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Liban - Décryptage

Le double projet de Aoun pour le dialogue et la réconciliation

À la fin de la semaine, le président Michel Aoun se rendra à New York pour participer à la session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies. Le chef de l'État a déjà fait les dernières retouches au discours qu'il compte prononcer devant les dirigeants de la planète, sachant que ce rendez-vous se déroule alors que les événements semblent se précipiter dans la région et dans le monde. La situation en Syrie semble se stabiliser à l'avantage de l'armée syrienne et du régime du président Bachar el-Assad, qui gagne considérablement du terrain et qui laisse présager la fin prochaine d'un long conflit armé. Au Yémen, la coalition dirigée par l'Arabie saoudite est de plus en plus pointée du doigt et mène une guerre sans perspective de victoire, s'enfonçant chaque jour un peu plus dans le bourbier yéménite. L'Irak est actuellement le théâtre des derniers épisodes de la guerre contre l'État islamique. Enfin, entre le Qatar et les autres pays membres du Conseil de coopération du Golfe, la tension est extrême, faisant passer au second plan le conflit historique et religieux entre Riyad et Téhéran.

Dans ce contexte compliqué et mouvant, il est difficile d'adopter une position claire, surtout pour un petit pays comme le Liban, tiraillé entre plusieurs tendances, dépendant de la communauté internationale pour la gestion des nombreux déplacés et réfugiés sur son sol et, en même temps, contraint par les données géographiques et politiques d'avoir de bonnes relations avec son voisin syrien, au risque de déplaire à l'Occident et à ses alliés arabes. Le Liban ne peut pas non plus froisser l'Iran en raison de son influence importante dans la région et à l'intérieur du pays, et il ne peut pas non plus mécontenter l'Arabie saoudite en raison des liens historiques avec ce pays et surtout de la présence de près de 400 000 Libanais dans le Golfe qui y gagnent leur vie et envoient des fonds à leurs familles restées sur place. Pour le Liban, les pièges sont donc multiples, mais Michel Aoun a choisi de les contourner pour insister sur l'importance du Liban, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde, puisqu'il continue d'être un modèle de convivialité et de diversité à une époque de replis identitaires généralisés, qui poussent à la radicalisation et à l'intolérance.

 

(Lire aussi : Guterres : Priorité au renforcement des institutions libanaises et de l’armée)

 

Dans le discours qu'il a lui-même rédigé, le chef de l'État devrait donc insister sur trois points : la guerre contre le terrorisme, à laquelle le Liban a participé activement en étant même le premier pays à avoir éradiqué ce phénomène terrible de son territoire, le poids des déplacés syriens, qui sera aussi largement évoqué au cours de la visite qu'il compte effectuer en France après les Nations unies, et le rôle du Liban dans la région et dans le monde. À cet égard, le président de la République proposera la création au Liban d'un centre permanent de dialogue des civilisations et des religions. Selon le projet qui circule dans les coulisses présidentielles, ce centre devrait être rattaché aux Nations unies et avoir un statut reconnu internationalement. Il pourrait ainsi accueillir des conférences et des rencontres destinées à rapprocher les civilisations et les religions pour contribuer à construire un monde plus ouvert et plus pacifique, tout en étant un recours et un espace de rencontre pour tenter de régler les conflits à travers un dialogue constructif. Il serait aussi destiné à réduire les tensions confessionnelles et religieuses dans le monde. C'est donc un grand projet auquel le chef de l'État tient particulièrement et auquel il réfléchit depuis des années, qui devrait être ainsi soumis aux dirigeants présents aux Nations unies.

 

(Lire aussi : Aoun à l’ONU pour préserver « le Liban, vivier des civilisations et modèle de tolérance »)

 

Dans cette même optique, Michel Aoun pourrait aussi évoquer avec le secrétaire général de l'ONU et avec le secrétaire général de la Ligue arabe (qui sera présent à New York pour la session ordinaire de l'Assemblée générale) la possibilité d'organiser un sommet de réconciliation interarabe à Beyrouth sous la houlette des deux instances. L'idée directrice de ce projet est d'en finir avec les divisions arabes qui nuisent à l'ensemble de la région en l'empêchant de progresser dans le cadre de plans communs, économiques et autres. La Ligue arabe, qui aurait dû être une instance qui rassemble les pays membres, n'est plus depuis plusieurs années qu'un espace de division et d'étalage des dissensions. Le paysage est devenu encore plus compliqué depuis l'éclatement du conflit entre le Qatar, d'une part, et l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, de l'autre. Selon les sources proches du chef de l'État, ce dernier estime que le Liban, qui réussit à joindre les inconciliables et qui parvient à gérer les contradictions internes, régionales et internationales avec plus ou moins de succès, est le lieu idéal pour accueillir une rencontre arabe de réconciliation. Cette idée n'est d'ailleurs pas venue soudainement, elle est le fruit d'une longue réflexion et de nombreuses concertations avec les diplomates et les dirigeants arabes, certains d'entre eux estimant qu'il est nécessaire de faire quelque chose pour mettre un terme à l'état d'effritement du monde arabe. Le projet est certes ambitieux, mais il n'est pas impossible. Il fallait simplement la volonté et la vision du chef de l'État pour songer à le concrétiser...

 

 

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commentaires (4)

Nous ne voulons froisser personne, ni l'Iran, ni l'Arabie saoudite, ni la Syrie, ni l'Irak, ni la France, ni l'Amérique, ni la Corée-du-Nord, ni Malte... Nous exigeons simplement la réciprocité.

Un Libanais

16 h 26, le 15 septembre 2017

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Commentaires (4)

  • Nous ne voulons froisser personne, ni l'Iran, ni l'Arabie saoudite, ni la Syrie, ni l'Irak, ni la France, ni l'Amérique, ni la Corée-du-Nord, ni Malte... Nous exigeons simplement la réciprocité.

    Un Libanais

    16 h 26, le 15 septembre 2017

  • Nous avons un grand président . Phare Aoun est l'homme de la situation actuelle , celle que décrit si admirablement Dame Scarlett , le message d'un liban nouveau , fort , indépendant de ses chaines sordides d'un passé qui ne nous a porté que des conflits à répétition, cycliques, libéré grâce à une résistance qui a su dire NON NON NON à la soumission de ses anciennes fréquentations à l'aveugle, voilà le Liban que notre COMMANDANTE KHENERAL PHARE AOUN va présenter au machin onu .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 32, le 15 septembre 2017

  • INNOCENTER LE REGIME SYRIEN ET CONDAMNER L,ARABIE SAOUDITE EST LE BUT DE CET ARTICLE OU LE BARATIN ET LA DESINFORMATION HABITUELS DE LA CHERE DAME SONT AVANCES A PROFUSION...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 59, le 15 septembre 2017

  • Pour cela j crois qu'il faut se libérer de tout attache des axes et surtout surtout redonner à l'etat toutes ses prérogatives avec la plus importante celle de faire la guerre ou la paix !! Sinon se serait cause perdu

    Bery tus

    06 h 18, le 15 septembre 2017

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