Même si la guerre en Syrie n'est pas encore terminée et que d'importantes batailles se déroulent actuellement sur de nombreux fronts, la reconstruction est désormais le souci majeur de la communauté internationale.
Comme il s'agit d'un immense chantier qui devrait coûter des centaines de milliards de dollars, le monde entier s'y intéresse de près et c'est à qui tentera de rafler les plus gros contrats. Le problème, c'est que le régime syrien, qui est, il faut le reconnaître, un des principaux vainqueurs du terrible bras de fer international, régional et interne qui se déroule en Syrie depuis près de six ans, aura son mot à dire dans le choix des sociétés impliquées dans la reconstruction du pays. Les visiteurs de Damas, devenus soudain plus nombreux et divers, rapportent cette même impression qui veut que les autorités de Damas n'accepteront pas que ceux qu'elles considèrent comme des ennemis de leur pays participent à la reconstruction en tirant des avantages matériels du chantier en perspective.
À une délégation parlementaire italienne en visite à Damas, le président Bachar el-Assad aurait ainsi précisé que tous les pays de l'Union européenne ne seront pas logés à la même enseigne. « La Syrie sera fidèle à ceux qui se sont tenus à ses côtés, aurait dit le président syrien, mais ceux qui ont financé et ont contribué à la guerre qui l'a détruite ne pourront pas obtenir des avantages économiques... » Depuis, de nombreux pays cherchent à interpréter les propos d'Assad. Certains s'empressent de préciser que ce n'est pas lui seul qui décidera avec qui conclure les contrats, puisque c'est l'ONU qui devrait avoir un rôle primordial dans la gestion de ce grand chantier, et d'autres commencent déjà à entreprendre des contacts dans le but de sonder les possibilités.
Le Liban, lui, est divisé sur la question. Sur ce sujet en particulier, le vieux clivage entre 14 et 8 Mars réapparaît, les premiers affirmant publiquement ne pas être intéressés, tout en essayant de voir comment obtenir une part dans les contrats à venir, et les seconds se montrant confiants dans leur implication dans ce vaste chantier en raison de leurs bonnes relations avec le régime syrien, maintenues envers et contre tous.
Mais au-delà des clivages politiques et des intérêts économiques, c'est le Liban en tant qu'État qui doit définir ses choix. En effet, le Liban devrait en principe servir de base arrière du chantier de la reconstruction, en raison de sa proximité avec la Syrie et du fait que les autres pays voisins n'ont pas la même aptitude à accueillir les compagnies internationales chargées de la reconstruction de ce pays. L'Irak est ainsi plus ou moins neutralisé en raison de l'instabilité qui continue d'y régner, la Turquie est rejetée par le régime syrien qui considère que ce pays a largement contribué à planifier et à alimenter la guerre en Syrie. D'ailleurs, le régime syrien s'oppose actuellement à l'idée de permettre à la Turquie de faire partie des observateurs de la trêve dans le nord de la Syrie, selon les dernières propositions faites à Astana. Et la Jordanie n'est pas dotée des lois et des règlements nécessaires pour accueillir des compagnies étrangères qui l'utiliseraient comme base arrière pour le travail en Syrie.
Le Liban est donc théoriquement le plus habilité à remplir ce rôle, mais il faudrait pour cela que les différents responsables soient d'accord sur cette question, sachant que certaines parties refusent jusqu'à ce jour de renouer le dialogue avec les autorités de Damas sur plusieurs dossiers qui intéressent les deux pays. Selon une source gouvernementale, le principal dossier évoqué par le Premier ministre Saad Hariri au cours de sa dernière visite à Moscou était justement celui de la reconstruction de la Syrie, avec le souci de préserver la part du Liban dans ce chantier, indépendamment des considérations politiques. M. Hariri avait, en effet, et toujours selon la même source, reçu des conseils en ce sens de la part de l'Arabie saoudite qui lui aurait suggéré de se rendre à Moscou puisque le président russe Vladimir Poutine joue actuellement un rôle crucial auprès des autorités de Damas. M. Poutine aurait ainsi promis au Premier ministre du Liban de faire de son mieux en ce sens. Déjà, la plus grande compagnie de transport maritime russe a choisi de considérer le port de Tripoli comme une base régionale pour ses bateaux. Ce qui leur permettrait de transporter les matériaux nécessaires aux chantiers de la reconstruction en Syrie, mais aussi de véhiculer des marchandises vers d'autres pays arabes, comme l'Irak et même l'Arabie saoudite. Le port de Tripoli est en effet le plus habilité à servir de base arrière pour les matériaux et les marchandises destinés à la Syrie, en raison de sa proximité géographique avec ce pays. Dans ce contexte, des compagnies libanaises, dans la Békaa et même ailleurs, se préparent et d'autres font des consortiums avec des compagnies étrangères pour être opérationnelles le moment venu. Mais le déclic dépendra forcément de l'évolution des relations entre le Liban officiel et les autorités de Damas. Or, ce sujet en particulier cristallise aujourd'hui les divisions internes, alors qu'il devient de plus en plus pressant à mesure que les développements en Syrie se dirigent vers plus de stabilité.
Comme il s'agit d'un immense chantier qui devrait coûter des centaines de milliards de dollars, le monde entier s'y intéresse de près et c'est à qui tentera de rafler les...
commentaires (7)
hehe ca si assad reste, et qu'il détient tous les pouvoirs .. n'oublions pas que ce n'est pas l'ONU qui vas reconstruire comme aime nous driver madame Haddad .. se sont les RUSSES ET RIEN QUE LES RUSSES QUI VONT DECIDER arretez de nous prendre pour des imbeciles ce n'est pas assad qui vas decider c'est poutine
Bery tus
15 h 45, le 20 septembre 2017