L'annonce de Donald Trump sur le statut de Jérusalem n'en finit pas de faire des vagues. Les manifestations et condamnations se succèdent, y compris chez les alliés de Washington, arabes ou autres.
Dans un contexte de réchauffement notoire des rapports entre les États-Unis et l'Arabie saoudite depuis l'élection de Donald Trump à la présidence, après des années de froid avec son prédécesseur Barack Obama, la position américaine a sérieusement mis Riyad dans l'embarras. Et l'a obligé à monter au créneau pour défendre le statut de Jérusalem, sujet ultrasensible dans tout le monde arabe. Ce qui a semble-t-il refroidi, au moins pour un temps, les relations entre les deux alliés.
Le 6 décembre déjà, peu après son annonce, le président américain avait appelé l'Arabie saoudite à lever le blocus imposé au Yémen qui provoque une crise humanitaire sans précédent dans ce pays, où l'opération saoudienne contre les houthis est pourtant soutenue par les États-Unis. Cette critique inhabituelle, à peine voilée, a été suivie deux jours plus tard d'un reproche plus sévère encore de la part du secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, notamment en ce qui concerne la politique régionale du royaume. « S'agissant de l'engagement de l'Arabie saoudite face au Qatar (...), de la guerre au Yémen, de la situation au Liban, nous les encourageons à être un peu plus mesurés, un peu plus réfléchis dans leurs actions et à pleinement en considérer les conséquences », a déclaré le diplomate en marge d'une réunion à Paris sur le Liban. Les différends entre le secrétaire d'État et le président américain sont de notoriété publique, et les deux hommes affichent souvent des opinions divergentes sur nombre de dossiers. Mais l'alignement, pour une fois, de leurs positions face au royaume wahhabite est inaccoutumé, et laisse deviner un mécontentement des deux côtés. Washington, qui pensait probablement que le royaume réagirait de façon moins virulente, donne l'impression de vouloir lui faire payer ses reproches. Riyad, qui n'a été mis au courant qu'au dernier moment de l'initiative trumpienne, n'entend pas se laisser faire.
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L'émir Turki
De toutes les critiques émises par les alliés arabes de Washington, la plus acerbe est certainement venue hier du royaume. Dans une lettre ouverte à Donald Trump, publiée dans un journal saoudien hier, l'émir Turki el-Fayçal, ancien chef des renseignements saoudiens et ex-ambassadeur du royaume à Washington, a vertement critiqué l'annonce américaine. « L'effusion de sang et le chaos vont certainement suivre votre tentative opportuniste de faire des gains électoraux », écrit-il. « Votre action a enhardi les éléments les plus extrêmes de la société israélienne... parce qu'ils prennent votre action comme une permission pour expulser les Palestiniens de leurs terres et les soumettre à un état d'apartheid », ajoute-t-il. « Votre action a également encouragé l'Iran et ses séides terroristes à revendiquer qu'ils sont les défenseurs légitimes des droits des Palestiniens », avance-t-il également, comme pour rappeler ses priorités à Washington, à savoir l'endiguement de l'influence iranienne dans la région. L'émir Turki n'a certes plus de rôle officiel ou représentatif du gouvernement, mais il reste considérablement influent dans le royaume, et aurait des rendez-vous hebdomadaires avec le roi Salmane. S'il parle dans sa lettre au nom du monarque et du prince héritier Mohammad ben Salmane, réputé proche de Jared Kushner, gendre de Donald
Trump, exprime-t-il pour autant la pensée saoudienne officielle ?
Il semble que le royaume ait un message particulièrement ferme à faire passer, tout en ménageant son allié, ainsi que la rue arabe, particulièrement critique du rapprochement américano-saoudien. Les critiques saoudiennes, les reproches américains, émis ouvertement, révèlent à première vue un rafraîchissement croissant entre les deux administrations, sept mois à peine après la visite fastueuse du président américain à Riyad.
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06 h 58, le 12 décembre 2017