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Nos Lecteurs ont la Parole - Abdel Hamid EL-AHDAB

La neutralité est le seul chemin vers l’indépendance

Le temps est venu où il nous faut renoncer à fêter l'anniversaire de la fin du mandat français, intervenue le 22 novembre 1943 ! Son rejet, qui exprimait un ressentiment, a constitué un méfait et non un bienfait au vu des événements qui se sont succédé depuis cette époque ! Le mandat français a cédé la place à un autre mandat qui est celui des organisations palestiniennes. Yasser Arafat l'avait reconnu lui-même en déclarant qu'il gouvernait le Liban, et notre pays était bien gouverné à partir de Tall el-Zaatar, Sabra et Chatila. Le mandat des organisations palestiniennes a pris fin à son tour. Il a laissé la place au mandat syrien. Le Liban a alors été gouverné à partir de Qardaha et les humiliations subies ont été nombreuses, dont celles relatées par Marwan Hamadé devant le Tribunal spécial pour le Liban. Le mandat syrien a été ensuite refoulé, mais a vite été suivi par le mandat iranien. Le Liban a été alors gouverné à partir de Qom, en Iran. Ce mandat n'a pas besoin de témoins. Il sévit dans chaque rue, chaque impasse, et trône sur la tête des politiciens.
Les Libanais appellent à présent les Européens au secours. Ils leur disent : « Venez nous coloniser, s'il vous plaît. » Dans un article portant le même titre et publié le 8 décembre 2013 dans le journal al-Akhbar, il est écrit littéralement ce qui suit : « C'est la première fois que l'ambassadrice de l'Union européenne visite la région de Denieh. Elle y a reçu un accueil chaleureux de la part de gens simples et de pauvres qui l'ont remerciée pour les projets de développement qui ont été réalisés en leur faveur, à une époque où l'État était supposé les entreprendre lui-même. Ce qui a porté quelques-uns à demander aux Européens de les coloniser à nouveau ! Tel est le résultat le plus éloquent fourni par le "modèle d'État libanais". » Le Liban n'est pas le seul à regretter le temps jadis. L'Égypte regrette le roi Farouk et Nahas Bacha. La Syrie regrette Chucri Kouatly. L'Irak regrette l'émir Abdallah et le Yémen le président Abdallah as-Sallal... Une farce est souvent racontée à ce sujet : au marché au poisson à Aden, un acheteur qui s'aperçoit que le kilo de poisson est proposé à dix dollars dit au vendeur : « Pourquoi ce prix ? Au temps des Anglais, le prix était d'un dollar. » Le vendeur lui répond : « Fais-nous revenir les Anglais et viens prendre le kilo gratis. »
Peut-être que la meilleure définition du Liban actuel est celle donnée par le regretté poète Ounsi el-Hajj qui avait écrit : « Le Liban est un ensemble de composantes n'ayant pas de liens entre elles et qui parfois se contredisent même, mais elles coexistent néanmoins sous l'ombrelle d'un arrangement tribal créé par l'urgence. » Il avait précédé ce texte du titre « Personne ne peut le réparer ». Mais peut-être avait-il lancé cette affirmation parce que lesdites composantes ne sont pas capables de gagner leur indépendance et qu'elles ont besoin d'un mandat ! La situation ne fait que péricliter depuis 1970 : Fouad Chéhab, qui avait bâti un État, est parti et, après le mandat de Charles Hélou, on a choisi pour succéder aux figures chéhabistes un homme qui avait tué 30 personnes dans l'église de Miziara (en 1957), devant la statue de la Sainte Vierge. L'ancienne classe politique s'est éteinte : Hamid Frangié, Saëb Salam, Kamal Joumblatt, Fouad Chéhab, Raymond Eddé et d'autres, et une nouvelle classe politique a vu le jour dont la moitié a été l'œuvre de Qardaha et l'autre de Téhéran et de Qom.
Comment sortir de cet enfer ? Trois jours avant son assassinat, le 27 décembre 2013, le Dr Mohammad Chatah avait dit : « Le Liban n'a d'autre issue que la neutralité. » Il a défini la neutralité et l'a expliquée en détail : la neutralité est bâtie en premier sur une position politique constitutionnelle d'une unique partie qui est l'État. Elle doit figurer ensuite dans la Constitution ou dans la loi. L'État devenu neutre conclut alors des accords avec les divers pays qui lui reconnaissent cette qualité de « pays neutre » et s'engagent à la protéger. Pourquoi ne pas alors opter pour la neutralité pour échapper à cet enfer que nous vivons et nous diriger vers une indépendance véritable ne nécessitant ni mandat ni tutelle, parce qu'elle rompt précisément la liaison entre les communautés et les États étrangers.
Les chrétiens sont partisans de la neutralité... Les sunnites qui brandissent le slogan qui dit « Le Liban d'abord » sont aussi partisans de la neutralité, comme le dit Dr Chatah. Une fraction minoritaire des chiites a, par ailleurs, emprunté cette voie. Qu'il soit, dès lors, procédé à un référendum. Une majorité de 75 % des voix en faveur de la neutralité suffira.
Comment parvenir à ce résultat ? Il sera atteint si des foules immenses se rassemblent place des Martyrs et place Riad el-Solh et ne quittent pas ces lieux, à l'exemple des millions d'Égyptiens qui ont envahi la place de la Libération et y sont restés jusqu'à la chute de Moubarak. Cette foule ne se dispersera qu'une fois que la décision (de l'organisation du référendum) sera prise et qu'un gouvernement de remplacement sera formé pour le superviser. Si le référendum a lieu et que la majorité requise de 75 % se prononce en sa faveur, la neutralité du Liban sera proclamée, la fête de l'Indépendance pourra avoir lieu et nous sortirons de cet enfer.

Avocat

Le temps est venu où il nous faut renoncer à fêter l'anniversaire de la fin du mandat français, intervenue le 22 novembre 1943 ! Son rejet, qui exprimait un ressentiment, a constitué un méfait et non un bienfait au vu des événements qui se sont succédé depuis cette époque ! Le mandat français a cédé la place à un autre mandat qui est celui des organisations palestiniennes. Yasser...

commentaires (1)

Neutralité n est pas la solution: la solution est un pays fort, uni derrière une constitution pour tout le monde , une loi qui régit tout le monde et une armée et force de l'ordre qui protège tout le monde. Alors on aura le choix de décider le côté avec lequel on choisit d être ou d être à l'écart. Un état est fort par son peuple et non pas par les ingérences d autres peuples. Un état demande de la maturité... Helas

Wlek Sanferlou

15 h 50, le 24 novembre 2017

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Commentaires (1)

  • Neutralité n est pas la solution: la solution est un pays fort, uni derrière une constitution pour tout le monde , une loi qui régit tout le monde et une armée et force de l'ordre qui protège tout le monde. Alors on aura le choix de décider le côté avec lequel on choisit d être ou d être à l'écart. Un état est fort par son peuple et non pas par les ingérences d autres peuples. Un état demande de la maturité... Helas

    Wlek Sanferlou

    15 h 50, le 24 novembre 2017

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