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Économie - Marchés publics

Navires-centrales : le Conseil d’État s’en mêle

Le navire-centrale Orhan Bey, à Jiyé.

Le Conseil d'État a accepté hier la plainte déposée par la société libanaise Middle East Power (MEP) pour suspendre l'appel d'offres pour la location temporaire de deux navires-centrales de 400 mégawatts chacun pour le compte d'Électricité du Liban. MEP estime que le cahier des charges comporte des « anomalies », selon la décision rendue par le Conseil d'État.
Le Conseil d'État a demandé au ministère de l'Énergie de lui transmettre l'ensemble du dossier, dans un délai maximum d'une semaine. « Il y a deux scénarios envisageables : soit le cahier des charges est amendé de manière à garantir les règles de concurrence, soit l'appel d'offres est annulé », a indiqué à L'Orient-Le Jour Yahya Mawloud, le directeur d'exploitation de MEP. « Il y a clairement dans ce cahier des charges des conditions qui ont vocation à favoriser une candidature plutôt qu'une autre. On y fixe par exemple les délais de livraison à trois mois pour le premier navire-centrale et à six mois pour le second. C'est complètement irréaliste, à moins qu'une société se soit déjà préparée avant même de candidater, a dénoncé M. Mawloud. Il en est de même pour la formule censée déterminer le gagnant de l'appel d'offres qui prend en compte le facteur temps précité ainsi que les capacités financières des candidats. Ce qui favorisera la méthode des "coûts cachés" et ne donne aucune visibilité à l'État sur la facture réelle dont il devra s'acquitter sur les cinq ans à venir, a-t-il poursuivi. La Direction des adjudications (DDA) avait pourtant adressé un rapport détaillé à la présidence du Conseil des ministres, où elle critiquait plusieurs points du cahier des charges, mais le Premier ministre a choisi de l'ignorer », s'est désolé M. Mawloud.
MEP fait partie d'un consortium regroupant deux sociétés indiennes et deux sociétés turques dont la candidature a été rejetée pour non-conformité au volet administratif du cahier des charges. Cette décision avait été prise le 30 octobre par la commission mixte nommée par la DDA et par le ministère de l'Énergie et de l'Eau pour évaluer les candidatures, et concerne également deux des trois autres candidatures déposées par BBE et Younis. La seule offre recevable était celle de la société turque Karadeniz à qui l'État loue, depuis 2013 et jusqu'en 2018, deux navires-centrales de 370 MW, déployés à Zouk et Jiyé, sur le littoral. La commission mixte avait alors estimé que la procédure ne garantissait pas la concurrence, dans la mesure où un seul dossier a passé le cap de l'évaluation administrative. « Les raisons pour lesquelles notre dossier administratif a été recalé ne sont pas du tout convaincantes. Nous n'avons eu que 21 jours pour fournir l'ensemble des documents requis et déposer une garantie de soumission de 50 millions de dollars à bloquer pour une durée de 180 jours ! », s'est défendu M. Mawloud.
Avant cette décision du Conseil d'État, la commission mixte avait décidé de passer le relais à une autre commission ministérielle formée le 20 octobre. Cette dernière est présidée par Saad Hariri (courant du Futur) et comprend notamment les ministres de l'Énergie César Abi Khalil (CPL), des Finances Ali Hassan Khalil (Amal), des Travaux publics et des Transports Youssef Fenianos (Marada), ou encore de la Jeunesse et des Sports Mohammad Fneich (Hezbollah).
Mais plusieurs voix continuent de dénoncer depuis plusieurs mois, y compris au sein du gouvernement, le fait que l'opérateur turc avait été favorisé au cours des deux procédures d'appel d'offres, et évoquent un contrat de gré à gré déguisé en marché public. Le PDG de la holding Karadeniz, Orhan Remzi Karadeniz, s'était défendu en septembre de ces accusations de favoritisme, lors d'une conférence de presse à Istanbul, le 18 septembre.

K. O.

Le Conseil d'État a accepté hier la plainte déposée par la société libanaise Middle East Power (MEP) pour suspendre l'appel d'offres pour la location temporaire de deux navires-centrales de 400 mégawatts chacun pour le compte d'Électricité du Liban. MEP estime que le cahier des charges comporte des « anomalies », selon la décision rendue par le Conseil d'État.Le Conseil d'État a...

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