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À La Une - Témoignages

Violences, angoisse et toujours plus d'obstacles pour les migrants en Libye

"Si tu ne paies pas, ils te torturent, ils te frappent. Une fois que tu as payé, tu dois attendre longtemps et si tu as de la chance, ils te poussent sur la mer. Ensuite quelqu'un vient te sauver ou non, ça dépend de ta chance".

Un adulte et un enfant migrants sont pris en charge en mer Méditerranée par l'ONG espagnole Proactiva Open Arms, le 17 août 2017. Photo REUTERS/Yannis Behrakis

Le périple dans le désert via le Tchad ou l'Egypte, l'angoisse et les violences en Libye... Des migrants secourus cette semaine en Méditerranée ont raconté les obstacles toujours plus nombreux qui se dressent sur leur route.

Jouma et Abdulhameed ont fui la guerre civile et la crise humanitaire qui ravagent le Soudan du Sud, Saeed et Ghanim les violences policières et la misère au Soudan.
Pharmacien de 28 ans, Saeed raconte avoir décidé de partir il y a un an, lorsque sa fille est née alors qu'il était soumis à des mauvais traitements en prison, pour la troisième fois, en raison de ses activités syndicales.
Mais il a dit à sa femme qu'il partait en Egypte. "La Libye est un endroit dangereux, je ne voulais pas l'inquiéter", explique-t-il.
En réalité, lui et un ami se sont rendus en Libye via le Darfour (dans l'ouest du Soudan), une voie directe de plus en plus surveillée, à la demande de l'Europe.

 

(Pour mémoire : Secours aux migrants : la Libye interdit "tout navire étranger" près de ses côtes)


"C'est difficile de traverser. Il y a les Janjaweed (milices arabe recrutées par Khartoum auteurs de terribles violences au Darfour) et le gouvernement du Soudan ne vous laisse pas passer", précise de son côté Abdoulhameed, 27 ans.
Lui et Ghanim, 20 ans, ont dû faire un détour de plusieurs semaines par le Tchad, tandis que Jouma, 39 ans, est passé par l'Egypte.
A chaque étape, il faut payer une nouvelle milice, au risque d'être emmené plusieurs mois comme esclave dans le désert. "J'ai vu beaucoup de gens se faire tuer", soupire Jouma.

Dans la région de Benghazi (dans le nord-est de la Libye), Saeed a aussi croisé des intégristes que le chauffeur lui a dit être de l'organisation Etat islamique (EI): "Ils nous ont demandé de lire quelques versets du coran et ils nous ont laissés partir".

L'un après l'autre, les quatre hommes ont pris contact avec un réseau de passeurs qui leur a réclamé 1.200 à 2.000 dinars libyens pour "traverser la rivière", soit moins de 300 dollars au marché noir, un prix divisé par 3 ou 4 par rapport à il y a quelques années, en raison de la chute du cours du dinar et du recours toujours plus fréquent à des canots pneumatiques bon marché.

 

(Lire aussi : Baisse des arrivées de migrants en Italie: un faisceau de facteurs)

 

"La situation est instable"
Les passeurs disposaient de véhicules militaires lourdement armés et les ont enfermés avec 300 à 400 autres candidats au départ. "Quelque chose comme une prison, des conditions inhumaines", raconte Saeed, qui y a passé trois semaines.
"Si tu ne paies pas, ils te torturent, ils te frappent. Une fois que tu as payé, tu dois attendre longtemps et si tu as de la chance, ils te poussent sur la mer. Ensuite quelqu'un vient te sauver ou non, ça dépend de ta chance", résume Abdoulhameed.
"Ils nous disaient: le voyage est bientôt, mais maintenant la situation est instable. Il y a des navires de guerre italiens, si tu bouges ils te renvoient", précise Ghanim.

Depuis début août, des navires militaire italiens patrouillent en effet dans les eaux libyennes pour aider à intercepter les migrants.
Mais dans la nuit de lundi à mardi, les passeurs sont venus chercher ces derniers pour les conduire sur la plage. Au grand désespoir de Saeed, l'ami avec lequel il voyageait depuis le début a dû rester derrière.

Pour diriger les opérations, un "général" en uniforme les guide. "La plage lui appartenait. Il nous a dit qu'il était le patron là-bas, que personne ne pouvait rien nous demander", raconte Ghanim.
Le canot surchargé s'est alors enfoncé dans la nuit. Au petit matin, ses occupants ont appelé à l'aide grâce à un téléphone satellitaire fourni par les passeurs. C'est le Phoenix de l'ONG maltaise de sauvetage qui est intervenu.

Au total, ils étaient 112 personnes à bord, dont cinq femmes, sept jeunes enfants et 11 adolescents. Venus des deux Soudan, mais aussi du Bangladesh, d'Egypte, du Maroc et pour une poignée d'Afrique de l'Ouest.
Transférés à la demande des gardes-côtes italiens sur l'Aquarius, navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, ils sont arrivés mercredi en Sicile, sans avoir une idée claire de la suite.

Gagner l'Angleterre, trouver un travail ? En attendant, ils comptent reprendre des forces en Italie. "J'espère que le camp (de réfugiés) sera correct. Au moins il paraît que ce n'est pas une prison", souffle Saeed.

 

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La Lybie est devenue ce Portail qui ouvre le continent Afrique sur la citadelle Europe C'est désormais le point de ralliement de tout ceux qui veulent rejoindre un eldorado désormais saturé de velléité d'ouvertures culturelles Lampedusa qui lui fait face, est devenue malgré elle ce qu' Ellis Island à été au début du 20eme siècle au nouveaux monde . Emmanuel Macron à reçu lui les deux maitres du pays par delà leur rivalité se joue un antagonisme lointain A l'ouest Fayez el-Sarraj l'actuel président s'est doté d'un gouvernement qui jusqu'a présent n'a pas obtenu le vote de confiance du parlement, et s'est rapproché de Tamim l'émir du Qatar . Aussi il ne fait plus mystère de ses nouveaux alliées frères musulmans , et autres fondamentalistes affiliés A l' est Le Maréchal Khalifa Haftar a pour Mentor et soutien le très éclairé président Sissi ,allié des Saoud , avec qui il partage la devise:" le seul rapport possible avec les terroristes est de les passer par les armes ". Des quelques aperçus visuels de cette rencontre avec le président Macron on constate qu'ils s'observent mais ne se regardent pas . Il aura fallu ses yeux pour que leurs regards se croisent Son empathie unique a pu générer cette alchimie qui un instant leur a permit de dépasser leur ambition personnelle pour un enjeux supérieur... Mais seul Hafatr saura refonder un état souverain sur les ruines de cette révolution confisquée par une dynastie lointaine qui souhaite exporter sa doctrine

ANDRE HALLAK

01 h 22, le 19 août 2017

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  • La Lybie est devenue ce Portail qui ouvre le continent Afrique sur la citadelle Europe C'est désormais le point de ralliement de tout ceux qui veulent rejoindre un eldorado désormais saturé de velléité d'ouvertures culturelles Lampedusa qui lui fait face, est devenue malgré elle ce qu' Ellis Island à été au début du 20eme siècle au nouveaux monde . Emmanuel Macron à reçu lui les deux maitres du pays par delà leur rivalité se joue un antagonisme lointain A l'ouest Fayez el-Sarraj l'actuel président s'est doté d'un gouvernement qui jusqu'a présent n'a pas obtenu le vote de confiance du parlement, et s'est rapproché de Tamim l'émir du Qatar . Aussi il ne fait plus mystère de ses nouveaux alliées frères musulmans , et autres fondamentalistes affiliés A l' est Le Maréchal Khalifa Haftar a pour Mentor et soutien le très éclairé président Sissi ,allié des Saoud , avec qui il partage la devise:" le seul rapport possible avec les terroristes est de les passer par les armes ". Des quelques aperçus visuels de cette rencontre avec le président Macron on constate qu'ils s'observent mais ne se regardent pas . Il aura fallu ses yeux pour que leurs regards se croisent Son empathie unique a pu générer cette alchimie qui un instant leur a permit de dépasser leur ambition personnelle pour un enjeux supérieur... Mais seul Hafatr saura refonder un état souverain sur les ruines de cette révolution confisquée par une dynastie lointaine qui souhaite exporter sa doctrine

    ANDRE HALLAK

    01 h 22, le 19 août 2017

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