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Liban - Conférence

L’entrepreneuriat social, l’autre vivier de solutions

« L'Orient-Le Jour » et Live Love Beirut ont organisé une table ronde sur ce thème encore peu connu au Liban.

De gauche à droite sur la tribune, Eddy Bitar, Albert Khoury, Jana Husseini, Rawad Rizk, Ghassan Zoughaib, Suzanne Baaklini (modératrice), Michelle Mouracadé, Georges Bitar et Kim Issa. Photo Michel Sayegh

Les problèmes communs de société, auxquels le gouvernement répond de manière lacunaire – ils ne sont que trop nombreux au Liban– sont généralement pris en charge par des ONG. Mais, de plus en plus souvent, ces ONG, ou de jeunes entrepreneurs, veulent apporter des solutions innovantes à travers ce qu'on appelle communément l'« entrepreneuriat social ». En d'autres termes, des entreprises qui fonctionnent comme telles, mais dont les objectifs vont clairement vers la contribution à des causes environnementales ou sociales, beaucoup plus que la marge de bénéfices. Outre le fait que ce nouvel aspect de l'entrepreneuriat, un concept né dans les années 90 aux États-Unis, soit fondé sur des valeurs données, il n'y a pas de consensus définitif sur sa définition exacte dans le monde. Inutile de dire qu'au Liban, aucun cadre n'entoure ce nouveau genre d'entrepreneuriat, même si de plus en plus de personnes l'exercent de facto.
En vue d'attirer l'attention sur ce concept et cette nouvelle façon de contribuer au règlement des problèmes de société, une table ronde a été organisée mercredi par L'Orient-Le Jour et Live Love Beirut au Salon du livre francophone de Beyrouth, en présence de jeunes entrepreneurs qui se reconnaissent dans cette philosophie, ainsi que des acteurs qui peuvent les aider à se développer. Il en est ressorti qu'il est encore difficile de définir avec précision cet entrepreneuriat social qui ne bénéficie d'aucun statut particulier au Liban, avec des divergences de points de vue concernant la possibilité et l'intérêt d'attendre l'adoption d'une loi qui serve de cadre à ce type d'entrepreneuriat. En effet, certains craignent que l'adoption d'une loi, qui nécessite de bien cerner le secteur, ne prenne bien trop de temps, alors que d'autres y voient un intérêt pour les entrepreneurs sociaux eux-mêmes, dans leur travail et leurs relations. Le financement a été identifié comme un problème majeur, doublé du défi de l'autosuffisance financière.
Eddy Bitar, fondateur de Live Love Beirut, a expliqué comment cette initiative avait commencé comme une ONG qui est ensuite devenue entreprise sociale. Il a assuré que cette entreprise fonctionne en toute transparence, et qu'une partie de ses profits est reversée dans le social, sans compter son apport à la société.
Directrice des relations extérieures d'Arcenciel, Kim Issa explique comment cette ONG, fondée il y a 30 ans, a toujours opéré comme une entreprise sociale, bien avant que ce concept ne devienne à la mode. Un système qui lui a permis de réaliser le parcours durable que l'on connaît, même si cette façon de faire suscitait l'incompréhension à ses débuts.
Michelle Mouracadé est directrice du bureau de Beyrouth d'Alfanar, une organisation qui aide les entrepreneurs sociaux à se développer en vue de devenir autosuffisants. Elle a précisé que le but de ce genre d'entreprises est de résoudre un problème social, mais que l'autosuffisance financière est primordiale dans un pays où 13 000 ONG se disputent des dons de plus en plus inaccessibles, se cantonnant à un mode de fonctionnement loin d'être durable.
Représentant Smart ESA, un incubateur de start-up dont certaines sont à objectif social, Jana Husseini a, quant à elle, expliqué qu'il n'y a pas vraiment de différence dans la formation des entrepreneurs et des entrepreneurs sociaux. Elle voit cependant dans ce dernier créneau un grand potentiel au Liban, qui peut même avoir l'ambition d'exporter ses idées à l'étranger.
Qu'en pensent les organisations onusiennes ? Directeur du projet Live Lebanon au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Rawad Rizk a souligné que ce qui intéresse au plus haut point son programme d'appui aux ONG et autres acteurs sociaux – financé grâce aux contacts avec la diaspora libanaise – c'est la faisabilité des projets ainsi que le nombre de bénéficiaires potentiels.
Trois projets, qui seront lancés dans un futur proche, ont été présentés par leurs initiateurs au cours de la conférence. « Yalla Bus » est une application qui permettra aux usagers de savoir où se trouvent les bus qu'ils attendent et à quelle heure ces derniers sont susceptibles de passer : cette initiative, très utile dans un contexte de transport en commun chaotique, a été présentée par Ghassan Zoughaib, cofondateur.
« Live Love Recycle/Green Bin » sera bientôt lancé par Georges Bitar, un jeune entrepreneur qui se propose de faire le lien entre les citoyens désireux de trier les déchets chez eux, et les entreprises de recyclage, un maillon qui manque décidément aujourd'hui à la chaîne. Même le transport qu'il proposera sera durable.
Enfin, Albert Khoury a présenté son impressionnant projet de « Hawa Akkar », qui vise à installer les premières éoliennes du pays, mais est aussi la première entreprise ayant obtenu (la semaine dernière) un décret d'exploitation, qui lui permettra de vendre l'électricité produite. M. Khoury a expliqué qu'au-delà de son intérêt économique et écologique (puisque l'énergie est propre), ce projet aura aussi un impact social très important dans la région notoirement délaissée du Akkar.

Les problèmes communs de société, auxquels le gouvernement répond de manière lacunaire – ils ne sont que trop nombreux au Liban– sont généralement pris en charge par des ONG. Mais, de plus en plus souvent, ces ONG, ou de jeunes entrepreneurs, veulent apporter des solutions innovantes à travers ce qu'on appelle communément l'« entrepreneuriat social ». En d'autres termes, des...

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