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Lifestyle - Beirut Art Fair 2017

Un vent de liberté pour une débauche de formes et de couleurs...

Pour la huitième édition de la foire, l'esprit est à la vivacité extrême et à la liberté, dans un monde arabe asphyxié par le silence, pollué par la perversion politique, bâillonné par les tabous sexuels et paralysé par les guerres et l'émigration massive. Beyrouth, à travers l'art, est le tremplin qui donne une voix pour s'exprimer et respirer à pleins poumons. Et ça, c'est vengeur et salutaire.

Les photographies peintes de la Française Elen Usdin.

C'est déplorable que les six ou sept mille visiteurs venus s'engouffrer au BIEL, pour le soir d'inauguration de la Beirut Art Fair, soient rentrés à tâtons dans une obscurité qui fait trébucher sur de grands blocs en béton et des routes poussiéreuses d'un chantier qui s'éternise...

Cela dit, 51 galeries de 23 pays ont, dans une fièvre de nouba culturelle et de fiesta picturale, ouvert grandes leurs portes sur des univers différents et divers qui ont pour ombrelle le monde arabe. Mais les dérives et les digressions sont nombreuses et tant qu'à faire, tout rentre et s'insère dans ce chaotique désordre...

Un carrousel vertigineux et chatoyant dans cet ensemble d'œuvres et d'artistes qui empruntent les langages plastiques les plus pointus, les plus modernes, les plus contemporains. Mais il y a aussi certaines galeries qui présentent aussi des œuvres restées dans les années soixante comme un aide mémoire à ce qui fut la gloire d'avant-guerre...

Si l'on s'arrête perplexe devant les nudités féminines et masculines ainsi que des scènes homosexuelles sans voile ni fard, les destructions de la guerre sont omniprésentes, les images des déportés et migrants affleurent sans cesse, le drame de vivre se lit sur les portraits croqués en tout objectivité de personnages marqués par la cruauté du destin. Présence aussi d'abstractions aux lectures multiples et qui renvoient aux fantasmes, aux rêves, aux obsessions harassantes, au besoin d'évasion entre lacis de traits et foisonnement de couleurs...

 

(Lire aussi : Beirut Design Fair an I : une bonne initiative, qui devra faire ses preuves)

 

C'est avec plaisir qu'on retrouve les cadastres et topographies sublimes d'Assadour, les 49 dessins-illustrations en encre sur papier d'une limpide transparence de l'Algérien Rachid Koraïchi, ébloui et presque apaisé de ses troubles de santé par la lecture du livre culte Le Prophète de Gibran.

Mais il y a aussi des fautes de goût dans ce parcours foisonnant : l'œuf de dinosaure argenté en gruyère de Bassam Kyrillos, le tapis saoudien aux motifs fleurettes classique avec une superwoman les jambes en l'air ou le terne paysage aquarellé tchèque...

Dans cette ronde étourdissante, les deux piliers, pour un moment de méditation, de vérité et de révélation du monde arabe et d'une certaine spiritualité éthérée, sont les espaces réservés à « Ourouba » et Rachid Koraïchi prolongeant la vision de l'auteur des Ailes brisées. Deux axes fondateurs de cet édifice. Si le premier est non seulement un virulent réquisitoire et plaidoirie pour le monde arabe, avec ses 378 millions d'habitants, sa langue commune et sa force motrice et productive, le second demeure un livre ouvert pour l'appel du large, l'épanouissement de soi et l'harmonie avec les êtres et l'environnement.

Dans ce tourbillon d'images, comme une centrifugeuse qui malaxe et broie tout à son passage, l'essentiel est Beyrouth qui offre ce bol d'oxygène dans un cadre géopolitique étouffant où tout est réduit au silence par la force des dictatures, des lois, des armes, des États policés, des oligarchies retorses et obtuses.
Avec cette foire délurée et débridée, même si tout n'y est pas égal (comment cela aurait-il pu l'être ?), Beyrouth peut se targuer, malgré ses manques, ses désinfrastructures, ses défaillances, son essence marchande, d'être une vraie reine. Et ce n'est pas pour rien que tous les poètes et les musiciens l'ont clamé et chanté. Aujourd'hui, c'est le tour des plasticiens.

 

 

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