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Lifestyle - Pendant ce temps, ailleurs...

Le débat sur la chasse à courre relancé en France

Un « patrimoine national » qui « ne coule plus de source », reconnaît la Société de vènerie, qui fédère 400 équipages et leurs quelque 10 000 membres – hommes et femmes. Un mode de chasse « barbare et cruel », dénoncent les opposants.

Philippe Prioux, piqueux (celui qui mène les chiens) du Rallye Tempête, un équipage qui chasse uniquement le chevreuil. Lionel Bonaventure/AFP

« Patrimoine national », selon les veneurs. « Barbarie », selon les opposants, dont Brigitte Bardot. Le débat sur la chasse à courre est une nouvelle fois relancé en France, un des rares pays européens où elle est encore permise.
Engoncé dans sa redingote, Pierre-François Prioux sonne le début de la chasse au chevreuil avec gourmandise. « La chasse, c'est mon sacerdoce ! » lâche ce responsable du Rallye Tempête, un équipage qui chasse le chevreuil. « Ça fait trente ans que je voue ma vie à la chasse à courre », lance-t-il, en embrassant du regard les chevaux, les trente-sept chiens et les membres de son équipage, vêtus de la même redingote bleue surmontée de boutons aux armes du Rallye Tempête. « J'ai tout sacrifié, mes vacances, mon temps, mon argent. Et je suis parti de zéro ! Alors oui, je suis inquiet », martèle ce professeur d'histoire-géographie en région parisienne.
Ce samedi matin en forêt d'Orléans, à Châtenoy, dans le centre de la France, la douzaine de boutons (les chasseurs) trottent et galopent dans le sillage de Philippe, fils de Pierre-François, et piqueux (celui qui mène les chiens). Peine perdue. Les chiens ont plusieurs fois flairé un chevreuil avant de le perdre. Pas d'hallali, pas de curée. Le Rallye Tempête rentre bredouille. « Ça n'a rien d'exceptionnel », tempère Olivier, un bouton (membre) de l'équipage de Pierre-François Prioux. « Trois fois sur quatre, c'est l'animal qui gagne », fait-il valoir quand on lui oppose la « cruauté » dont se rend coupable la chasse à courre, selon ses détracteurs. « Nous contribuons à réguler la faune. Il n'y a pas assez de prédateurs et une surpopulation » de chevreuils, seul animal que chasse le Rallye Tempête, martèle Olivier, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. « La chasse à courre fait partie de notre patrimoine national, c'est une tradition » vieille de six cents ans, renchérit Sylvie, elle aussi bouton. « Le foie gras, c'est bien pire, non ? » ajoute-t-elle, comme pour se justifier face aux critiques de certains.

Enjeu de la cause animale
Autant d'arguments que balaye la sénatrice et ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol, à l'origine, fin novembre, d'une proposition de loi visant à interdire « la chasse à courre, à cor et à cri », comme dans plusieurs autres pays européens : Allemagne, Belgique, et dans deux régions du Royaume-Uni (Angleterre et pays de Galles). Il n'est ainsi pas rare de voir des Anglais ou des Allemands participer à des chasses à courre en France. « C'est un mode de chasse archaïque, explique Mme Rossignol. Ça induit de la peur et du stress chez les animaux blessés. » Et de citer cet épisode survenu en octobre dans l'Oise, au nord de la France, département dont elle est élue, lorsque des veneurs ont abattu un cerf qui avait trouvé refuge dans le jardin de particuliers.
L'affaire avait créé l'émoi, à tel point que la fondation de défense des animaux Trente millions d'amis avait lancé une pétition en ligne « pour l'abolition de la chasse à courre », qui a recueilli près de 115 000 signatures. « C'est une sauvagerie que les gens ne supportent pas », s'insurge Reha Hutin, présidente de la fondation.
L'exécutif n'est pas tout à fait sur la même longueur d'ondes. Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, que la chasse à courre « heurte profondément », veut conduire une « réflexion ». Le président de la République, Emmanuel Macron, quant à lui, est allé saluer des chasseurs lors d'un week-end près du château de Chambord à la mi-décembre. Pendant la campagne électorale pour la présidentielle, Emmanuel Macron s'était dit favorable à la réouverture des chasses présidentielles, remplacées en 2010 par des battues de régulation. De quoi faire bondir l'ancienne actrice vedette Brigitte Bardot, fervente militante de la cause animale depuis des décennies. Elle a publié, mercredi, dans le quotidien Le Parisien une « lettre ouverte au gouvernement français » contre la chasse à courre, entre autres pratiques « cruelles ».
« La chasse à courre ne coule plus de source en France », reconnaît Pierre de Boisguilbert, porte-parole de la Société de vènerie, qui fédère les 400 équipages de chasse à courre français et leurs quelque 10 000 membres.

Guillaume DECAMME/AFP

« Patrimoine national », selon les veneurs. « Barbarie », selon les opposants, dont Brigitte Bardot. Le débat sur la chasse à courre est une nouvelle fois relancé en France, un des rares pays européens où elle est encore permise.Engoncé dans sa redingote, Pierre-François Prioux sonne le début de la chasse au chevreuil avec gourmandise. « La chasse, c'est mon sacerdoce ! »...

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