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Liban - Sécurité

La poudrière Aïn el-Héloué se rallume

La reprise des accrochages dans le camp palestinien a fait deux morts et une dizaine de blessés.

Le fils de Bilal Arkoub tué. Deux de ses frères ont été blessés dans les combats. Photo ANI

La plaie a recommencé à saigner. Après une lourde bataille qui avait eu lieu en avril dernier entre forces palestiniennes conjointes et groupes islamistes menés par Bilal Badr, les affrontements ont repris jeudi dernier entre ces mêmes parties, pour les mêmes causes : imposer un rapport de force sur un terrain fragile du fait de la densité de population dans ce camp, l'un des plus grands au Liban.
Le retour sur les lieux de Bilal Badr, un « terroriste » qui avait disparu de la scène après les affrontements d'avril dernier faute d'avoir pu être arrêté, est révélateur de cette dynamique infernale dans laquelle se sont enlisées les différentes forces palestiniennes face aux islamistes du camp.

La réapparition de Bilal Badr, qui s'est manifestée par la reprise sur le champ des affrontements dans le quartier de Tiri, « est un message clair de ce que ce dernier cherche à démontrer, à savoir qu'il est toujours capable de manœuvrer comme il l'entend dans les milieux des islamistes », commente l'agence al-Markaziya.
Soutenu par Bilal Arkoub, un autre trublion, Bilal Badr, a provoqué une rixe avec les forces de l'ordre conjointes, postées dans le quartier al-Safsaf, dans une tentative de mettre la main sur les armes se trouvant au siège des forces de l'ordre. Des armes de divers calibres ont été utilisées, dont des roquettes B7.
Selon des sources citées par al-Markaziya, les groupes islamistes se sont immédiatement déployés dans le quartier Tiri où réside Bilal Badr. Ce dernier a mobilisé ses hommes dans le quartier al-Safsaf et dans les quartiers environnants.

Les affrontements ont fait deux morts et plus de dix blessés. L'une des victimes est Oubaïda Arkoub, fils de Bilal Arkoub, un cousin de Badr, qui menait à ses côtés la bataille. Dix personnes parmi les forces conjointes ont été blessées. L'une d'entre elles, Abou Ali Talal, est décédée hier, après avoir succombé à ses blessures.
Les échanges de tirs s'étaient intensifiés dans la soirée de jeudi après un accrochage qui avait débuté plus tôt dans la journée. Dans l'après-midi, un membre des forces conjointes, du groupe Ansar Allah, avait été blessé dans la rue Fouqani par un membre d'un groupuscule palestinien dirigé par Bilal Arkoub. Les forces conjointes avaient alors répliqué et les affrontements s'étaient intensifiés. La bataille, à laquelle s'est rallié Mahmoud Issa, alias Lino, un responsable du Fateh, et ses hommes pour soutenir les forces conjointes, a duré plus de six heures.
Dans un scénario devenu récurrent, l'armée libanaise, qui ne peut intervenir à l'intérieur des camps conformément à l'accord du Caire de 1969, s'est mobilisée aux portes de Aïn el-Héloué.

Un calme précaire régnait hier en cours de journée, les contacts politiques s'étant intensifiés pour éviter, une fois de plus, un bain de sang. Le commandement politique des factions palestiniennes à Saïda a tenu hier une réunion pour parvenir à une solution. Les échanges ont révélé une divergence profonde sur les mesures à prendre. Alors que certains participants insistaient pour en finir avec le phénomène Badr et les groupes islamistes qui lui sont affiliés en recourant à l'option militaire, d'autres ont préféré décréter un cessez-le feu afin de mettre fin aux affrontements et les empêcher de s'étendre à d'autres quartier. C'est le même argument qui avait été avancé en avril dernier, lors d'une réunion similaire décidée à la suite d'affrontements entre les mêmes parties. Les personnes présentes s'étaient entendues sur la sortie définitive de Bilal Badr et ses partisans du quartier al-Tiri et sur le déploiement des forces de sécurité conjointes. Bilal Badr s'était éclipsé pendant trois mois, pour ressurgir de nouveau il y a quelques jours.

Les choses se sont compliquées jeudi lorsque qu'un comité issu de la réunion a tenté d'occuper le domicile de Bilal Arkoub, situé près du siège des forces de sécurité conjointes. Les membres du comité ont alors essuyé des tirs nourris qui se sont poursuivis jusqu'à minuit, dans la soirée de jeudi.
Hier, la tension est remontée d'un cran dans l'après-midi. Des coups de feu tirés par des snipers dans la rue Fouqani étaient entendus. Un membre de la force conjointe a été blessé.


(Pour mémoire : Les divisions internes ne risquent pas, pour l'instant, de perturber la sécurité du camp de Aïn el-Héloué)

 

Bahia Hariri intervient
La députée de Saïda, Bahia Hariri, a assuré hier le suivi de la situation dans le camp. Mme Hariri, qui se trouve à l'étranger, a contacté le responsable de la sécurité nationale palestinienne au Liban au sein du Fateh, Sobhi Abou Arab, le commandant de la Sécurité nationale palestinienne, Fathi Abou el-Ardate, le responsable du Sud au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Samir Chéhadé, et le responsable de la branche des renseignements à Saïda, Mamdouh Saab.
Dans un communiqué, la députée a affirmé qu'elle « condamne fermement l'attaque contre les membres des forces conjointes ». « Nous nous tenons aux côtés des habitants qui ont la volonté de rétablir la stabilité dans leur camp », a-t-elle affirmé.

La théorie du complot
Comme à chaque round de violence dans ce camp, la tentation de placer les événements dans un contexte plus large était de mise hier, certains analystes ayant effectué un lien de cause à effet entre les incidents de Aïn el-Héloué et les développements à la frontière libanaise où l'armée est aux prises avec les éléments de l'État islamique, retranché dans le jurd de Ras Baalbeck et de Qaa. Une thèse qu'un responsable militaire du Fateh, Mounir Maqdah, a formellement démentie dans un entretien à la LBCI, ne voyant aucun rapport entre les deux situations.

En avril dernier, un responsable palestinien avait également placé les affrontements de Aïn el-Héloué dans un contexte régional. « Il y a une décision politique interdisant de livrer Bilal Badr aux autorités libanaises, dans la mesure où cela porterait atteinte aux groupuscules islamistes qui le soutiennent », avait-il affirmé. Selon lui, « le régime syrien a pu s'infiltrer dans les rangs de ces groupuscules pour prouver qu'il est toujours capable de jouer la carte des réfugiés palestiniens au Liban et en Syrie ». « Il ne faut pas dissocier les incidents de Aïn el-Héloué des développements de la crise syrienne », avait alors estimé ce responsable.
Bref, autant de thèses qui s'inscrivent dans la logique de la théorie du complot et qui restent toutefois difficiles à démontrer.

 

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