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Liban - Gouvernement

Le Conseil des ministres face aux dossiers épineux demain à Baabda

« Le pouvoir politique a fait faillite », estime Samy Gemayel.

Plusieurs dossiers épineux seront au menu du Conseil des ministres jeudi. Photo d’archives

Le Conseil des ministres doit se tenir demain jeudi au palais de Baabda sous la présidence du chef de l'État, Michel Aoun. La séance s'annonce importante.

À l'heure où l'ordre du jour de la réunion ne comporte que des points qualifiés d'ordinaires, ce sont surtout les dossiers épineux ayant marqué l'actualité récente qui s'inviteront de facto à la table du Conseil des ministres. Il s'agit, bien entendu, des derniers développements survenus dans le jurd de Ersal, ainsi que de la visite du Premier ministre, Saad Hariri, à Washington, au moment où le Congrès américain s'apprêtait à infliger au Hezbollah de nouvelles sanctions. Il s'agit, aussi, du plan de production de l'électricité élaboré par le ministre de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil, et rejeté par la Direction des adjudications (DDA) pour invalidité.

À ce dernier sujet, des sources proches du dossier expliquent à L'Orient-Le Jour que la DDA n'a pas « torpillé » le plan Abi Khalil, mais simplement relevé des vices de forme et de fond, à même de remettre en question la procédure dans son ensemble. Selon ces sources, la DDA a accompli la mission dont l'a chargé le gouvernement. Durant l'examen des appels d'offres, la DDA a constaté que le cahier des charges a été modifié durant l'évaluation des offres. Il s'agit là d'une grave infraction aux critères des appels d'offres, pour ne citer que cet exemple.

Pour ce qui est des choix que pourrait faire le Conseil des ministres, on estime, dans les mêmes milieux, que le cabinet pourrait chercher à sauver la face et conclure un contrat de gré à gré avec la société turque Karadeniz à qui l'État loue des navires-centrales depuis 2013. En principe, le gouvernement devrait néanmoins reprendre les appels d'offres de manière à respecter les règles et les normes en vigueur.
En attendant la décision gouvernementale sur ce plan, les forces politiques présentes au sein du cabinet campent sur leurs positions à ce sujet. Ainsi, les Forces libanaises qui ont opposé – à l'instar du Parti socialiste progressiste – un veto catégorique au plan en Conseil des ministres, continuent à plaider pour un vote en Conseil des ministres pour trancher la question. D'autant que « le rapport final de la DDA a changé catégoriquement la donne », comme le souligne à L'OLJ un cadre FL.

De son côté, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, voit très mal le cabinet opter pour les contrats de gré à gré. « Dans ce cas, le gouvernement commettrait un crime à l'encontre du pays et ôterait la feuille de vigne », déclare M. Gemayel à L'OLJ, avant de poursuivre : « Une telle mesure ne passera pas, d'autant que le plan de production de l'électricité est clairement taillé à la mesure d'une société bien déterminée, et c'est ce que nous dénonçons depuis le début. »

 

(Lire aussi : Les entretiens Trump-Hariri et Ersal, dossiers « chauds » de la réunion)

 

Jurd de Ersal
Pour ce qui est de la bataille du jurd de Ersal, elle sera aussi évoquée en dehors de l'ordre du jour, selon des sources ministérielles. Si certains s'attendent à ce que le cabinet prenne une position officielle concernant cette question, plusieurs composantes gouvernementales, dont notamment les FL, dénonceront la décision prise discrétionnairement par le Hezbollah de s'engager dans cette bataille « pour protéger le Liban », selon ses cadres, alors que cela relève des devoirs de l'État et figure à la tête de ses missions.
Mais du côté de l'opposition on va encore plus loin. Jusqu'à accuser le gouvernement de manquement à ses responsabilités. « Nous sommes devant un pouvoir qui a fait faillite », s'alarme Samy Gemayel, qui se dit « étonné de constater que l'État est complètement absent sur ce plan, à l'heure où sont conclus des marchés douteux portant sur des terroristes qui ont tué des soldats de l'armée libanaise, sans la moindre décision judiciaire, et en l'absence du pouvoir politique ». Une allusion aux négociations engagées actuellement entre le groupuscule Fateh el-Cham et le Hezbollah en vue de libérer des combattants du parti chiite capturés par les jihadistes syriens, en contrepartie de l'évacuation de terroristes vers Idleb, dans le nord de la Syrie.

Faisant savoir qu'il a adressé au gouvernement une question, via le bureau de la Chambre, à ce sujet, M. Gemayel déclare : « Le mutisme de l'État est intolérable. Il est de notre droit, en tant que citoyens libanais, qu'une instance officielle prenne la peine de nous expliquer ce qui se passe dans les zones frontalières. » « Un autre pouvoir prend les décisions importantes à la place du gouvernement », ajoute-t-il dans une allusion à peine voilée au parti chiite.

Notons enfin que le gouvernement nommera un nouveau mohafez de la Békaa, ainsi qu'un président du Conseil d'État, qui succédera à Chucri Sader. Le nom du président de la cour criminelle du Mont-Liban, Henri Khoury, circule déjà dans certains milieux politiques.

 

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