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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Amman fait un pas de plus en faveur du droit des femmes

Le Parlement jordanien a abrogé l'article de loi 308 qui permettait à un violeur d'éviter la prison en épousant sa victime.

Une manifestante jordanienne lors d'une marche en faveur de l'abrogation de l'article de loi 308

Après la Tunisie et le Maroc, c'est au tour de la Jordanie de faire un pas de plus en faveur du droit des femmes. Le Parlement du royaume hachémite a voté au début du mois d'août l'abolition de l'article de loi 308 qui autorisait un violeur à épouser sa victime afin d'éviter une peine de prison. Cette révocation, qui s'inscrit dans le cadre de l'amendement du code pénal 2017, était réclamée depuis longtemps par les associations de défense des droits de l'homme, qui s'étaient indignées d'une mesure jugée rétrograde et allant à l'encontre du droit des Jordaniennes.

En abrogeant cette loi, le Parlement jordanien a consacré le travail de nombreuses ONG et organisations de la société civile qui ont pendant plusieurs années lutté de manière acharnée pour obtenir ce retrait. « C'est une victoire pour toutes les victimes de viol, qui récompense des années d'efforts colossaux », résume Eva Abou Halaweh, célèbre avocate à la tête du groupe Mizan qui milite pour le droit des femmes. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a quant à elle évoqué « un pas en avant impressionnant ». La décision du Parlement clôt une longue série de polémiques. En juillet 2012, une fille de 14 ans avait été enlevée, conduite dans le désert puis violée trois jours de suite. L'affaire avait fait grand bruit, lorsque, quelques jours plus tard, le coupable arrêté par la police avait décidé d'épouser sa victime pour éviter la prison. Loin d'être un cas isolé, elle faisait écho à une multitude d'autres affaires du même genre : rien qu'en 2016, 160 viols avaient été recensés dans le royaume, selon des chiffres officiels.

Pour Lélia Rousselet, chercheuse auprès d'un think tank et auteure d'une étude sur les relations entre femmes et politique en Jordanie, l'annulation de l'article 308 s'inscrit ainsi dans une dynamique positive : « La politisation des actions des associations et des militants permet aux débats d'accéder à la scène publique et donc à une plus grande visibilité. » Si, selon elle, il reste beaucoup de progrès à faire, « les conditions sont réunies pour que le droit des femmes évolue, à savoir la volonté politique, la politisation et la représentativité ». Toutefois, comme le précise l'ONG Amnesty International, « le chemin qui reste à parcourir est encore long ».

En Jordanie, la notion « d'honneur » demeure une pierre angulaire de la société. Un sondage réalisé en 2015 révélait ainsi que la moitié de la population jordanienne était favorable à l'article de loi 308. Celui-ci était vu comme un moyen efficace de protéger les femmes et leur honneur. Chaque année, des femmes sont tuées après des relations sexuelles avant ou hors mariage par des proches qui veulent laver la « honte » jetée sur leur famille.

 

(Pour mémoire : Les droits des femmes bafoués à travers le monde, déplore l'Onu)

 

« Idéologies rétrogrades »
Ces atteintes aux droits des femmes tranchent pourtant avec l'image moderne et émancipée de la femme jordanienne que n'a de cesse de renvoyer la reine Rania. L'épouse du roi Abdallah II a appuyé la création de nombreuses fondations de soutien aux droits des femmes et milite activement en faveur de l'éducation des petites filles du royaume. Celle qui s'affiche volontiers les cheveux tombant sur les épaules avait affirmé en février 2016, lors du Forum mondial des femmes à Dubaï, sa volonté de « lutter activement contre les courants qui tentent de nous rejeter des siècles en arrière ». Elle avait également formulé le vœu de voir les femmes arabes libérées « d'idéologies rétrogrades ». D'autres figures féminines de la famille royale, comme la princesse Basma ou la reine Noor, surtout, l'épouse américaine du roi Hussein, le père d'Abdallah II, ont également beaucoup œuvré pour améliorer les conditions de vie des Jordaniennes. Des succès notoires ont été enregistrés, puisque le taux d'alphabétisation des femmes s'élève aujourd'hui par exemple à 99 % et que leur degré de scolarisation à tous les niveaux du système éducatif a nettement progressé. Les quotas, mis en place en 2003 au Parlement et étendus en 2007 aux conseils municipaux, ont quant à eux permis une timide progression des femmes au sein de la sphère politique. Depuis le début des années 2000, entre deux et cinq femmes sont nommées ministres à chaque nouveau gouvernement.

L'équipe au pouvoir, emmenée par le Premier ministre Hani Mulqi, compte aujourd'hui 29 ministres, dont deux femmes. Le chemin vers l'égalité reste néanmoins encore long. À la différence des hommes, les Jordaniennes mariées à des étrangers ne peuvent pas, à titre d'exemple, transmettre leur nationalité à leurs enfants ou leurs conjoints.

 

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commentaires (1)

MILLE FOIS BRAVO ! C seulement avec des decisions/lois pareilles que nous autres arabes arriveront a avancer . C a ces conditions que nous arriveront petit a petit a nous debarrasser de tous ceux freinent notre evolution SANS pour autant toucher a l'esprit de nos religions. PS.je suis aussi fier de ces qqs pays arabes qui ont decide d'evoluer que j'ai honte de chez nous au Liban qui ne le faisons pas encore. A MOINS QUE JE NE ME TROMPE et que cette meme loi ne soit en vigueur ? "

Gaby SIOUFI

11 h 43, le 15 août 2017

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Commentaires (1)

  • MILLE FOIS BRAVO ! C seulement avec des decisions/lois pareilles que nous autres arabes arriveront a avancer . C a ces conditions que nous arriveront petit a petit a nous debarrasser de tous ceux freinent notre evolution SANS pour autant toucher a l'esprit de nos religions. PS.je suis aussi fier de ces qqs pays arabes qui ont decide d'evoluer que j'ai honte de chez nous au Liban qui ne le faisons pas encore. A MOINS QUE JE NE ME TROMPE et que cette meme loi ne soit en vigueur ? "

    Gaby SIOUFI

    11 h 43, le 15 août 2017

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