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Liban

Les clivages politiques remontent à la surface

Gebran Bassil fustige des tentatives de court-circuiter les réformes électorales.

Selon Nabih Berry, la page de la partielle est tournée.

C'est pratiquement une patate chaude que le président de la Chambre, Nabih Berry, a jetée dans les mains des forces politiques, en annonçant lui-même mardi que son bloc parlementaire compte présenter à la Chambre une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence pour l'organisation d'élections parlementaires anticipées, avant le 31 janvier prochain.
À l'exception du CPL, qui s'est empressé d'exprimer vivement son hostilité à ce projet, la plupart des forces politiques se sont gardées de toute réaction, en attendant de comprendre les vraies motivations de l'initiative berryste, pendant que la proposition de loi faisait son chemin vers l'hémicycle. Hier, le texte a été soumis au bureau de la Chambre, après avoir été signé par dix députés, et a été inscrit à l'ordre du jour de la prochaine réunion parlementaire. Celle-ci aura lieu en principe la semaine prochaine ou, au plus tard, après la commémoration de la Achoura, soit durant la première semaine d'octobre, Nabih Berry ayant décidé d'intensifier les réunions parlementaires avant la fin de l'année, notamment durant la session ordinaire d'automne qui s'ouvre, comme on le sait, le premier mardi après le 15 octobre.
Toujours est-il que l'initiative du président de la Chambre, qu'il a d'ailleurs justifiée par la controverse autour de la carte biométrique (voir par ailleurs) et la crainte d'un cafouillage qui mènerait à terme à une nouvelle rallonge du mandat – déjà par deux fois prorogé – de l'Assemblée de 2009, a été très mal accueillie par le CPL du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil. Celui-ci s'est empressé de la houspiller parce qu'il y a vu une attaque directe à une réalisation dont se targue son parti. De Houston où il se trouvait lundi soir (mardi matin, heure de Beyrouth), il a contre-attaqué, s'attirant une vive réplique du bloc Berry. Un échange qui augure d'un nouveau bras de fer politique et qui met surtout en relief la méfiance qui commande les rapports entre les parties politiques.
S'adressant aux Libanais de Houston durant un dîner organisé dans cette ville du Texas en son honneur par l'ambassade du Liban, Gebran Bassil a sans ambages fait état d'« une tentative de tuer l'espoir au Liban », en mettant au même rang l'organisation d'élections anticipées et une rallonge du mandat du Parlement. Soulignant que son parti était opposé à celle-ci, il a indiqué qu'il avait « fini par accepter la prorogation à condition que trois réformes électorales soient adoptées : les cartes d'électeur magnétisées qui empêchent la fraude et barrent la voie à l'argent politique, la carte biométrique qui permet aux Libanais de voter dans leur lieu de résidence et le droit des émigrés au vote ». Après avoir expliqué qu'une prorogation du mandat parlementaire (jusqu'en mai prochain) se justifiait ainsi parce qu'il fallait plusieurs mois pour réaliser ces réformes, M. Bassil a vu dans l'appel à des élections anticipées une « tentative de porter un coup à celles-ci ». « Certains veulent proroger le mandat de la Chambre et d'autres l'écourter rien que pour court-circuiter les réformes, comme si celles-ci posaient un problème. (...) Nous continuerons d'avancer et personne ne pourra nous ramener en arrière », a-t-il martelé.
Des propos qui n'ont pas plu au bloc Berry : « Nous craignions que vous n'affirmiez que vous avez été le premier à proposer (des élections anticipées). Maintenant que vous les contestez, nous savons que notre proposition est opportune, réaliste et nécessaire », a déclaré le député Hani Kobeyssi, membre du bloc Berry, lors d'une conférence de presse place de l'Étoile, en marge de la réunion parlementaire. Il a fait état d'une velléité de prolonger le mandat de la Chambre pour la troisième fois, « ce que nous refusons ». Le député a réitéré qu'il sera impossible de terminer l'impression des cartes biométriques avant mai 2018, d'où l'appel à des élections anticipées. La deuxième rallonge du mandat parlementaire perd de ce fait sa raison d'être et justifie des élections anticipées qui, dit-on dans les milieux de Nabih Berry, peuvent être organisées en maintenant les autres réformes proposées, dont notamment le vote des émigrés ou encore le vote dans les lieux de résidence.

Hariri monte sur ses grands chevaux
Certes, ces réformes avantagent le tandem Berry-Hezbollah qui redoute un nouveau forcing en faveur d'une troisième rallonge parlementaire, pour les mêmes motifs qui expliquent les atermoiements dans l'organisation de la partielle à Tripoli et dans le Kesrouan, à savoir l'incertitude quant aux résultats du vote.
Nabih Berry n'a pas hésité d'ailleurs à annoncer, non sans ironie, au cours de la réunion parlementaire, que la page de la partielle a été « bel et bien tournée », enfonçant davantage le clou dans une affaire qui commence à faire remonter à la surface les clivages politiques : d'un côté le CPL et le courant du Futur, de l'autre Amal et le Hezbollah. Ceux-ci sont apparus, place de l'Étoile, à la faveur des interventions parlementaires qui ont dans le même temps mis en relief un important scepticisme quant à la possibilité que les cartes électorales magnétiques, et encore moins les cartes d'identité biométriques, décidées en Conseil des ministres, soient prêtes avant mai. Un scepticisme que le chef du gouvernement, Saad Hariri, a balayé non sans humeur, en répondant dans le même temps aux députés qui ont accusé le gouvernement de violer la Constitution parce qu'il ne semble pas vouloir organiser des élections partielles à Tripoli et dans le Kesrouan : « Nous avons pris la décision d'adopter la carte biométrique. Nous l'appliquerons et nous en sommes capables », a asséné le Premier ministre, qui semblait dans le même temps répondre à l'argumentation développée par Nabih Berry pour expliquer son appel à des élections anticipées. « Pourquoi personne n'a réclamé une partielle lorsque le député Robert Fadel a présenté sa démission ? Qu'est-ce qui justifie tout ce boucan aujourd'hui ? Effectivement, le fait de ne pas organiser une partielle représente une violation de la Constitution, mais pourquoi personne n'a réagi plus tôt ? » s'est-il insurgé.
Le courant du Futur n'est pas de toute évidence en faveur d'élections anticipées, comme le montrent les propos tenus hier par un de ses membres, le député Atef Majdalani, qui a estimé, dans une intervention à la radio, qu'une consultation populaire anticipée « ne permettra pas de mettre en application les réformes décidées ». Sans s'exprimer ouvertement contre la proposition Berry, il a affirmé qu'il est « nécessaire au préalable de voir à quel point les forces politiques s'adaptent à la nouvelle loi électorale (qui prévoit un mode de scrutin mixte, alliant les deux modes proportionnel et majoritaire) et si les réformes qu'elle préconise peuvent être réalisées en trois mois ». Il a annoncé que son bloc parlementaire fera connaître sa décision officielle au terme de sa réunion parlementaire (aujourd'hui) durant laquelle il compte examiner la proposition Berry, inapplicable pour certains, parce que, techniquement, elle ne tient pas compte des délais prévus par la Constitution pour la tenue des législatives, notamment pour la convocation du collège électoral, et ne donne pas le temps aux forces politiques de se préparer pour le scrutin. Il est vrai qu'on n'est pas à une violation près de la Loi fondamentale, mais dans l'initiative Berry, ce sont les messages politiques que ce dernier souhaite véhiculer qui, plus que le fait lui-même, occupent les milieux politiques.

C'est pratiquement une patate chaude que le président de la Chambre, Nabih Berry, a jetée dans les mains des forces politiques, en annonçant lui-même mardi que son bloc parlementaire compte présenter à la Chambre une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence pour l'organisation d'élections parlementaires anticipées, avant le 31 janvier prochain.À l'exception du CPL, qui...

commentaires (2)

D,INTERET PERSONNEL ET DE PARTI !

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

11 h 55, le 20 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • D,INTERET PERSONNEL ET DE PARTI !

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    11 h 55, le 20 septembre 2017

  • repetition : qu'est ce qui empecherait la tenue des elections MEME SI les cartes n;etaient pas pretes etre distribuees, donc avec passeport ou carte d'identite? RIEN - RIEN N'EMPECHE et puis, clivages..... mais Ce n'est que le jeux politique non ? que les anti fassent la preuve de leur pouvoir en nombre de vote contre

    Gaby SIOUFI

    10 h 56, le 20 septembre 2017

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