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Moyen Orient et Monde - Interview express

« Le choix des navires de guerre n’est pas anodin » pour Doha

Hasni Abidi commente l'annonce de la commande qatarie de sept navires de guerre à l'Italie et ses conséquences.

Le chef de la diplomatie qatari, cheikh Mohammad Abderrahmane al-Thani, lors d’une conférence de presse avec son homologue italien, Angelino Alfano, hier à Doha. Stringer/AFP

C'est dans un climat déjà tendu depuis maintenant presque deux mois que la nouvelle est tombée. Le Qatar a annoncé hier la commande de sept navires de guerre à l'Italie pour un montant de 5 milliards d'euros. Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, basé à Genève (Cermam), répond aux questions de L'Orient-Le Jour.

Pourquoi l'annonce de cette commande a-t-elle lieu maintenant ?
Il s'agit d'une officialisation d'une commande datant de 2016 après une âpre discussion et une compétition entre le constructeur italien et son rival français. Réflexion faite, le choix de Doha a porté sur le groupe italien Fincantieri plutôt que DCNS français. Les dernières difficultés des chantiers navals de Saint-Nazaire et leur reprise par Fincantieri ont conforté les Qataris dans leur choix. D'autant plus que des opérateurs français contribuent dans les équipements militaires des navires en commande. Les Qataris ont opté pour une médiatisation d'une affaire militaire et commerciale pour signifier que leur économie se porte bien et que leur capacité à honorer leur engagement sur le marché mondial est intacte. Doha, sous le choc du blocus et de l'ambiguïté de la position américaine qui pourtant dispose d'une base militaire importante sur place, a décidé de diversifier ses partenaires militaires et de moderniser sa flotte. Le choix des navires n'est pas anodin. Les frontières maritimes du pays sont perçues comme un point faible dans sa défense territoriale.

Quelles sont les conséquences d'une telle annonce pour le Qatar à l'égard de l'Arabie saoudite et de ses alliés dans le contexte de la crise du Golfe ?
Le Qatar veut marquer sa différence en optant pour une construction de sa propre défense. Il souligne ainsi sa réserve à l'égard du système du « Bouclier du Golfe » censé protéger les monarchies du Golfe et membres du Conseil de coopération du Golfe. La diversification de partenaires économiques est aussi un signal fort pour un pays qui insiste sur sa souveraineté et sa détermination à s'affranchir de la tutelle saoudienne. Enfin, le Qatar qui utilise la voie maritime pour son produit phare, le gaz naturel liquéfié, veut sécuriser ses exportations et rassurer ses clients.

Dans quelle mesure le Qatar cherche-t-il à se rapprocher des pays de l'Union européenne ? Comment expliquer le choix de se tourner vers l'Italie ?
C'est déjà fait depuis longtemps. À l'instar des autres monarchies, le Qatar est conscient que ses amis de l'Union européenne ont besoin d'entretenir leur amitié en augmentant leur volume d'échanges. L'Italie est un partenaire de choix avec lequel Doha entretient d'excellentes relations. Plus de 40 sociétés italiennes sont actives au Qatar avec un volume d'échanges qui dépasse 5 milliards de dollars. Nous ignorons les mesures d'accompagnement promises par Rome pour convaincre Doha, mais il est à noter que les deux pays observent une convergence dans plusieurs dossiers internationaux.

Quel impact cette commande peut-elle avoir sur les relations entre les membres de l'UE et les pays du Golfe participant au blocus contre le Qatar ?
Lors de la dernière visite du ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, la question des sanctions à l'encontre des opérateurs européens aurait été évoquée pour éviter la « double peine ». Avec cet accord, il est désormais difficile de sanctionner une société ayant le Qatar pour partenaire, ce qui va constituer un précédent fâcheux et contraire aux règles du commerce international. En multipliant ses échanges économiques avec des États européens, le Qatar consolide ses rapports avec l'étranger et s'assure d'une sympathie internationale et d'une solidarité de circonstance dans un conflit qui n'est pas près de s'essouffler. Pour les Occidentaux, tant que les affaires continuent, la recherche d'une issue n'est pas une obsession.

 

 

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C'est dans un climat déjà tendu depuis maintenant presque deux mois que la nouvelle est tombée. Le Qatar a annoncé hier la commande de sept navires de guerre à l'Italie pour un montant de 5 milliards d'euros. Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, basé à Genève (Cermam), répond aux questions de L'Orient-Le Jour.
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commentaires (3)

En ajoutant que le qatar n'a pas non plus envie de se trouver dans la situation de la Russie avec la décision de hollandouille d'annuler une commande payée rubis sur ongle . En plus le qatar faisant fi des sanctions ( comme quoi on se demande à quoi ça peut servir de sanctionner ) vient de débaucher Naymar le footballeur pour la somme record de 222 millions d'euros . Ca servira au qatar de marquer encore plus de but contre ...... les bensaouds ....hahahahaha......

FRIK-A-FRAK

12 h 51, le 03 août 2017

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Commentaires (3)

  • En ajoutant que le qatar n'a pas non plus envie de se trouver dans la situation de la Russie avec la décision de hollandouille d'annuler une commande payée rubis sur ongle . En plus le qatar faisant fi des sanctions ( comme quoi on se demande à quoi ça peut servir de sanctionner ) vient de débaucher Naymar le footballeur pour la somme record de 222 millions d'euros . Ca servira au qatar de marquer encore plus de but contre ...... les bensaouds ....hahahahaha......

    FRIK-A-FRAK

    12 h 51, le 03 août 2017

  • bien entendu, le qatar s'arme a coups de milliards se prepare a, sinon attaquer l'arabie, du moins a resister a son attaque ... aide en cela par les diverses organisations sponsorisees par lui. quant aux fournisseurs d'armes, ils ont le beau role... non je voulais dire ils rient sous cape.... encore des mannes d'origines arabes. BRAVO , comme ca l'iran n'a que bien se tenir.

    Gaby SIOUFI

    11 h 03, le 03 août 2017

  • bonne explication sur le besoin, mais merdique sur l'aspect politique

    yves kerlidou

    08 h 30, le 03 août 2017

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