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Moyen Orient et Monde - Violences

À Gaza, le Jihad islamique temporise face à Israël

Le mouvement intégriste menace l'État hébreu de se venger après l'arrestation de ses cadres, mais prend son mal en patience.

Des soldats israéliens en état d’alerte à la frontière avec Gaza. Menahem Kahana/AFP

Le Jihad islamique, fort de 8 000 combattants à Gaza, fait peur en Israël. Moins populaire que le Hamas, il représente tout de même une menace pour le voisin hébreu, qui a activé son système de protection antiroquette « Dôme d'acier » suite à une escalade inquiétante ces dernières semaines.

Le 30 octobre dernier, 12 membres du Jihad islamique ont été tués dans le bombardement d'un tunnel reliant Gaza à Israël par l'armée israélienne. Dimanche, un cadre du mouvement islamiste a été arrêté à Jénine, son fief en Cisjordanie. Le groupe jihadiste avait alors menacé Israël d'une « vengeance prochaine », et affirmé que ces actions constituaient une « déclaration de guerre ». Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a averti, en réponse, qu'il répondrait « avec force » à toute attaque provenant de Gaza, et qu'il tiendrait le Hamas responsable pour une telle escalade.

Mais aucune roquette n'a pour l'instant été tirée par le Jihad islamique, qui temporise. Alors que le processus de réconciliation entre le Fateh (mouvement dirigé par Mahmoud Abbas) et le Hamas (groupe islamiste radical) bat son plein, les Palestiniens font preuve de retenue. Israël cherche à déstabiliser le processus, auquel il s'oppose avec véhémence, en poussant les différents acteurs palestiniens vers la polarisation. Le Jihad islamique, à première vue, est lui aussi sceptique face à l'accord de réconciliation, signé le 12 octobre dernier au Caire. Mais, conscient que la situation des Gazaouis pourrait s'améliorer grâce à la réconciliation, il cherche pour l'instant à calmer le jeu, tout en montrant les dents, un moyen de conserver sa légitimité en tant que mouvement de résistance.

« Il se prépare à la prochaine guerre avec Israël, mais ne va pas la déclencher. Il a besoin de l'aval du Hamas pour lancer une offensive, ce qui est donc fortement improbable », explique Nicolas Dot Pouillard, chercheur associé à l'IFPO et auteur de deux ouvrages sur le Jihad islamique, qui souligne toutefois que cette organisation pourrait se passer d'un tel feu vert pour une petite action ponctuelle, militaire ou non.

 

(Lire aussi : La réconciliation palestinienne fait au moins le bonheur des fumeurs)

 

Jihad islamique et Hamas, entre coopération et concurrence
La relation entre le Jihad islamique et le Hamas est ambivalente. Fondé en 1981 sous l'égide des Frères musulmans égyptiens, le premier est venu combler un vide : à cette date, aucun mouvement ne se concentrait à la fois sur une doctrine islamiste et sur la cause palestinienne. Les concepteurs et dirigeants du Jihad islamique, le docteur Fathi Shaqaqi (assassiné en 1995 par le Mossad) et Ramadan Shallah (en poste aujourd'hui), se sont inspirés du modèle de la révolution islamique iranienne de 1979, dont ils ont adopté la ligne idéologique, tout en essayant de surmonter le fossé entre chiites et sunnites. Car si le Jihad islamique est sunnite et palestinien, il est proche de l'Iran chiite dans ses méthodes et son approche théologique, qui prône le martyre et le jihad. Le Hamas, lui, est créé six ans plus tard par les Frères musulmans égyptiens pour lutter contre l'influence grandissante de ce modèle iranien, tout en reprenant ses orientations islamistes. Point de conflits entre eux, toutefois, plutôt une alliance tacite.

En principe, ils se consultent avant de lancer toute offensive qui pourrait déstabiliser Gaza. Mais il y a des exceptions. Ce fut le cas en 2012, quand le Jihad islamique avait créé la surprise en tirant plus de 130 roquettes en 3 heures contre Israël, sans avoir consulté le Hamas. L'occasion de rappeler à la région que même si le Hamas était plus puissant, le Jihad islamique demeurait une force importante. Car, depuis sa création, il a perpétré plus de 30 attentats contre Israël, tuant plus de 200 personnes. Et sa popularité fait concurrence au Hamas grâce à une ligne politique relativement indépendante, ne coopérant ni avec Israël ni avec l'Autorité palestinienne et ne participant pas aux conflits entre Palestiniens. « Alors que le Hamas et le Fateh se tiraient dessus en 2007, le Jihad islamique est resté neutre. Il a toujours été dans une démarche de critique constructive, en dispensant des conseils à toutes les factions palestiniennes. Ainsi, il se vante d'être le seul mouvement centré uniquement sur la résistance face à Israël, en dehors de considérations politiciennes », analyse Nicolas Dot Pouillard.

 

(Lire aussi : Le Hamas cède à l’Autorité palestinienne le contrôle des frontières)

 

Point d'inflexion
Cette indépendance dans les questions palestiniennes reste néanmoins nuancée par l'influence iranienne. Car si tous les groupes de « résistance » islamistes palestiniens sont soutenus par l'Iran à des degrés divers, c'est bien le Jihad islamique qui reçoit le plus de moyens. Ses membres sont entraînés et armés par le Hezbollah libanais, et la proximité idéologique entre le groupe sunnite et l'État chiite a assuré un financement à flux tendu tout au long de son histoire. Le Jihad islamique, indépendant sur les questions locales, doit suivre la ligne iranienne sur les enjeux régionaux.

 

(Lire aussi : Israël cherche-t-il à pousser le Hamas à la faute ?)

 

Pour l'instant, la guerre par procuration entre l'Arabie saoudite et l'Iran reste cantonnée à la Syrie, au Yémen et, dans une moindre mesure, au Liban. Mais si l'Iran décidait d'utiliser le Jihad islamique dans sa lutte contre Israël ou l'Arabie saoudite, ce dernier n'aurait sans doute d'autre choix que d'obéir, quitte à bouleverser le fragile équilibre en place. Or Israël serait plus qu'heureux d'avoir une excuse pour envahir Gaza et faire d'une pierre deux coups : se débarrasser de ses ennemis islamistes et contrecarrer l'influence iranienne à ses frontières. D'où les interventions israéliennes à répétition ces dernières semaines, entre le bombardement d'un tunnel du Jihad islamique, l'arrestation d'un de ses cadres, la fermeture de médias palestiniens islamistes en Cisjordanie et l'accélération de la colonisation. Mais l'absence de réponse de la part du Jihad islamique signifie qu'un embrasement à Gaza n'est pas à l'ordre du jour. L'Iran, pour l'instant, a décidé de ne pas exporter son conflit par procuration avec Israël et l'Arabie saoudite dans les territoires palestiniens. Pour le plus grand bonheur des Gazaouis, qui peuvent profiter du répit offert par la réconciliation entre le Hamas et le Fateh.

 

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Le 30 octobre dernier, 12 membres du Jihad islamique ont été tués dans le bombardement...

commentaires (1)

si vous compariez israel & hezb, vous constateriez que les 2 gagnent presque toujours , chacun differemment of course, grace a leurs opposants , qui pour ce qui est d'israel se battent entre eux, et pour ce qui est du hezb, des opposants affaiblis car chacun cherchant ses interets propres et divergeant

Gaby SIOUFI

11 h 22, le 17 novembre 2017

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Commentaires (1)

  • si vous compariez israel & hezb, vous constateriez que les 2 gagnent presque toujours , chacun differemment of course, grace a leurs opposants , qui pour ce qui est d'israel se battent entre eux, et pour ce qui est du hezb, des opposants affaiblis car chacun cherchant ses interets propres et divergeant

    Gaby SIOUFI

    11 h 22, le 17 novembre 2017

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