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Liban - Bureau de lutte contre la cybercriminalité

Lutte contre la cybercriminalité : Suzanne Hajj démise de ses fonctions pour « non-obéissance aux instructions »

Un « like » sur Twitter au sujet d'une plaisanterie sur les Saoudiennes serait l'une des causes de son limogeage.

Sur les réseaux sociaux, certains internautes partagent depuis deux jours des photos du commandant Hajj pour exprimer leur solidarité avec elle. Photo tirée de Facebook

Le commandant Suzanne Hajj, directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure, a été démise de ses fonctions en début de semaine et remplacée par le commandant Albert Khoury. Mme Hajj a été transférée au bureau du directeur général des FSI, Imad Osman, après qu'une réaction sur Twitter l'a fait tomber en disgrâce aux yeux des autorités.
Sur le réseau social, Mme Hajj avait « liké », donc réagi positivement, à une plaisanterie douteuse, postée il y a quelques jours par l'humoriste Charbel Khalil sur les femmes saoudiennes. Rapidement, le commandant Hajj avait néanmoins annulé son « like ». « La nouvelle de l'autorisation des femmes à conduire en Arabie saoudite est tronquée. Elles ont seulement été autorisées à conduire des voitures piégées », avait écrit M. Khalil sur son compte Twitter.

Peu après avoir été démise de ses fonctions, Mme Hajj aurait présenté, selon certains médias, un recours en justice contre Ayoub News, un site d'informations se présentant comme étant indépendant et qui aurait publié une capture d'écran montrant le « like » du commandant sur Twitter. Mme Hajj aurait expliqué avoir réagi au tweet de Charbel Khalil avant de l'avoir lu jusqu'à la fin. Elle aurait retiré sa réaction une fois qu'elle se serait rendu compte qu'il s'agissait d'un commentaire « négatif ».

 

Des comportements « qui ne sont pas dignes des FSI »
Une source autorisée au sein des FSI affirme néanmoins à L'Orient-Le Jour que l'affaire du tweet n'a été que la goutte qui a fait déborder le vase. « Le tweet n'est pas l'unique raison pour laquelle Suzanne Hajj a été démise de ses fonctions. La réaction à ce tweet n'est qu'un comportement parmi d'autres qui ne sont pas dignes d'officiers des FSI », indique le responsable. « Le commandant Hajj n'a pas obéi aux instructions à l'occasion de plusieurs interventions sur les réseaux sociaux, qu'il s'agisse de photos, d'avis ou de commentaires. Nous avons beaucoup de restrictions dans notre métier et il nous faut toujours des autorisations de nos supérieurs pour nous exprimer. Mme Hajj a été notifiée plusieurs fois de la nécessité de changer de comportement », souligne le responsable, qui précise que le commandant a déjà fait l'objet d'une sanction disciplinaire il y a quelques mois pour le même sujet.

Interrogé par L'OLJ, un militant de la société civile qui a requis l'anonymat estime, pour sa part, que la vraie raison derrière la prise de sanction contre Mme Hajj n'a sans doute pas été révélée. « Quelque chose n'est pas clair dans cette histoire, et je doute que ce soit uniquement une affaire de publications sur les réseaux sociaux, dit la source. Au Liban, les attributions de postes ne se font pas rapidement. Or le successeur du commandant Hajj a été tout de suite nommé, ce qui veut sans doute dire que cette nomination était déjà planifiée depuis un moment. »
Contactée par L'Orient-Le Jour, Mme Hajj s'est refusée à tout commentaire, affirmant « ne pas être autorisée à (se) défendre ».

 

« Discrimination »
Joëlle Rizkallah, cofondatrice de l'ONG Women in Front qui lutte pour la représentation des femmes dans la vie politique, évoque pour sa part une « discrimination » à l'égard du commandant Hajj.
« Tout le monde fait des erreurs, mais, quand on corrige immédiatement, on mérite une seconde chance. Il est clair qu'on attendait Suzanne Hajj au tournant. Elle a été victime de discrimination. Un homme dans la même situation aurait sûrement été protégé par quelqu'un, estime-t-elle. Les actes discriminatoires envers les femmes augmentent de jour en jour. Il faut une décision gouvernementale et nationale pour les protéger. »

Les réactions des internautes ne se sont pas fait attendre et beaucoup ont utilisé le hashtag « Le "like" par erreur n'est pas un crime » pour soutenir le commandant Hajj et la liberté d'expression. « Celui qui tend un piège aux citoyens finit par tomber lui-même dedans, mais nous allons être solidaires, même avec vous », a écrit pour sa part Lucien Bourjeily, militant de la société civile, en référence aux dizaines d'arrestations effectuées par le bureau de Mme Hajj à la suite de publications jugées illicites sur les réseaux sociaux.

Le commandant Suzanne Hajj, directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure, a été démise de ses fonctions en début de semaine et remplacée par le commandant Albert Khoury. Mme Hajj a été transférée au bureau du directeur général des FSI, Imad Osman, après qu'une réaction sur Twitter l'a fait tomber en disgrâce aux yeux des...

commentaires (7)

Cybercriminalité???? risible.

Christine KHALIL

11 h 21, le 05 octobre 2017

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Commentaires (7)

  • Cybercriminalité???? risible.

    Christine KHALIL

    11 h 21, le 05 octobre 2017

  • comme d'habitude on peut taper sur le Hezbollah et l'Iran, mais oser critique les saudis, leur roi et leur pays!!!! une atteinte aux libertés de critiqués et de se moquer mais cela m'étonne plus avec ces soi-disant souverainistes qui viennent courir chez leurs maîtres à Ridah

    Talaat Dominique

    21 h 55, le 04 octobre 2017

  • ouch...l'arroseur arrosé

    Khalil S.

    16 h 57, le 04 octobre 2017

  • Un pays indépendant égale citoyens libres. Ce qui est considéré dans les pays indépendants, de l'humour et de banalité, cela a couté la place d'une citoyenne, au Liban.

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 42, le 04 octobre 2017

  • Aie, dans tout pays tribal arabe bien sûr on ne pardonne pas à la femme . Même la liberté d’expression est masculine au Liban . Triste .

    Antoine Sabbagha

    16 h 36, le 04 octobre 2017

  • POURQUOI -LE COMMANDANT- ET PAS -LA COMMANDANTE- ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 34, le 04 octobre 2017

  • Le Liban glisse lentement mais surement vers un régime totalitaire et dictatorial, ou une simple petite erreur coûte son poste à une employée. On se croirait en USSR des années de la guerre froide ou du goulag. On doit désormais faire mille comptes avant de publier quoi que ce soit, sous peine d’être renvoyé ou mis en prison. Les exemples récents en ce sens ne manquent pas. Pauvre Liban et pauvres libanais!

    Adonis Le Phénicien Cananéen

    05 h 38, le 04 octobre 2017

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