Il a fallu moins de quarante-huit heures aux services de renseignements des Forces de sécurité intérieure pour identifier et arrêter le meurtrier présumé de Rebecca Dykes, diplomate britannique, dont le corps sans vie a été retrouvé samedi matin à Nahr el-Mott aux abords de l'autoroute du Metn. Hier, vers 3h du matin, les services de renseignements des FSI ont arrêté Tarek H., libanais de 30 ans, travaillant pour la compagnie américaine de voitures privées Uber et ayant des antécédents avec la justice. Selon la police, « le crime n'a aucune motivation politique ou terroriste ». Il s'agit d'un « crime pénal ».
Dans les faits, dans la nuit de vendredi, vers minuit, Tarek H. a récupéré la jeune diplomate de 30 ans du quartier de Mar Mikhaël où elle a passé sa soirée. Il devait l'accompagner à son domicile à Achrafieh. Toutefois, il s'est dirigé vers l'autoroute du Metn avant de l'agresser sexuellement puis de l'étrangler avec une ficelle retrouvée autour du cou et de la jeter sur les abords de l'autoroute.
Selon les informations rapportées par la LBCI, Rebecca Dykes devait prendre très tôt samedi l'avion à destination de Londres pour passer les vacances de Noël avec sa famille. La jeune fille n'étant pas arrivée à destination, ses parents se sont inquiétés. Elle a essayé de la joindre sans succès sur son téléphone mobile. La famille a alors pris contact avec l'ambassade de Grande-Bretagne au Liban qui n'a pas pu à son tour la joindre. Des employés de l'ambassade se sont alors rendus à son domicile à Achrafieh, défonçant la porte de l'appartement, pour s'assurer que la jeune femme allait bien. Ce qui a créé un problème avec les forces de sécurité et la justice, d'autant que cela aurait pu brouiller les pistes. Comme la jeune diplomate était toujours introuvable, la piste du corps de la jeune femme retrouvée samedi matin à Nahr el-Mott et le portrait-robot que les FSI avaient publié dans ce cadre a été suivie. Un responsable de l'ambassade de Grande-Bretagne s'est alors rendu à l'hôpital où le corps était conservé et a pu identifier Rebecca Dykes.
Selon des sources judiciaires, un examen des données de la téléphonie mobile a permis aux services de renseignements des FSI de constater que la jeune femme avait utilisé l'application Uber pour commander son taxi, sachant que le chauffeur avait jeté le téléphone mobile de la Rebecca Dykes et toutes ses affaires personnelles dans une benne à ordures, dont le contenu a été collecté par la compagnie responsable du ramassage. Aussi, il a été possible d'identifier, grâce aux caméras de surveillance installées par le Centre de gestion du trafic entre les régions d'Achrafieh et de Nahr el-Mott, le véhicule et le chauffeur. Celui-ci a été capturé dans la région de Badaoui, à Beyrouth, et « a avoué son crime », d'après ces sources.
« Le détenu a confessé qu'il avait profité de l'état d'ébriété de la jeune femme et l'avait conduite vers une autoroute sans qu'elle ne s'en rende compte. Il s'est ensuite garé dans un endroit peu fréquenté », a confirmé à l'AFP une source judiciaire.
« Lorsqu'il a commencé à l'agresser sexuellement, elle a résisté, a pu s'enfuir de la voiture et a commencé à crier avant qu'il ne la ramène à la voiture et ne l'étrangle », a ajouté cette même source, précisant que le « détenu avait des antécédents criminels et avait été arrêté à deux reprises pour harcèlement et vol de client ».
Rebecca Dykes, en mission au Liban depuis janvier 2017, était rattachée au département de développement international à l'ambassade de Grande-Bretagne.
Uber « horrifié »
Réagissant à la nouvelle, un porte-parole d'Uber a déclaré, dans un courriel rapporté par l'agence Reuters, que la compagnie était « horrifiée par cet acte de violence horrible ». « Nos cœurs sont avec la victime et sa famille, a-t-il ajouté. Nous coopérons avec les autorités et les enquêteurs. »
De son côté, le président du syndicat des propriétaires de bureaux de taxi, Charles Abou Harb, a dénoncé « ce crime horrible ». Dans un communiqué, il a affirmé que celui-ci « doit être suivi de près, d'autant que le métier de chauffeur de taxi doit se caractériser par la crédibilité et la sécurité ». M. Abou Harb a rappelé que des « compagnies intruses œuvraient sur le marché libanais ». « Elles ne respectent pas les lois, a-t-il ajouté. Elles ne sont soumises à aucun contrôle et ne sont pas munies de permis ». M. Abou Harb a rappelé dans ce cadre que le syndicat avait déjà présenté deux actions en justice contre Uber, appelant à la fermeture de la compagnie au Liban. Soulignant que le dossier a été classé sans suite, il a appelé le chef de l'État, Michel Aoun, et le ministre de la Justice, Salim Jreissati, à le réactiver.
Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a pour sa part salué « les efforts exceptionnels » déployés par les FSI et leurs services de renseignements. « Cet exploit est une nouvelle preuve du professionnalisme des FSI », a-t-il affirmé, soulignant qu'un tel exploit « rassure les Libanais » et « prouve que la sécurité est bien contrôlée ». De plus, il doit « renforcer la confiance des autorités étrangères dans le travail des systèmes sécuritaires libanais » qui veillent à maintenir « la stabilité » dans le pays, comme dans « l'attachement des autorités libanaises à la sécurité des ressortissants étrangers ».
Dans la matinée, le directeur général des FSI, le général Imad Osman, avait reçu l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Beyrouth, Hugo Shorter.
commentaires (6)
Notre super-ministre de l'interieur aurait mieux fait de retourner dix fois sa langue avant de se vanter sans aucune décence de "l'exploit des FSI" ! Avant tout,quelques paroles de sympathie envers la famille de la victime auraient été les bien-venues...non ? Mais non...il bombe le torse et se vante de la "sécurité bien contrôlée, etc." et ajoute même "l'attachement des autorités libanaises à la sécurité des étangers"! Nous en avons la preuve avec ce dernier crime commis envers Mme Rebecca Dykes... Décidément, nous pouvons être très fiers de nos "responsables" ! Irène Saïd
Irene Said
14 h 21, le 19 décembre 2017