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Agenda - Hommage à Loutfallah Melki

Les géants ne meurent pas

Ô mort vous avez gagné en nous volant le corps de Loutfallah Melki ! Mais Loutfallah Melki n'est pas mort. Il ne peut pas mourir, nous quitter, nous tourner le dos et oublier tous ceux qui l'ont connu, aimé et accompagné durant un siècle de vie.
Cent ans, oui cent ans, comme c'est long et comme c'est court. C'est court, car le temps passe vite et très vite aux côtés de ceux qu'on aime, qu'on respecte et qu'on admire.
Personnellement, je l'ai connu à l'Hôtel-Dieu. Mes souvenirs de cette période sont très vivants et comment oublier cet enseignant calme, élégant, gentil, patient qui n'hésitait pas à se mettre au niveau de ses élèves. Il était toujours en bons termes avec tout le monde. Il payait toujours de sa personne pour ne pas gêner les autres. Discret, réservé, mais efficace et présent.
« Ô mort où est ta victoire ? »
La vie de Loutfallah a été un champ où il a semé amour, sacrifices et don de soi. Après les graines qu'il semait, la moisson était toujours abondante et d'excellente qualité. Quand je vois 100 ans si soigneusement ménagés, des années si pleines de bonnes œuvres, rien ne peut m'empêcher de dire : « Ô mort où est ta victoire ? » Il était seigneur avant même que d'être seigneur.
Ô mort tu ne me feras aucun mal! Tu ne m'ôteras rien de ce qui m'est cher, tu ne me sépareras pas de ce corps qui est mort, car son âme restera vivante en moi jusqu'à la fin de mes jours. Les fausses gloires ne le tentaient pas. Tout tendait en lui au vrai et au grand. De là vient qu'il mettait sa gloire au service de sa famille, de sa communauté et de son hôpital, là était le fond de son cœur.
Pour aborder en détail les titres et travaux de Loutfallah Melki, il me faut plusieurs pages. Il a huit titres universitaires et hospitaliers ; quinze titres dans les sociétés scientifiques; neuf titres d'activités sociales et douze distinctions honorifiques.
Il m'avait pour ainsi dire adopté et m'accordait toute sa confiance sans restriction.
Cet homme n'a pas fait fortune de sa médecine. Il estimait, à l'instar du pape François, que l'exercice de son art est essentiellement adressé aux nécessiteux, aux pauvres et aux démunis. Un siècle de médecine, dont le tiers passé à ses côtés. Il m'a appris non seulement la médecine, mais l'art de l'exercer auprès des malades.
Loutfallah Melki n'était pas un homme ordinaire. J'ai perdu un ami, un frère, un père spirituel. J'ai perdu un cœur, un grand cœur. J'ai perdu une colonne de Baalbeck, un vieux cèdre bien ancré dans la terre qu'une forte tempête a fini par pouvoir briser sans le déraciner. Un homme toujours présent avec ces devises :
« J'étais malade, vous m'avez soigné »
« J'avais soif, vous m'avez donné à boire »
« J'avais faim, vous m'avez donné à manger »
« J'avais froid, vous m'avez hébergé »
« J'étais endeuillé, vous m'avez consolé »
« J'étais en prison, vous m'avez visité »
Loutfallah Melki a toujours été « un aigle royal » qui regardait d'en haut ce monde.
Hier, cet aigle, sans préavis, a été abattu par un braconnier, alors que la saison de chasse n'était pas encore ouverte. Il est tombé, sans cri, ses deux ailes toujours ouvertes et a atterri sans bruit, en douceur, sur un terrain couvert de « feuilles mortes qui se ramassent à la pelle ».
Loutfallah Melki était un géant dans tous les domaines qu'il a abordés, et les géants ne meurent pas. Il restera vivant dans nos cerveaux et dans nos cœurs !

 

Ô mort vous avez gagné en nous volant le corps de Loutfallah Melki ! Mais Loutfallah Melki n'est pas mort. Il ne peut pas mourir, nous quitter, nous tourner le dos et oublier tous ceux qui l'ont connu, aimé et accompagné durant un siècle de vie.Cent ans, oui cent ans, comme c'est long et comme c'est court. C'est court, car le temps passe vite et très vite aux côtés de ceux...