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Nos Lecteurs ont la Parole - Joanna TYAN

Liban, ou l’art de régresser

Encore quelques heures avant le retour des vacances. On attend le pullman qui va nous reconduire à l'aéroport d'Antalya. Région qu'on vient de découvrir. Un semblant de Dubaï dans une forêt de pins. Je croyais que c'était au Liban qu'on avait la plus grande forêt de pins. Mais bien sûr, en bonne Libanaise nombriliste, je trouve qu'on a le meilleur de tout... Cette amertume que j'ai en écoutant notre guide nous dire que des ronds-points et autoroutes, éclairés et fleuris, ont été construits en moins de cinq mois. Ou pire, que la nature est sacrée, la mer, les montagnes... Le tourisme leur assurant des rentrées annuelles de millions de dollars. Ah, j'ai votre attention maintenant !
Et les touriste sont tous là ! Je me demandais ce qui ferait bouger notre peuple botoxé à volonté. Qu'est-ce qui ferait qu'on arrête cette autodestruction ? Qu'importe qui nous gouverne, l'intention destructrice est là.
On poste de belles photos parce que, tout simplement, la pelouse est plus verte là où on l'arrose. Nous, pays de l'or bleu, du gaz, de l'hospitalité, de la sainteté, de la cohabitation... « Humbug » comme dirait Scrooge. Les Marie-Antoinette et les Scrooge qui nous gouvernent. Les acariens de nos vies. Parce qu'on les subit et on les engraissent de notre sang et de nos efforts. On critique constamment. On est collectivement transformés, malgré nous, en une version moindre et désolante de tous nos acquis. Il suffit de conduire. On est humilié tous les jours, tous les jours. Allez au supermarché, promenez vos poussettes sur les trottoirs, priez, envoyez vos enfants à l'école, envisagez leur avenir. Élevez vous-même vos enfants sans vous faire insulter par l'aide de famille de l'amie de votre fille soutenue par l'absence résonnante de celle qui l'emploie.
Même notre rôle de mère est réduit à un changement de ton quand on répond à la question : tu travailles ? Non, pas pour l'instant. En fait, j'aide et je soutiens mon époux.
Je fais de mon mieux pour inculquer une éducation et la bonté à mes petits. Je supporte en silence les embouteillages inexplicables à chaque fois que je dois les accompagner, moi-même, quelque part. Il y a plein de gens comme moi et même des meilleurs qui ont crié haut et fort leurs demandes. Ils en ont payé le prix fort. Peut-être ont-ils été incarcérés, mais ils demeurent plus libres et plus nobles que n'importe quelle personne qui ne peut pas subvenir aux demandes basiques de son peuple. Ces inconnus qu'on respecte face aux connus hérétiques. Un jour, j'avais écrit une phrase qui m'avait marquée : la patience est l'élastique du faible. Les Libanais ne le sont pas, ils sont à l'image de ce père qui a attendu en vain le retour de son fils, de cette mère d'un fils exécuté, de l'époux de cette femme écrasée à Jbeil...
Vous les soldats, notre fierté, portés par nos prières, vous seuls avez donné un peu de consistance à ce pays qui vivote. On pourra tenir un été sans feux d'artifice ou concerts ou festivités, si on a des mesures concrètes en ce qui concerne le recyclage ; une saison sans coupures d'électricité, comme à Zahlé; un pont pour les piétons en face de l'Hôtel-Dieu... Toutes les personnes capables sont écartées, marginalisés. L'art de nous faire régresser... Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est précisément cette nuance qui est l'âme de notre pays : résister autant que possible pour un monde meilleur, certainement pas celui que j'appréhende de retrouver pour la première fois.

Encore quelques heures avant le retour des vacances. On attend le pullman qui va nous reconduire à l'aéroport d'Antalya. Région qu'on vient de découvrir. Un semblant de Dubaï dans une forêt de pins. Je croyais que c'était au Liban qu'on avait la plus grande forêt de pins. Mais bien sûr, en bonne Libanaise nombriliste, je trouve qu'on a le meilleur de tout... Cette amertume que j'ai en...

commentaires (2)

IL FAUT REPUDIER L,ABRUTISSEMENT ET L,HEBETUDE A LA MOUTONS DES PANURGES... ET SE DEFAIRE DE TOUS LES ALIBABISTES DE QUELS RANGS QU,ILS SOIENT ET A QUELLES COMMUNAUTES OU PARTIS QU,ILS APPARTIENNENT !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 17, le 10 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • IL FAUT REPUDIER L,ABRUTISSEMENT ET L,HEBETUDE A LA MOUTONS DES PANURGES... ET SE DEFAIRE DE TOUS LES ALIBABISTES DE QUELS RANGS QU,ILS SOIENT ET A QUELLES COMMUNAUTES OU PARTIS QU,ILS APPARTIENNENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 17, le 10 septembre 2017

  • Le peuple libanais n'a pas encore appris à travailler avec sa diversité ... Le Liban ressemble à une maison à très forte déperdition thermique. Sa chaleur, son énergie sont gaspillés dans presque leur totalité .... Il y a des remèdes à tout ... Pour commencer il faut apprendre à se parler ... Le dialogue .... Est l'affaire de tous les libanais

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 13, le 10 septembre 2017

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