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Nos Lecteurs ont la Parole - Eddy TOHMÉ

I comme insulte

L'insulte... rarement mot n'a aussi bien exprimé une réalité. Une insulte faite à tout un peuple de professeurs, d'universitaires, de chercheurs, d'enseignants, de gens de lettres, de gens tout simplement bien, par une poignée de squadristes sûrs de détenir la vérité absolue qui repose sur la force brute, celle des armes. Certes, ce n'est pas, comme au temps de la marche sur Rome, à coups de gourdin et d'huile de ricin qu'ils ont terrorisé leurs pairs et leurs supérieurs, en savoir du moins, mais grâce à toute cette panoplie de fusées, de canons, de fusils, de mitrailleuses qui leur confère non seulement un droit de regard, mais aussi de cuissage sur tout ce qui respire. Et ils ne manquent pas de nous le rappeler, et ils ne manquent pas d'en abuser. Un certain Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du IIIe Reich, s'était un jour écrié devant un Thomas Mann ébahi : « Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver. » À l'autre bout de l'Europe, Millan Astray, le fondateur des tercios de la Bandera, la Légion étrangère espagnole, s'est quant à lui rendu célèbre avec son « Viva la Muerte » hurlé à pleins poumons devant des étudiants de l'université de Madrid. Thomas Mann est parti en exil.
Des années plus tard, Goebbels s'est suicidé. Mais entre-temps, des millions de personnes sont mortes et Millan Astray ne savait sûrement pas en 1939 que ce n'était pas un slogan qu'il hurlait, mais bien un programme qu'il définissait. Certes, la guerre civile s'est terminée sur un consensus qui n'est pas loin de rappeler le concept de la paix des braves et tous les Libanais, forts de leur douloureuse expérience passée, se sont mis à rêver d'un Liban où chacun aura sa part d'égalité.
Ce ne fut pas le cas et aujourd'hui, presque trois décennies après la fin des combats, beaucoup de Libanais ont l'impression de vivre dans un pays où toutes les institutions publiques et sécuritaires sont régies dans l'ombre par une sorte de force obscure, toute-puissante, omniprésente, tentaculaire, qui tire les ficelles du pays et de l'État.
Ce qui s'est passé à l'USJ est un exemple et surtout un exemple à méditer par ceux qui croient encore à la seule forme de liberté qui nous est encore concédée, la liberté d'expression. Icare s'est tellement approché de la vérité que la cire de ses ailes a fondu, il s'est écrasé. Dans notre cas, c'est plutôt de l'erreur qu'on est en train de s'approcher.

 

L'insulte... rarement mot n'a aussi bien exprimé une réalité. Une insulte faite à tout un peuple de professeurs, d'universitaires, de chercheurs, d'enseignants, de gens de lettres, de gens tout simplement bien, par une poignée de squadristes sûrs de détenir la vérité absolue qui repose sur la force brute, celle des armes. Certes, ce n'est pas, comme au temps de la marche sur Rome, à...

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