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Culture - Récompense

« Si on mêle Jane Austen et Kafka, on obtient un Nobel de littérature »

Consécration de l'écrivain des illusions et de la mémoire, le Britannique Kazuo Ishiguro, auteur de « The remains of the day » (« Les vestiges du jour »), adapté avec succès au cinéma.

L’auteur britannique Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature 2017. Matt Carr/AFP/Getty Images North America

Kazuo Ishiguro, 62 ans, « a révélé, dans des romans d'une puissante force émotionnelle, l'abîme sous notre illusoire sentiment de confort dans le monde », a commenté la secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, Sara Danius, sous les ors de la salle de la Bourse à Stockholm. L'écrivain s'est dit « formidablement flatté » de s'être vu décerner ce prix. « C'est un honneur magnifique, principalement parce que cela signifie que je marche dans les traces des plus grands écrivains de tous les temps, c'est une reconnaissance fantastique », a-t-il déclaré à la BBC.
Qualifié de « chef-d'œuvre » par l'Académie suédoise, son roman le plus connu, The remains of the day (Les vestiges du jour, 1989), a été porté au grand écran en 1993 par James Ivory avec Anthony Hopkins et Emma Thompson et salué par le prestigieux Man Booker Prize qui récompense une œuvre de langue anglaise. « Si on mêle Jane Austen et Kafka, on obtient Kazuo Ishiguro », a ajouté Sara Danius.
Né en 1954 au Japon, à Nagasaki, ville martyre rasée par la bombe H en 1945, Kazuo Ishiguro est arrivé en Grande-Bretagne en 1960 où son père, océanographe, était amené à travailler. Son œuvre témoigne de cette double culture. Zen nippon doublé de flegme britannique, lunettes à monture noire et pull assorti, cet auteur discret qui se rêvait en chanteur pop à textes comme Bob Dylan ou Leonard Cohen passe pour être un des meilleurs stylistes de sa génération, lui dont la langue maternelle n'était pas l'anglais. En 1995, il expliquait être souvent ramené à l'une ou l'autre de ses identités. Ses premiers romans situés au Japon étaient en outre davantage perçus comme des reconstitutions historiques que comme des fictions universelles.
Avec Les vestiges du jour, il espérait en finir. « Je pensais que si j'écrivais un livre situé en Grande-Bretagne, comme je l'ai fait dans Les vestiges du jour, cela s'estomperait largement, mais parce que Les vestiges du jour fixent la Grande-Bretagne dans un moment particulier de l'histoire, je me suis heurté aux mêmes écueils », déplorait-il dans un entretien avec l'International Herald Tribune.

Domination anglophone
Kazuo Ishiguro confirme l'écrasante domination des anglophones au palmarès du prix Nobel de littérature, avec 29 lauréats contre 14 francophones. Son nom avait été complètement ignoré par les cercles littéraires. « C'est totalement inattendu. Son nom a été avancé pendant longtemps, mais pas cette année », a reconnu son éditrice suédoise à la radio publique SR.
Le sacre de Bob Dylan l'an dernier avait ravi ses fans et mécontenté les gardiens du temple Nobel. Les académiciens suédois étaient très attendus par une partie de la critique qui n'avait pas digéré le sacre de l'Américain.
Tandis que le Nobel échappe édition après édition à des écrivains ou poètes aussi établis que Philip Roth, Margaret Atwood, Claudio Magris, Adonis, Milan Kundera et Haruki Murakami, les immortels suédois avaient stupéfié en faisant entrer le pape de la contre-culture américaine au Parnasse universel des belles lettres. D'autant que celui-ci, avare d'apparitions publiques, avait mis plusieurs semaines avant de réagir et s'était fait représenter pour les cérémonies de remise du prix le 20 décembre à Stockholm.
Décerné pour la première fois en 1901 (à l'écrivain français Sully Prudhomme), le Nobel de littérature a récompensé, pour l'immense majorité de ses 114 récipiendaires, des romanciers, de sexe masculin (14 femmes seulement), âgés en moyenne de 65 ans. La littérature est le quatrième des Nobel annoncés chaque année début octobre.

Camille BAS-WOHLERT/AFP

Kazuo Ishiguro, 62 ans, « a révélé, dans des romans d'une puissante force émotionnelle, l'abîme sous notre illusoire sentiment de confort dans le monde », a commenté la secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, Sara Danius, sous les ors de la salle de la Bourse à Stockholm. L'écrivain s'est dit « formidablement flatté » de s'être vu décerner ce prix. « C'est un...

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