Joseph Élias Saadé, inoubliable ami

Je t'ai peu vu, mais depuis longtemps connu.
Tu étais l'incarnation de cette vertu si rare de nos jours : l'eutrapélie, qui est l'art de la plaisanterie et de la bonne humeur.
Prince des histoires drôles, tu ne laissais jamais personne indifférent ; mes garçons, aujourd'hui adultes, continuent de me rappeler le passage d'Abouzzouz à la maison ; ils n'étaient, alors, que de tout jeunes enfants.
Ta maîtrise du piano n'avait d'égale que ton talent à pousser la chansonnette à la première occasion. Ta voix inoubliable qui avait retenti à mon mariage, j'ai la chance aujourd'hui de pouvoir l'entendre et la réentendre puisqu'elle imprime beaucoup de mes DVD souvenirs.
Après un très long silence, cette voix, je l'ai à nouveau entendue dernièrement, quand tu m'as appelé au début de l'été pour m'annoncer ta maladie. Il m'a été difficile de croire à cette sale histoire, tu ne m'avais habitué qu'aux plus belles et qu'aux plus drôles.
Plusieurs fois après, j'ai essayé de te joindre, sans succès.
Au téléphone, tu m'avais dit souffrir mais résister et te battre contre ce sournois ennemi.
Tu m'avais laissé triste mais confiant. Je pensais qu'un grand gaillard comme toi, si fort, si drôle et si aimant, ne pouvait et ne voulait pas partir maintenant.
Tu avais encore tant d'amour à donner et tant d'histoires à raconter.
Que c'est triste quand un être comme toi s'en va !