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Moyen Orient et Monde - Conflit

Au Yémen, chaque jour sans aide est « un jour de plus vers la famine »

Les ONG s'alarment des conséquences catastrophiques du blocus renforcé par Riyad ; 21 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire urgente.

À Sanaa, hier, des Yéménites attendaient de pouvoir remplir leurs bonbonnes de gaz. Mohammad Huwais/AFP

Les chiffres sont effarants. Plusieurs millions de victimes supplémentaires sont à craindre au Yémen si le blocus imposé depuis lundi par la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite est maintenu. Le pays pourrait subir la « plus grande famine » de ces dernières décennies, s'est même alarmé mercredi le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'ONU, Mark Lowcock, lors d'une réunion à huis clos des 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

Après deux ans et demi de guerre, le pays continue de subir de plein fouet les conséquences désastreuses de l'intervention de la coalition arabe. Le tir, par les rebelles houthis, d'un missile balistique en direction de Riyad à partir du Yémen le week-end dernier a conduit au renforcement du blocus, déjà en place depuis le début du conflit, et à la fermeture des ports, aéroports et accès routiers. La coalition a expliqué vouloir de cette façon empêcher tout transfert d'armes de l'Iran aux rebelles yéménites, dans un contexte de hautes tensions entre Riyad et Téhéran. Les prix des produits de nécessité ont augmenté de façon conséquente, les prix de l'essence et du diesel ont doublé, voire triplé, et la valeur de la devise locale, le rial, a bondi en quelques jours. De quoi alarmer la population à Sanaa, malgré les assurances de l'administration rebelle, aux commandes de la capitale yéménite.

Certains finissent par abandonner tout moyen de transport, pour économiser un peu d'essence. « Tous sont touchés, mais ce sont surtout les Yéménites qui souffrent », souligne à L'Orient-Le Jour Soumaya Beltifa, en charge de la communication du Comité international de la Croix-Rouge, à Sanaa, et qui raconte que son collègue fait deux heures de marche pour se rendre à son bureau. Les prix de l'essence ont tellement augmenté que certaines stations ont fermé. Les moyens de transport en commun se font rares, pour économiser du carburant. « Tous sont inquiets, mais aussi en colère du silence de la communauté internationale. On voudrait que tout se débloque au plus tôt », affirme-t-elle.

 

(Lire aussi : Le Yémen face à "la plus grande famine" de ces dernières décennies, met en garde l'ONU)

 

Famine et choléra
La situation est bien pire ailleurs. Le pays fait face à une épidémie de choléra depuis plusieurs mois, plus d'un million de personnes seraient touchées. Et plus de sept millions de personnes seraient au seuil de la famine, sans l'être officiellement. Quelques jours supplémentaires de blocus pourraient suffire à les faire basculer dans le rouge. Ces chiffres alarmants ont poussé mercredi quinze ONG à s'insurger contre le blocus et à demander la réouverture des frontières. Et hier, plusieurs autres ONG et agences de l'ONU ont affirmé que le stock de vaccins contre le choléra du pays ne durerait pas plus d'un mois si la situation devait perdurer. « Chaque jour qui passe sans aide est un jour de plus vers la famine. Le pays est sous perfusion humanitaire, et sans cette perfusion, le pays coule définitivement », souligne Saara Bouhouche, chef de mission et urgences à Solidarités internationales à Aden, qui craint une résurgence du choléra, pourtant en baisse depuis quelque temps.

De cette grande ville, un responsable de la coalition a assuré mercredi la reprise des activités portuaires. « Les rumeurs d'une réouverture du port circulent effectivement depuis hier, mais les avions restent cloués au sol, et les bateaux sont immobilisés ; ils n'ont toujours pas l'autorisation d'acheminer l'aide. Donc pour l'instant si le port a été rouvert, partiellement ou plus, l'aide humanitaire est, elle, toujours bloquée », déplore Saara Bouhouche, qui espère la réouverture prochaine des passages frontaliers.

Avec la fermeture « temporaire », selon Riyad, des ports, aéroports et accès routiers, les cargaisons d'aide humanitaire déjà en route vers le Yémen sont suspendues indéfiniment. Plus de 21 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire urgente, selon les chiffres de l'ONU, et cet arrêt pourrait avoir des conséquences catastrophiques, notamment sur le plan sanitaire, s'inquiète Soumaya Beltifa. Parmi les cargaisons attendues, les tablettes de chlore pour purifier l'eau et éviter la propagation du choléra. « Nous avons 50 000 flacons d'insuline en route par bateau, et qui sont censées arriver à Aden entre le 12 et le 15 novembre. L'insuline sauve des vies ; il faut respecter la chaîne du froid et si le blocus est maintenu, ce ne sera pas le cas. Le CICR est la seule organisation depuis l'an dernier à ramener de l'insuline au Yémen », s'alarme Mme Beltifa.

 

 

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commentaires (1)

D'abord ce ne sont pas les arabes qui ont voulu intervenir dans la guerre mais bien le coup d’état militaire qui y a eu lieu contre un Président légalement et constitutionnellement élu. Donc il ne faut pas dire: "Après deux ans et demi de guerre, le pays continue de subir de plein fouet les conséquences désastreuses de l'intervention de la coalition arabe" mais "Après deux ans et demi de guerre, le pays continue de subir de plein fouet les conséquences désastreuses du coup d’état des Houthis et de Saleh". S'ils n'avaient pas les moyens de leur politique et pensaient que les pays Arabes vont se laisser encercler par l'Iran les voici acculés au "Si nous savions" de notre barbu local. Comme d'habitude ce sont les peuples qui trinquent. A eux de réagir pour mettre fin a une telle situation en retournant a la légalité constitutionnelle. Ça ira alors très vite...

Pierre Hadjigeorgiou

11 h 54, le 10 novembre 2017

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Commentaires (1)

  • D'abord ce ne sont pas les arabes qui ont voulu intervenir dans la guerre mais bien le coup d’état militaire qui y a eu lieu contre un Président légalement et constitutionnellement élu. Donc il ne faut pas dire: "Après deux ans et demi de guerre, le pays continue de subir de plein fouet les conséquences désastreuses de l'intervention de la coalition arabe" mais "Après deux ans et demi de guerre, le pays continue de subir de plein fouet les conséquences désastreuses du coup d’état des Houthis et de Saleh". S'ils n'avaient pas les moyens de leur politique et pensaient que les pays Arabes vont se laisser encercler par l'Iran les voici acculés au "Si nous savions" de notre barbu local. Comme d'habitude ce sont les peuples qui trinquent. A eux de réagir pour mettre fin a une telle situation en retournant a la légalité constitutionnelle. Ça ira alors très vite...

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 54, le 10 novembre 2017

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