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Liban - Sécurité

Après des affrontements meurtriers, la prolifération des armes illégales montrée du doigt à Saïda

Au lendemain de heurts qui ont fait deux morts et deux blessés, la capitale du Sud en émoi réclame « qu'aucune pression » politique ne permette la libération des criminels.

La ville de Saïda lundi dans la nuit, lors des affrontements. Photo an-Nahar

Deux morts, Siraj Assouad et Ibrahim Janzouri, et deux blessés, tous palestiniens ; des cafés, commerces et générateurs saccagés et brûlés ; des habitants inquiets et une ville en émoi qui dénonce le règne des mafias politiques des générateurs et la prolifération des armes ; six personnes arrêtées.

Tel est le lourd bilan d'un règlement de comptes qui a opposé à Saïda, dans la nuit de lundi, des éléments armés de deux factions politiques alliées, toutes deux proches du Hezbollah : celle du cheikh sunnite Maher Hammoud et celle du Mouvement nassérien de l'ancien député Oussama Saad. Et ce sur fond d'installation d'un générateur de quartier et d'une lutte de pouvoir.

Deux mois à peine après une querelle entre des membres de ces deux formations qui avait dégénéré et fait des blessés, et qui avait pris fin grâce à une médiation du Hezbollah, Saïda était de nouveau en proie aux débordements sécuritaires, avant-hier. Ce qui a nécessité l'intervention de l'armée libanaise et des Forces de sécurité intérieure, mais aussi celle du Hezbollah. Les dignitaires politiques de la ville, plus particulièrement les députés Bahia Hariri et Fouad Siniora, représentant le courant du Futur, ont rapidement adressé un cri d'alarme au Premier ministre et au ministre de l'Intérieur, accusant sans le nommer le parti de Dieu et dénonçant la prolifération des armes illégales dans la capitale du Sud. De son côté, le député Ali Adel Osseirane, du bloc berryste, a également dénoncé « la prolifération des armes illégales » et appelé les autorités « à faire appliquer la loi ».

 

(Lire aussi : Affrontements armés à Saïda : le conseil de sécurité local appelle à plus de fermeté)

 

Réuni en urgence à Saïda, sous la présidence du mohafez du Sud, Mansour Daou, le conseil de sécurité régional, a alors pris l'affaire en mains.

Pour mieux comprendre la situation, cinq partis et formations politiques se partagent la capitale du Sud, le courant du Futur, la Jamaa islamiya, Abderrahmane Bizri, le Mouvement nassérien d'Oussama Saad et enfin le cheikh Maher Hammoud. Trois de ces mouvements sont réputés proches du Hezbollah, mais « plus particulièrement les deux formations dirigées par Oussama Saad et le cheikh Hammoud », affirme une personnalité proche du dossier. Elles sont composées de jeunes habitants sunnites de Saïda, libanais et palestiniens. Depuis 2011, « le Hezbollah œuvre à développer les Brigades de la résistance à Saïda au détriment des jeunes habitants », soutient-elle. « De jeunes Libanais et Palestiniens de confession sunnite sont donc recrutés, payés et soutenus par le Hezbollah comme gardes du corps de personnalités alliées du parti chiite. Ils portent le nom de Brigades de la résistance. » Et de préciser que c'est le cheikh Maher Hammoud qui est aujourd'hui « chargé du financement de ces brigades ».

 

(Lire aussi : Affrontements armés à Saïda : les auteurs arrêtés par l'armée)

 

Cinq zones de contrôle
Saïda et ses 13 quartiers sont donc aujourd'hui divisés en cinq parties. « Chaque quartier étant sous le pouvoir et le contrôle d'un des cinq partis politiques », selon la source précitée. La répartition du courant électrique par générateurs de quartier répond aux mêmes divisions. À titre d'exemple, un quartier sous le contrôle du Mouvement nassérien sera alimenté par un générateur électrique géré par un membre du même parti. C'est pour avoir tenté de déroger à cette règle tacite que certains ont provoqué des débordements sécuritaires, dans la nuit de lundi.

Dans les détails, la scène s'est déroulée dans le quartier baptisé Barrad (réfrigérateur). « Saleh Chéhadé, un distributeur de courant électrique proche du Mouvement nassérien, tentait d'installer un nouveau générateur dans une zone placée sous le contrôle de Walid Siddik, proche du cheikh Hammoud. » Mais ce dernier l'en a empêché. La réponse a été prompte. « Chéhadé a dépêché son frère et son fils qui ont tiré sur les hommes de Siddik, faisant 4 victimes », poursuit la personnalité. Des représailles ont aussitôt suivi. Les hommes de Siddik « ont incendié les deux cafés » appartenant à Chéhadé, ainsi qu'un générateur de quartier installé à Bawabet el-Faouqa, derrière le parking de l'église maronite de Saïda. Ils ont aussi « saccagé des commerces » appartenant à Ibrahim Farran, proche de Chéhadé (qui avait participé aux affrontements). « Ce n'est certes pas la première fois que ces deux formations s'affrontent, mais c'est bien la première fois que ces querelles prennent de telles proportions », constate la personnalité proche du dossier. Et d'observer que « Saïda ressemblait à un théâtre de guerre, la nuit. Les routes étaient fermées. Des pneus brûlaient ».
« Il aura fallu l'intervention de l'armée libanaise pour que les choses se calment, fait remarquer l'expert. Il aura surtout fallu l'intervention de Wafic Safa, responsable du comité de liaison du Hezbollah, qui a contacté Oussama Saad et le cheikh Maher Hammoud, leur demandant expressément de mettre fin aux affrontements. »

Face à ces débordements sécuritaires, la ville de Saïda et nombre de ses représentants comme le courant du Futur réclament que les personnes arrêtées par les services de renseignements de l'armée « soient maintenues en état d'arrestation ». Il s'agit du tireur Omar Chéhadé (palestinien) et des participants Abdel Hussein Saleh (libanais), Moustapha et Ahmad Chéhadé, Mahmoud Abou Rached, Ibrahim Farran et Iyad Wehbé, tous palestiniens. « Il ne faut pas permettre à certaines parties d'intervenir pour la libération des responsables de la tuerie », martèle la source proche du dossier. Autre revendication de la ville, « confisquer les armes illégales aux mains de ces formations » et, enfin, « mettre en place un mécanisme réglementant la distribution de courant électrique par les générateurs de quartier, qui permette d'empêcher le règne des mafias et l'exclusivité instaurée ». L'ordre régnera-t-il enfin à Saïda ?

 

Pour mémoire

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Deux morts, Siraj Assouad et Ibrahim Janzouri, et deux blessés, tous palestiniens ; des cafés, commerces et générateurs saccagés et brûlés ; des habitants inquiets et une ville en émoi qui dénonce le règne des mafias politiques des générateurs et la prolifération des armes ; six personnes arrêtées.
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commentaires (6)

Les autres nations avancent dans la modernité et le progrès, alors que chez nous au Liban on recule...recule vers l'âge de pierre...celui au cours duquel on se tapait dessus pour un territoire, un butin etc...pour survivre...quoi ! Irène Saïd

Irene Said

15 h 49, le 04 octobre 2017

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Commentaires (6)

  • Les autres nations avancent dans la modernité et le progrès, alors que chez nous au Liban on recule...recule vers l'âge de pierre...celui au cours duquel on se tapait dessus pour un territoire, un butin etc...pour survivre...quoi ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 49, le 04 octobre 2017

  • De loin depasse l'age de pierre ... Ce pays semble avoir atteint le niveau record de la vie monocellulaire. Le Guinness Book est encore une fois fin pret a nous recevoir.

    Remy Martin

    13 h 16, le 04 octobre 2017

  • ce n'est qu'une reprise du film " le parrain " , qui des capos controle quoi ! et c'est au " capo di toutti di capi "" donc nasrallah d'avoir mot de la fin il est a noter que meme les mafieux de chez nous ont recours a la "main 'd'oeuvre" etrangere - palestiniens en l'occurence. Mondialisation Oblige quoi !

    Gaby SIOUFI

    11 h 06, le 04 octobre 2017

  • ce n'est plus le moyen âge c'est l'âge de pierre et presque du "feu"

    yves kerlidou

    08 h 53, le 04 octobre 2017

  • QUAND LA BELLE EST DISPUTEE PAR PLUSIEURS PRETENDANTS MAIS ENLEVEE ET ACCAPAREE PAR UN SEUL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 45, le 04 octobre 2017

  • Peut-on espérer - ou bien n'est-ce qu'un rêve? - que les auteurs de ces crimes seront jugés et châtiés? de même ceux qui les ont armés.

    Yves Prevost

    07 h 22, le 04 octobre 2017

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