avec le consulat du Liban à New York et les autorités judiciaires américaines, notamment le bureau du procureur général du district de New York.
En concomitance avec l'arrivée des œuvres archéologiques, le ministre de la Culture, Ghattas Khoury, s'est rendu auprès du président du Parlement Nabih Berry, avec lequel il a débattu de questions liées à son ministère, notamment le projet de loi sur la protection des bâtiments patrimoniaux, qui n'a toujours pas été adopté par la Chambre des députés. Interrogé sur la restitution des pièces antiques à l'issue de la réunion, M. Khoury s'est dit « réjoui qu'elles arrivent enfin à l'Aéroport international de Beyrouth, après une bataille judiciaire et sécuritaire, ainsi que de longues investigations menées par la Direction générale des antiquités au sein du ministère de la Culture, en collaboration avec le procureur général de la ville de New York, l'ambassade américaine, les autorités américaines, les experts et le bureau d'avocats qui a défendu notre cause aux États-Unis ». Et d'ajouter : « Le consulat libanais a naturellement contribué à acheminer ces pièces par le biais du ministère des Affaires étrangères et nous remercions quiconque nous a aidés. »
Ce sont le directeur général des Antiquités, Sarkis Khoury, et le conservateur du Musée national, Anne-Marie Afeiche, qui ont accueilli les œuvres archéologiques à leur débarquement d'un avion d'Air France, venant de New York.

600 œuvres volées
Rappelons que la tête de taureau a été saisie, en juillet dernier, par les services du procureur de Manhattan, en raison de sa provenance « douteuse ». Elle avait auparavant été exposée au Metropolitan Musuem de New York, prêtée par des collectionneurs américains, Lynda et William Beierwaltes, qui affirmaient l'avoir acquise en 1996, auprès d'un marchand d'art londonien. Après la saisine, la Direction générale des antiquités (DGA) a entrepris des procédures judiciaires en vue d'obtenir le retour de la tête de taureau au Liban, mandatant un cabinet d'avocats pour faire valoir ses droits face au couple Beierwaltes. La DGA a présenté ainsi tous les documents descriptifs et photographiques pour étayer solidement les preuves que cette sculpture appartient au Liban et a obtenu finalement gain de cause. La pièce, datant du IVe siècle avant J-C, qui fait 327 cm de haut et 295 cm de large, figure dans la liste des 600 objets découverts par Maurice Dunand sur le site d'Echmoun, entre 1962 et 1979. L'ensemble avait été entreposé pendant la guerre du Liban dans une salle souterraine du château des croisés, à Byblos, à la demande de l'émir Maurice Chéhab, alors directeur général des Antiquités. En 1981, le dépôt a été pillé et les 600 sculptures et éléments d'architecture, dont la tête de taureau, ont disparu, sortant du pays illégalement.
Quant à la sculpture en marbre du torse d'un homme portant un veau, elle a été également volée au Liban, avant d'être vendue en 1996, aux Beierwaltes, pour 4,5 millions de dollars, par un marchand d'antiquités. En 2015, les Beierwaltes ont revendu cette pièce à Michael H. Steinhardt, un collectionneur new-yorkais.
Pour ce qui est de la troisième sculpture, on sait qu'elle a été saisie par la justice américaine vers la fin de 2017, mais sa description et ses caractéristiques n'ont pas été spécifiées. Contactée par L'Orient-Le Jour, Anne-Marie Afeiche n'a pas voulu les divulguer, se contentant d'affirmer que toutes les informations et détails concernant ce trésor patrimonial récupéré seront communiqués lors d'une cérémonie officielle qui se tiendra le 2 février au Musée national. Pour sa part, en réponse à une question sur la valeur matérielle des pièces restituées, Ghattas Khoury s'est contenté d'affirmer qu'« elles ont une valeur nationale inaliénable et inestimable ».
Bien rentrées au bercail après 37 ans d'éloignement, ces merveilles historiques seront exposées de manière permanente au Musée national, après l'événement du 2 février.

Trois pièces antiques, provenant du temple phénicien d'Echmoun (nord de Saïda), volées en 1981 et retrouvées par la suite à New York, ont été restituées hier au Liban.Une tête de taureau sculptée en marbre, une sculpture en marbre représentant un torse d'homme portant un veau et une autre statue représentant un buste d'homme sont arrivées hier à l'aéroport de Beyrouth, après des...

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