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Moyen Orient et Monde - Conflit

Avancée des forces syriennes à Deir ez-Zor, ultime bastion de l’EI à l’est

La reprise de la ville marquerait une victoire sans précédent pour le régime d'Assad.

Les forces pro-Assad à une quarantaine de kilomètres de Deir ez-Zor. George Ourfalian/AFP

L'étau de l'armée syrienne autour de Deir ez-Zor se resserre. Elle s'approchait hier inexorablement de la ville pour briser le siège imposé par le groupe État islamique depuis plus de deux ans à l'enclave gouvernementale dans cette ville, chef-lieu de la dernière province de Syrie encore aux mains des jihadistes. La perte de la ville de Deir ez-Zor et de sa province riche en pétrole et frontalière de l'Irak sonnerait quasiment le glas de la présence de l'EI en Syrie, trois ans après sa montée en puissance fulgurante dans ce pays. L'organisation extrémiste a déjà perdu plus de la moitié de son bastion de Raqqa, plus au nord, attaqué par des forces arabo-kurdes.

« Défaite stratégique »
Sous une chaleur accablante, les troupes gouvernementales appuyées par l'aviation russe avancent depuis des semaines en direction de Deir ez-Zor. L'armée se trouvait hier après-midi à 3 km de la ville et le gouvernement prépare déjà des convois de vivres pour les habitants de la ville confrontés à une vaste pénurie, a annoncé la télévision syrienne. Et selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les troupes ont atteint la périphérie ouest de la base de la brigade 137, encerclée par l'EI. « La ligne de front de Daech dans l'ouest de la province s'est effondrée à plusieurs endroits, permettant à l'armée d'avancer rapidement et de parvenir à 10 km des forces assiégées », a indiqué à l'AFP une source militaire. « Le siège des troupes gouvernementales sera brisé dans les prochaines heures », a-t-elle ajouté. Selon l'OSDH, les troupes gouvernementales se trouvaient également sur un autre front à 12 km de l'aéroport et ont rouvert la route Deir ez-Zor-Palmyre-Damas, fermée depuis trois ans. Pour sa part, le ministère russe de la Défense a aussi fait état de l'avancée des troupes syriennes avec l'aide des forces aériennes russes. « La déroute de l'EI dans la zone de Deir ez-Zor et la chute (de l'EI) dans laville sera une défaite stratégique pour le groupe international terroriste en Syrie », affirme le communiqué.

 

(Lire aussi : Deir ez-Zor, la der des ders ?)

 

L'armée progresse rapidement pour empêcher toute velléité de la part des Forces démocratiques syriennes – la coalition arabo-kurde appuyée par les États-Unis qui combat l'EI à Raqqa – d'intervenir dans ce secteur. Elle a avancé en direction de Deir ez-Zor à partir de différents fronts ces dernières semaines : à l'ouest depuis la province de Raqqa et au sud depuis celle de Homs.

Les forces gouvernementales se trouvent à moins de 20 km de l'aéroport militaire de Deir ez-Zor, a précisé l'OSDH. Mais la prudence reste le mot d'ordre. « Si l'EI décide de s'accrocher au terrain, il faut se préparer à un combat urbain qui peut être particulièrement long et coûteux », alors que les forces du régime ont déjà essuyé plusieurs pertes dans cette offensive, précise Stéphane Mantoux, agrégé d'histoire et spécialiste du conflit syrien, contacté par L'Orient-Le Jour.

 

Risque d'intervention US
Le gouverneur de la province, Mohammad Ibrahim Samra, cité par l'agence officielle SANA, a assuré hier que les habitants de la ville fêtaient déjà la victoire. « Hier, il y a eu des célébrations à Deir ez-Zor et des réjouissances au sein de toute la population en prévision de la prochaine victoire, alors que l'armée avance vers la périphérie de la ville assiégée », a-t-il dit.

À l'été 2014, l'EI s'était emparé de la plus grande partie de la province de Deir ez-Zor, notamment des champs pétroliers, puis de la majorité de la ville, en chassant ses anciens alliés rebelles et jihadistes d'el-Qaëda. Le siège de la partie gouvernementale de la ville s'est encore resserré au début de l'année quand l'EI a réussi à couper le secteur en deux, séparant l'aéroport militaire au sud de la partie nord.

 

(Pour mémoire : L'alliance soutenue par Washington veut chasser l'EI de Deir ez-Zor)

 

Il s'agit donc pour le régime d'asseoir son contrôle sur la région et de s'orienter vers la frontière irakienne. Mais si la reprise de Deir ez-Zor marquerait une victoire non négligeable pour le régime, « le problème qui va se poser est celui d'une possible intervention américaine, indirecte, par le biais des Forces démocratiques syriennes ou de rebelles lancés sur la rive est de l'Euphrate, vers le sud », souligne Stéphane Mantoux. « Que se passera-t-il en cas de rencontre entre les forces du régime, appuyées par la Russie, l'Iran et ses supplétifs, et les forces appuyées par les États-Unis ? » s'interroge l'expert.

Et l'offensive syrienne n'est pas non plus sans conséquence pour l'EI. Cette poussée vers l'est « met en danger le morceau territorial restant, les wilayas (provinces) d'el-Khayr et d'el-Furat, que l'EI avait transformées en zones de repli » et « le groupe risque donc de perdre le reliquat le plus important de son territoire », ajoute M. Mantoux. Mais l'EI a anticipé ces pertes, en modifiant sa stratégie de communication, s'orientant vers la Libye ou encore les Philippines et en « repassant en mode insurrectionnel et terroriste », nuance-t-il. S'il est difficile de prévoir la marche que compte suivre l'EI dans la région, le groupe pourrait avoir à faire face aux offensives américaines et syriennes simultanément, ce qui le mettrait en grande difficulté. « Reste qu'il peut justement jouer du manque de coordination de ses adversaires qui n'ont pas les mêmes objectifs ni les mêmes alliés », estime le spécialiste. « En outre, sa survie, en Irak pour le moins, est garantie par l'absence de règlement des questions politiques. Parallèlement, les attentats inspirés par l'EI continuent d'ensanglanter le monde, car son idéologie, elle aussi, survivra à la défaite militaire », conclut-il.

 

 

Pour mémoire

La vie est rude pour les Syriens ayant fui l'EI à Deir ez-Zor

L'étau de l'armée syrienne autour de Deir ez-Zor se resserre. Elle s'approchait hier inexorablement de la ville pour briser le siège imposé par le groupe État islamique depuis plus de deux ans à l'enclave gouvernementale dans cette ville, chef-lieu de la dernière province de Syrie encore aux mains des jihadistes. La perte de la ville de Deir ez-Zor et de sa province riche en pétrole et...

commentaires (2)

POURQUOI PAS UN AUTRE ACCORD -HUMANITAIRE- VIA LE HEZBOLLAH ? LES RIGOLADES SE SUIVRAIENT...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 58, le 05 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • POURQUOI PAS UN AUTRE ACCORD -HUMANITAIRE- VIA LE HEZBOLLAH ? LES RIGOLADES SE SUIVRAIENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 58, le 05 septembre 2017

  • personne ne trouve curieux le chemin des vdaech du liban, les menant a ce meme deir ezzor ou ont lieu des batailles feroces, ou,disent les media ils perdront leur dernier bastion en syrie ???? a l'evidence pas ! pourquoi pas ? on parle encore moins-les media- de la position des usa vs leur desir/devoir/de couper a l'iran toute autoroute teheran-liban via l'iraq et la syrie? ou en est on a ce sujet? les usa,comme tjrs-donnaient de faux espoirs a leurs AMIS- que l'iran n'aurait qu'a creuser des tunnels depuis teheran jusqu'au liban... a l'evidence pas ! et pourquoi pas ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 13, le 05 septembre 2017

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