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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’Iran se positionne en annonçant, le premier, la fin de l’EI

Le président iranien Hassan Rohani. Photo archives Handout/Iranian Presidency/AFP

On pouvait s'attendre à ce que le président syrien Bachar el-Assad ou encore le Premier ministre irakien Haider al-Abadi s'expriment en premier. Mais c'est le président iranien Hassan Rohani qui s'en est chargé. Hier, c'est en effet lui qui a annoncé la fin de l'État islamique en Syrie et en Irak. Dans un discours diffusé par la télévision publique, il a évoqué l'épilogue de l'aventure territoriale du groupe terroriste après la reprise, dimanche, de la ville syrienne de Boukamal par les forces du régime. Ces dernières, avec l'aide de l'aviation russe et des milices pro-iraniennes, notamment le Hezbollah et des combattants afghans chiites, ont repris la ville frontalière avec l'Irak, dernier bastion de l'EI en Syrie. À ce jour, l'organisation terroriste ne possède plus que quelques localités sur les bords de l'Euphrate, et est totalement vaincue alors que les Irakiens ont repris vendredi dernier la bourgade de Rawa, dernière localité du pays tenue par l'EI dans l'immense province désertique d'al-Anbar, frontalière de la Syrie.

« Il faut remercier tous les combattants de l'islam, les diplomates, le guide suprême, les forces armées irakiennes et syriennes pour la fin de ce groupe qui n'avait apporté que le mal, la destruction, le meurtre et la sauvagerie », a déclaré Hassan Rohani dans son discours.

 

(Lire aussi : Rohani à Macron : Le Hezbollah fait partie du peuple libanais)

 

Souleimani, le premier
Auparavant, c'est le général Qassem Souleimani, commandant des forces spéciales des gardiens de la révolution de la République islamique (GRI, al-Qods), qui avait annoncé, depuis Boukamal, la fin de l'EI dans un message adressé au guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Un message immédiatement partagé sur internet. « J'annonce la fin de ce groupe honni et au nom de tous les combattants (...) qu'ils soient iraniens, irakiens, syriens, libanais, afghans et pakistanais, je vous félicite pour cette grande victoire déterminante », déclare-t-il, sous les applaudissements de combattants parlant le farsi.

Un message fort symbolique qui témoigne une fois de plus de l'omniprésence politique et militaire de l'Iran dans la région. En effet, le général Souleimani a choisi de se montrer en public dans cette ville, à cheval entre la Syrie et l'Irak, et en présence de combattants iraniens, pour annoncer sur le terrain la victoire iranienne contre les jihadistes.

« Le travail principal avait été accompli par les peuples et les armées syrienne, irakienne et libanaise », soutient le président iranien. Trois pays où l'Iran est très présent à travers ses organisations paramilitaires. Dans le conflit contre l'EI, en dehors de la coalition internationale menée par les États-Unis et des Forces démocratiques syriennes (FDS) composées d'Arabes et de Kurdes, il y a les forces dirigées par Téhéran.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah, qui se considère « victorieux », ne va pas faire de concessions)

 

À travers les combattants du Hezbollah au Liban et en Syrie, les milices chiites du Hachd el-Chaabi en Irak et les forces du régime syrien, l'Iran dispose d'un éventail de combattants qui peuvent se déployer de Beyrouth à la frontière irako-iranienne. Mais la République islamique, en plus des milices qu'elle soutient, déploie également ses propres forces directement sur le terrain, comme la force al-Qods (les forces spéciales des GRI) mais aussi les pasdaran, les troupes d'élite iraniennes (qui dépendent directement du guide de la révolution). Un millier des membres de cette unité ont été tués. De nombreux hommages leur ont été rendus. « Je remercie les milliers de martyrs et blessés iraniens, irakiens, syriens, afghans et pakistanais », avait ainsi ajouté Qassem Souleimani. Sur les sites internet liés aux gardiens, les pasdaran sont déclarés comme « protecteurs du lieu saint ».

L'Iran a donc payé « de son sang » cette victoire contre l'organisation terroriste. Mais cette guerre a entraîné la consolidation de l'influence de la République islamique dans la région. Les forces contrôlées et soutenues par Téhéran s'étant déployées partout entre l'Irak et la Syrie, celles-ci ont pu rapidement contrôler des lieux stratégiques et ainsi renforcer la prédominance iranienne au Moyen-Orient.

Cette annonce intervient enfin à la veille du sommet tripartite irano-turco-russe à Sotchi, où les dirigeants des trois pays vont discuter de l'avenir de la Syrie. Lundi soir, le président Poutine, autre acteur majeur de cette crise, a d'ailleurs reçu Bachar el-Assad, dont il a vanté les succès militaires, au moment où selon lui la guerre menée par Damas et l'armée russe « touche à sa fin ». Dans ce contexte, Téhéran vise à renforcer sa position face à ses interlocuteurs pour transformer ses succès militaires en gains politiques.

 

 

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