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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Abdallah à la rescousse de Abbas à Ramallah

Cela faisait cinq ans que le roi Abdallah II de Jordanie n'avait pas posé les pieds à Ramallah. Toujours aussi impliqué dans le processus de paix israélo-palestinien, le souverain hachémite prend le soin de rencontrer régulièrement le président palestinien Mahmoud Abbas, mais préfère à l'accoutumée le faire à Amman ou dans une capitale étrangère. Bien que 70 km seulement séparent Amman de Ramallah, la visite du roi Abdallah II hier en Cisjordanie occupée est donc, en soi, un événement, motivé par les tensions provoquées par la crise de l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem, et par l'incapacité des grandes puissances, États-Unis en tête, à relancer le processus de paix.

Gardienne de l'esplanade des Mosquées, qui se situe à Jérusalem-Est, symbole national et religieux intangible pour les Palestiniens, la Jordanie était en première ligne dans les récents accès de fièvre autour de ce lieu ultrasensible, avec des affrontements quasiment quotidiens entre fidèles musulmans palestiniens et forces israéliennes qui en contrôlent l'accès. Le fait que la visite de Abdallah intervienne moins de deux semaines après les derniers heurts n'a rien d'anodin : le souverain jordanien veut réaffirmer son autorité sur les lieux saints et jouer son rôle traditionnel de médiateur entre les deux parties. D'autant que les tensions ont été accentuées entre la Jordanie et Israël par un incident meurtrier survenu le 23 juillet dans l'enceinte de l'ambassade d'Israël à Amman, où un agent de sécurité israélien a tué deux Jordaniens. Les promesses israéliennes de faire la lumière sur les événements de l'ambassade, consécutifs à une agression selon les autorités israéliennes, n'ont pas dissipé le ressentiment jordanien, exacerbé par l'accueil chaleureux fait par le Premier ministre Benjamin Netanyahu au tireur à son retour en Israël.

 

(Lire aussi : L’esplanade des Mosquées au cœur de l’histoire)

 

Si le gouvernement Netanyahu est revenu sur sa décision d'installer de nouveaux dispositifs de sécurité à l'entrée de l'esplanade, ce qui a permis d'apaiser la colère des Palestiniens, il n'en reste pas moins que ce dernier semble être allé trop loin aux yeux de Amman, qui souhaite garder le contrôle de la situation.
« Sans la garde exercée par le royaume hachémite et sans la ténacité des habitants de Jérusalem, on aurait perdu les lieux saints il y a bien longtemps », a dit Abdallah II avant sa visite, selon l'agence officielle jordanienne Petra. « Notre réussite réclame une position unie de notre part avec nos frères palestiniens », a souligné le roi. Le message est clair : malgré leurs divergences, Abdallah II et Mahmoud Abbas veulent faire front commun pour stopper les dérives israéliennes à Jérusalem-Est. « Nous avons discuté de toutes les questions d'intérêts mutuels et nous sommes convenus de former une commission de crise qui poursuivra les contacts pour évaluer ce qui s'est passé, les leçons qui doivent être tirées et les défis que nous pourrions affronter à la mosquée al-Aqsa », a dit le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki, à la presse après son entretien avec le roi jordanien.

 

(Lire aussi : Les autorités israéliennes sous pression après les violences meurtrières à Jérusalem)

 

Isolement
Accueilli par le dirigeant palestinien à sa descente d'hélicoptère, le roi Abdallah souhaite également profiter de sa visite pour rappeler que la relance du processus de paix est une priorité pour Amman. Les deux dirigeants ont jugé hier qu'Israël devait « reconnaître le principe d'une solution à deux États et mettre fin aux activités provocatrices de colonisation destinées à empêcher la création d'un État palestinien viable et contigu », selon Riyad al-Maliki. Cette fois-ci, le message est clairement adressé à Washington, accusé de rester inactif face à la politique de colonisation des territoires palestiniens menée par le gouvernement Netanyahu. « Le processus de paix n'avancera pas sans engagement américain à soutenir une solution à la question palestinienne », a dit le souverain hachémite avant sa visite, selon Petra.

Si l'autorité palestinienne s'est dans un premier temps montrée conciliante face à l'approche non conventionnelle de l'administration Trump, qui n'a pas réaffirmé que la solution passait par la création d'un État palestinien, elle semble aujourd'hui perdre confiance en la volonté de Washington de trouver une issue positive au plus vieux conflit du Proche-Orient.

Conseiller spécial de M. Trump sur la question, son gendre, Jared Kushner, vient d'affirmer dans un enregistrement publié la semaine dernière par la presse américaine qu'il n'y avait « peut-être pas de solution » au conflit. Pour certains dirigeants palestiniens, M. Kushner, chargé de superviser l'action américaine sur le sujet, s'est ainsi « disqualifié ».

La relance du processus de paix est d'autant plus incertaine que Mahmoud Abbas, à 82 ans, apparaît faible et isolé tant sur la scène intérieure qu'extérieure. « Le message de cette visite, c'est aussi que le roi veut contribuer aux efforts pour sortir le président Abbas de son isolement », analyse pour l'AFP Samir Awad, professeur palestinien de sciences politiques. M. Abbas ne peut en effet plus sortir de Cisjordanie depuis qu'il a suspendu la stratégie de coopération sécuritaire avec Israël pendant la crise de l'esplanade. Pour Abdallah, il était donc impératif de venir le voir....

 

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commentaires (1)

Tout ceci n'est que gesticulation a but de propagande locale. En fait tant Abdallah que Abbas savent bien que sans coordination securitaire avec Israel, leurs regimes seraient balayes....

IMB a SPO

14 h 03, le 08 août 2017

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Commentaires (1)

  • Tout ceci n'est que gesticulation a but de propagande locale. En fait tant Abdallah que Abbas savent bien que sans coordination securitaire avec Israel, leurs regimes seraient balayes....

    IMB a SPO

    14 h 03, le 08 août 2017

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