Rechercher
Rechercher

Liban - Justice

Affaire Bachir Gemayel : le verdict attendu vendredi

Les proches du président assassiné souhaitent une condamnation du PSNS.

Bachir Gemayel lors d’un discours le 16 février 1981. Photo d’archives/« OLJ »

La Cour de justice, présidée par Jean Fahd, doit prononcer vendredi son verdict dans l'affaire de l'attentat qui a coûté la vie, le 14 septembre 1982, à l'ancien président de la République élu Bachir Gemayel, et à 32 autres personnes.


« Trente-cinq ans après l'attentat à l'explosif contre la permanence Kataëb, à Achrafieh (...), il est attendu que la Cour de justice émette un jugement définitif dans cette affaire. La décision sera ainsi rendue après plusieurs audiences qui ont été marquées par les plaidoyers des avocats des martyrs du 14 septembre 1982 contre les coupables en fuite, Habib Chartouni et Nabil Alam, et contre tous ceux qui ont participé à cet attentat dans lequel des dizaines de Libanais ont péri », a déclaré hier le fils du disparu, le député Nadim Gemayel, dans un communiqué publié par son bureau de presse.


Nadim Gemayel, ainsi que les compagnons de Bachir Gemayel au sein des Kataëb, et les Forces libanaises, ont par ailleurs appelé à célébrer « le retour de la justice », à la place Sassine (Achrafieh), vendredi, à 18h30, après la séance judiciaire. Au programme de la soirée, « un festival populaire au cours duquel les participants exprimeront leur espoir de voir s'instaurer un État de droit, après une attente de 35 ans », souligne le communiqué, indiquant en outre que des allocutions seront prononcées à cette occasion.
La Cour de justice, juridiction d'exception dont les jugements sur les crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l'État sont sans appel, et devant laquelle les affaires déférées sont imprescriptibles, avait ouvert le procès il y a moins d'un an, le 25 novembre 2016, à la suite d'une demande présentée en ce sens par Nadim Gemayel, en 2012.

 

(Repère : Il y a 35 ans, Bachir Gemayel était assassiné : retour sur sa vie, son parcours, son héritage)

 

Verdict historique
Le principal accusé, Habib Chartouni, militant du Parti syrien national social, qui avait été arrêté quelque temps après avoir commis son crime, s'était évadé de la prison de Roumieh en 1990. Il fait l'objet d'un acte d'accusation depuis 1996. Le deuxième coupable présumé, Nabil Alam, cadre du même parti, est également en cavale, ou probablement mort. Au cours de la première audience, la Cour de justice a ordonné des recherches pour vérifier la véracité de rumeurs sur le décès de M. Alam à l'étranger, en même temps qu'elle a demandé la notification de M. Chartouni pour qu'il se présente à la barre lors de la deuxième séance fixée au 3 mars 2017. À l'échéance de cette date, la haute juridiction a décidé de le juger par défaut, le prévenu n'ayant pas comparu. Le 28 avril, cette même décision a été émise à l'encontre du deuxième accusé. Le 7 juillet, lors de l'audience consacrée à l'audition des plaidoyers des avocats de l'accusation, le juge Fahd a annoncé que le verdict sera rendu le 20 octobre.


À chacune de ces séances tenues dans l'enceinte du Palais de justice de Beyrouth, des partisans du PSNS se rassemblaient devant le portail du bâtiment. En brandissant des drapeaux de leur parti, ils scandaient des slogans en signe de soutien à leurs camarades inculpés et réclamaient la condamnation des « traîtres sionistes ».


Des sources proches du dossier ont confié à L'Orient-Le Jour qu'elles s'attendent à la condamnation des principaux accusés, Habib Chartouni et Nabil Alam. Selon elles, il s'agit d'un verdict historique qui aura le mérite de rendre la dignité aux Libanais, en montrant que l'impunité n'est plus de mise. À ce propos, l'ancienne députée Solange Gemayel, veuve du président disparu, exprime à L'OLJ son espoir de voir « la justice enfin rendue », souhaitant que « les autorités judiciaires remplissent avec conscience leur devoir de juger, pour donner ses droits à chaque victime ou famille de victime, que celle-ci soit une personnalité politique ou un simple citoyen ».
Mais dans l'affaire de l'assassinat de Bachir Gemayel, comment les sanctions seront-elles appliquées, sachant que les coupables présumés se sont dérobés à la justice ? Une source judiciaire indique à L'OLJ qu'après la publication du jugement de condamnation, Interpol sera chargé de lancer un mandat d'arrêt international contre les criminels.

 

« Acte valeureux et héroïque »...
Dans les milieux proches de la famille Gemayel, on se pose la question de savoir si la Cour de justice se limitera à condamner seulement Habib Chartouni et Nabil Alam, ou si son jugement visera également les commanditaires du crime. Pour eux, le PSNS est en cause, sachant que ses partisans se sont toujours enorgueillis de cet assassinat. Ils affirment à cet égard que Habib Chartouni a été promu au sein de son parti en signe de reconnaissance pour « son acte valeureux et héroïque ». Une autre preuve de l'implication du parti prosyrien est, indiquent-ils, que ses militants affichent leur appui aux inculpés sur de nombreux réseaux sociaux.


Les partisans de Habib Chartouni ont d'ailleurs appelé hier à un nouveau sit-in pour chahuter vendredi la séance finale de la Cour de justice. En outre, pas plus tard qu'hier, un inconnu a placé un écriteau au bas du portrait de Bachir Gemayel, à la la place Sassine, à Achrafieh, sur laquelle on pouvait lire : « Si vous nous condamnez, nous vous condamnerons, si vous nous acquittez nous vous acquitterons. » La pancarte, signée « Il y a un Habib pour chaque traître », a été placée vers 6h30 et ôtée deux ou trois heures plus tard. Elle fait l'objet d'investigations du service de renseignements de la police.


Pour les proches du président disparu, le PSNS devrait être condamné, d'autant qu'« il sévit depuis des décennies ». « Il est responsable de l'assassinat du premier chef de gouvernement, Riad el-Solh, commis en 1951, ainsi que du coup d'État manqué de 1961 », affirment-ils, soulignant que « tout au long de la guerre de 1975, ce parti s'est tenu aux côtés du (régime) syrien ».

 

Lire aussi

Nadim Gemayel : Les détracteurs de la politique de Bachir veulent propager une nouvelle culture politique

La Cour de justice, présidée par Jean Fahd, doit prononcer vendredi son verdict dans l'affaire de l'attentat qui a coûté la vie, le 14 septembre 1982, à l'ancien président de la République élu Bachir Gemayel, et à 32 autres personnes.
« Trente-cinq ans après l'attentat à l'explosif contre la permanence Kataëb, à Achrafieh (...), il est attendu que la Cour de justice émette un...

commentaires (12)

aura t on jamais reponse a la question demandant a savoir POURQUOI cet assassin ne fut pas juge par les tribunaux depuis 1982 ? clairement jamais car il y a non pas anguille ss roche mais baleine !

Gaby SIOUFI

17 h 57, le 19 octobre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (12)

  • aura t on jamais reponse a la question demandant a savoir POURQUOI cet assassin ne fut pas juge par les tribunaux depuis 1982 ? clairement jamais car il y a non pas anguille ss roche mais baleine !

    Gaby SIOUFI

    17 h 57, le 19 octobre 2017

  • L’état de Droit est-il de retour ? Espérons .

    Antoine Sabbagha

    22 h 21, le 18 octobre 2017

  • National-Socialiste a une petite abréviation historique: Na-zi ! si ces hurluberlus n’étaient pas aussi meurtriers, ils nous feraient bien ricaner. Imaginez : quand ils répondent au telephone, ils remplacent notre traditional "Allo" par un tonitruant "Tahya Sourya", j'ai eu le déplaisir de me l’entendre dire au bout de fil et je n'ais pas pu resister a la tentation de répondre "a vos souhaits" (Nachou)

    Lebinlon

    17 h 08, le 18 octobre 2017

  • Je me joins a Mr. Prevost qui a tres bien resume cette affaire.

    Georges Breidy

    16 h 11, le 18 octobre 2017

  • De toute évidence le PSNS est un parti qui doit être aboli/dissous au Liban. En effet il n'a rien de libanais et son idéologie est totalitaire et fasciste.

    Tony BASSILA

    15 h 50, le 18 octobre 2017

  • Le vendredi 20 octobre, les partisans du PSNS (Parti social nationaliste syrien) appelé aussi PPS (Parti populaire syrien) où est le Liban là-dedans, viendront devant le Palais de Justice, en brandissant leur drapeau et leur emblème appelé "Zawbaa" mais réellement, il n'est que la Croix gammée stylisée de leur ami Hitler. D'ailleurs le premier élément de leur idéologie est le fascisme, frère jumeau du nazisme. Le fondateur, Antoun Saadé, accusé de complot contre la sécurité de l'Etat, fut fusillé le 8 juillet 1949 par un peloton d'exécution. En dépit de tout cela, le Hezbollah iranien leur a offert un siège de ministre, dans l'actuel gouvernement... Vous n'êtes pas encore tombés de l'armoire ?

    Un Libanais

    13 h 22, le 18 octobre 2017

  • AVEC UN BACHIR ET UN RAFIC HARIRI LE PAYS NE SERAIT PAS CE QU,IL EST...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 04, le 18 octobre 2017

  • Il est inconcevable que nous ayons des partis au Liban qui ne reconnaissent pas indépendance et al souveraineté du pays et ont clairement une allégeance a un pays étranger. C'est le moment de fermer tous les PSNS, les Baath de tous les bords et avec le temps les Hezbomachins & co. Ce sera la première pierre légale conforme a la constitution qui ouvrira la boite a Pandore pour tous les autres... Le temps le montrera...!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 45, le 18 octobre 2017

  • 35 ans pour avoir le verdict...cela démontre le long chemin de croix que la justice a du traverser. L'histoire du Liban est écrite par le sang des innocents

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 54, le 18 octobre 2017

  • QUE LA JUSTICE CONDAMNE SIELLE EXISTE,,,

    Soeur Yvette

    09 h 47, le 18 octobre 2017

  • QUE LA JUSTICE CONDAMNE LES BRAS ET LES CERVEAUX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 52, le 18 octobre 2017

  • Petite rectification: Habib Chartouni ne s'est pas évadé en 1990, il a été libéré par les forces syriennes. Par ailleurs, je n'ai jamais compris comment on tolère au Liban un parti syrien (qui a, en plus le culot de s'appeler "national").

    Yves Prevost

    06 h 53, le 18 octobre 2017

Retour en haut