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Moyen Orient et Monde - France / Diplomatie

« Pas d’angélisme » contre « le terrorisme islamiste », annonce Macron

Le président français a dévoilé hier les grandes lignes de sa politique étrangère pour la rentrée.

Le président français s’adressant aux ambassadeurs français, à l’Élysée, hier. Yolan Valat/AFP/POOL

Les détails tant attendus de la politique étrangère française ont été exposés hier par le président Emmanuel Macron. Plaçant la lutte contre le terrorisme au cœur de la diplomatie française, il a assuré qu'il allait redonner à une France « indépendante » son rang dans le monde, dans son premier discours de politique étrangère devant les diplomates français. « La sécurité des Français est la raison d'être de notre diplomatie, cette exigence est viscérale et nous devons y répondre sans faiblir », a lancé le chef de l'État devant plus de 150 ambassadeurs français réunis à l'Élysée pour la traditionnelle rentrée diplomatique.

Fixant à ses diplomates « trois axes forts », la sécurité, l'indépendance et l'influence de la France, M. Macron a décliné, dans un long inventaire de l'état du monde, sa volonté d'une France « reprenant son rang parmi les nations » et « capable de se faire entendre ».

Depuis son arrivée au pouvoir en mai, ce président de 39 ans s'est fait remarquer sur la scène internationale par des coups d'éclat qui ont séduit ou irrité, mais c'est la première fois qu'il dessine les contours de sa doctrine étrangère générale.

 

Pas « d'angélisme »
« La lutte contre le terrorisme islamiste (est) la première priorité de notre politique étrangère. Oui, je parle bien d'un terrorisme islamiste et j'assume parfaitement l'emploi de cet adjectif », a déclaré le chef de l'État, affirmant que « l'angélisme n'est pas de mise à cet égard ». « Daech est notre ennemi », a martelé M. Macron, ajoutant que « le retour de la paix et la stabilité en Irak et en Syrie est une priorité vitale pour la France ».

M. Macron, qui avait choqué l'opposition syrienne en juin en disant qu'il ne voyait pas de successeur légitime au président Bachar el-Assad, a assuré que « la reconstitution d'un État de droit en Syrie devra s'accompagner de la justice pour les crimes commis, notamment par les dirigeants ».
« M. Macron est conscient des crimes de Bachar el-Assad et ne les nie pas », observe Christian Lequesne, professeur de sciences politiques à Sciences Po Paris et ancien directeur du Centre de recherches internationales (CERI) de 2009 à 2014, contacté par L'Orient-Le Jour. Pour le chercheur, cette déclaration ne marque cependant pas un retournement de position. « Il ne se ferme pas à des possibilités de négociations pour un processus de paix, contrairement à la position de Laurent Fabius sous François Hollande », ajoute-t-il.

Concernant les autres terrains où la France est engagée dans cette lutte, M. Macron a annoncé la nomination d'un envoyé spécial sur le développement et la sécurité pour le Sahel, et une réunion fin septembre sur la Libye en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

Sur le Moyen-Orient en général, le chef de l'État s'est refusé à « choisir son camp » entre les deux grands rivaux de la région, l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, et a réaffirmé l'attachement de la France à l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran, au moment où cet accord est menacé par la dégradation des relations entre Téhéran et les États-Unis de Donald Trump. Pour Christian Lequesne, cette position s'explique par l'importance que représentent les marchés en Arabie saoudite et en Iran, privilégiant ainsi une diplomatie économique. Mais il s'agit aussi d'une manière de se poser en possible « médiateur » dans la région pour l'avenir, rôle qui « est une façon d'exister en diplomatie », souligne le politologue.

 

(Lire aussi : La France voudrait un Liban-rempart contre le terrorisme et l'immigration clandestine)

 

 

Une « dictature » au Venezuela
S'il n'a que très brièvement abordé certaines régions comme l'Asie et l'Amérique latine, le président français n'a pas hésité à qualifier le régime du président vénézuélien Nicolas Maduro de « dictature », un mot qui n'a été que très rarement employé jusque-là, sauf par exemple par le président américain Donald Trump. « Une dictature tente de survivre au prix d'une détresse humanitaire sans précédent », a commenté M. Macron au sujet de la grave crise qui secoue le Venezuela depuis des mois et qui a déjà fait plus de 130 morts.

Le chef de l'État est en revanche longuement revenu sur l'Europe, « outil » de la puissance française, et a assuré que Paris ferait des propositions de réformes après les élections allemandes. Il a de nouveau plaidé pour une Europe « refondée » et « à plusieurs formats », tirée par une « avant-garde » des pays qui voudront « aller plus loin » dans la convergence de leurs économies et de leurs politiques. Le Brexit montre que « quand l'Europe n'est qu'un marché, elle est rejetée », a-t-il dit. « Cela doit nous obliger à être plus innovants : nous devons penser une Europe à plusieurs formats, aller plus loin avec tous ceux qui souhaitent avancer, sans être entravés par les États qui désirent, et c'est leur droit, avancer moins vite ou moins loin », a-t-il poursuivi.

Enfin, sur le climat, un sujet dont s'est emparé M. Macron pour s'affirmer face à Donald Trump, dont le pays est sorti en juin de l'Accord de Paris, il a confirmé une conférence internationale dans la capitale française le 12 décembre et annoncé qu'il œuvrerait à l'ONU pour « un pacte mondial » sur l'environnement, sans plus de détails.

Par ce discours, « Emmanuel Macron a cherché à envoyer l'image d'une diplomatie universelle et globale au vu de l'ensemble des thèmes évoqués et s'inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs », observe M. Lequesne.

 

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Les détails tant attendus de la politique étrangère française ont été exposés hier par le président Emmanuel Macron. Plaçant la lutte contre le terrorisme au cœur de la diplomatie française, il a assuré qu'il allait redonner à une France « indépendante » son rang dans le monde, dans son premier discours de politique étrangère devant les diplomates français. « La sécurité...

commentaires (2)

Une belle phrase et une intention symbolique à la sauce Hollande.

FAKHOURI

10 h 23, le 30 août 2017

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Commentaires (2)

  • Une belle phrase et une intention symbolique à la sauce Hollande.

    FAKHOURI

    10 h 23, le 30 août 2017

  • QUE FEREZ-VOUS DES TERRORISTES FRANCAIS QUI SONT ALLES COMBATTRE ET MASSACRER DES INNOCENTS DANS DES PAYS TIERS A LEUR RETOUR ? SI C,EST PAS D,ANGELISME, IL FAUT LES CONDAMNER SANS PITIE ! MONTREZ-NOUS CELA EN ACTES ET NON EN PAROLES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 06, le 30 août 2017

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