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Santé - Infectiologie

La résistance antimicrobienne, une menace pour la vie...

Au Liban, près de 72 % des prescriptions d'antibiotiques ne sont pas conformes aux directives médicales.

L’Organisation mondiale de la santé met en garde contre la résistance antimicrobienne due à un mauvais usage et à une consommation excessive des antibiotiques.Photo Bigstock

Une fois de plus, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d'alarme, mettant en garde contre la résistance antimicrobienne (RAM), un problème grave qui menace tant la santé de l'homme que celle de l'animal dans le monde. « Si la communauté mondiale n'entreprend pas une action » pour contrer le problème, « des infections banales, jadis considérées comme mineures, constitueront bientôt une menace pour la vie », avertit l'agence, dans le numéro de décembre du Bulletin de surveillance épidémiologique au Liban (Lebanese Epi-Monitor), diffusé récemment.

La résistance aux antimicrobiens est « la capacité d'un micro-organisme à empêcher un antibiotique de le détruire ». Par conséquent, les traitements standard échoueront à traiter une infection. « Plusieurs infections, au nombre desquelles la tuberculose, la pneumonie et la gonorrhée, deviennent de plus en plus difficiles à traiter, puisque les antibiotiques sont de moins en moins efficaces », déplore l'OMS.

Le problème est d'autant plus grave que « le monde commence à manquer d'antibiotiques », comme l'avait signalé l'agence dans un rapport publié en septembre dernier. Selon ce document, « le nombre de nouveaux antibiotiques en cours de mise au point est très insuffisant pour combattre la menace croissante de la résistance aux antimicrobiens ».

À l'origine de ce problème, un mauvais usage et une consommation excessive de cette classe de médicaments tant chez l'homme que chez l'animal, très souvent d'une manière chaotique, sans aucun avis professionnel.

 

(Lire aussi : Résistance antimicrobienne : le point de non-retour ?)

 

Manque de connaissances
Le Liban n'est pas en marge du problème. Une étude pilote (Saleh et al, 2015) montre en fait que 72 % des prescriptions d'antibiotiques ne sont pas conformes aux directives médicales. Plus encore, selon une autre étude (Farah et al, 2015) sur l'administration des antibiotiques par les pharmaciens, quelque 32 % des antibiotiques sont vendus sans aucune ordonnance médicale. À cela s'ajoute le manque de connaissances dans ce cadre, comme le souligne une étude transversale (Khalifeh et al, 2017) menée dans ce cadre. Il en ressort que 57,4 % des personnes interrogées arrêtent l'antibiotique avec la disparition des symptômes, quelque 42 % préfèrent acheter les antibiotiques sans ordonnance médicale et près de 33 % d'entre elles pensent qu'il vaut mieux prendre un antibiotique pour traiter une toux, une grippe ou un mal de gorge, sachant que les antibiotiques n'ont aucune action sur les infections virales.

Le problème est tout aussi pesant « dans le secteur de la production animale, où le mauvais usage et l'usage abusif des antibiotiques se font à des niveaux alarmants », constate l'OMS. Dans le cadre d'une étude récente du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, des échantillons de produits animaliers ont été collectés et analysés. Les résultats sont alarmants ! Ainsi, dans 55,5 % des échantillons de volailles, des résidus d'au moins un type des quatorze types d'antibiotiques détectés étaient présents. En ce qui concerne la viande, les résidus d'un type sur quatre étaient détectés dans 15,5 % et les résidus d'un type sur quinze étaient présents dans 38 % des échantillons de lait.

 

(Lire aussi : Résistance aux antibiotiques : l'ONU tire la sonnette d'alarme)

 

Un processus irréversible
Dans ce numéro du Bulletin de surveillance épidémiologique au Liban, l'OMS affirme que la résistance antimicrobienne figure au nombre des priorités du ministère de la Santé. Avec le soutien de l'agence, le comité national de la résistance antimicrobienne a développé un plan d'action nationale pour lutter contre la menace que représente ce problème. Ce plan d'action s'aligne sur le plan d'action global de l'OMS sur la résistance antimicrobienne, qui définit cinq objectifs stratégiques : améliorer la sensibilisation à la RAM, renforcer les connaissances par la surveillance et la recherche, réduire l'incidence des infections, optimiser l'usage des antibiotiques et garantir des investissements durables pour combattre la résistance aux antimicrobiens.

Pour de nombreux infectiologues, « la résistance aux antibiotiques est un phénomène irréversible ». Ils expliquent dans ce cadre que la RAM est un mécanisme inhérent à la structure du germe et à sa descendance. Celui-ci est transmissible génétiquement entre les bactéries, ce qui renforce la RAM. « D'où la nécessité de contrôler l'utilisation des antibiotiques », insistent-ils, affirmant que les antibiotiques ont permis à la médecine d'évoluer. C'est grâce à cette classe de médicaments que les bébés prématurés, les personnes souffrant d'immunodéficience, de maladies cardiaques graves, de cancer et d'autres maladies lourdes ont pu être maintenus en vie. « Il faut trouver un moyen pour remédier à cette résistance antimicrobienne, au risque de perdre tous les acquis de la médecine moderne », insistent-ils, soulignant qu'ils espèrent que de nouvelles techniques de traitement soient développées pour contrer le problème, notamment le recours à des techniques génétiques.

 

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